Le 18 juin 2005, le Collectif pour la loi Littoral a visité les aménagements réalisés par le Conservatoire du littoral sur le site de La Testa Ventilegna, commune de Figari.
En préambule, le Collectif rappelle, mais aucun Corse n’a pu l’oublier, que La Testa n’a pas été sauvée par le Conservatoire mais par des mouvements politiques et des associations qui se sont battus avec opiniâtreté pour que ce littoral exceptionnel ne soit pas privatisé et bétonné.
Selon le rapport de la DATAR, paru en 2004, "La France a développé une politique originale et ambitieuse, qui conjugue, tout à la fois la recherche d’une gestion de la fréquentation sans interdiction, la volonté de préserver la liberté des pratiques et le maintien du caractère naturel des sites en privilégiant les aménagements légers et un libre accès. "
Les aménagements réalisés par le Conservatoire du Littoral sur les terrains qui lui appartiennent sur la Testa Ventilegna consistent en des parkings au nord, en pose de clôtures et de portiques empêchant les voitures ou les campings cars de circuler et de stationner sur les plages du nord du site, le tout accompagné d’un sentier du littoral. Les dunes et les zones humides mises à mal par le stationnement des véhicules et le piétinement sont protégées. Ces réalisations sont des aménagements appréciés qui répondent à une bonne gestion de la fréquentation sans interdiction.
Ces aménagements préservent-ils la liberté des pratiques ? Le Collectif n’a pu que constater qu’une partie très étendue de la Testa est devenue inaccessible à la population locale, sauf si tous ses habitants, dont les enfants et les personnes âgées, sont des adeptes de longues marches à pieds. Les anciennes pistes qui ont permis à des générations de personnes d’aller se baigner, d’aller, hors saison, à la pêche, faire les oursins ou une merendella traditionnelle en famille ont été fermées, voire démolies. Ces fermetures ne sont pas conformes à la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité qui a engagé une réforme du Conservatoire du Littoral dont le volet réglementaire, mis en œuvre par le décret du 29 août 2003, prévoit de " prendre en compte l’existence de chemins ou de règles locales préexistantes " "(article 246), " de prendre en compte les usages ", le maintien des " chemins utilisés par le public depuis plus de trente ans " (article 246). Le Collectif demande donc à Monsieur le Directeur du Conservatoire d’appliquer les lois et les règlements en vigueur à l’établissement qu’il dirige, non pas en maintenant ouverte l’ancienne piste qui longeait la côte, mais en maintenant ouvertes les deux pistes qui ont été fermées et en les faisant aboutir à des parkings en retrait, sur le principe de ceux déjà aménagés.
Force est de constater en parallèle que cette partie centrale de La Testa, qui n’est donc plus accessible que par le sentier du littoral, est située à la verticale des 400 hectares que la Commune a acquis. Le Collectif n’a pas oublié que les travaux préparatoires au futur plan d’urbanisme de Figari, publiés en 2003, prévoient d’y développer un projet touristique. Cette portion de La Testa est pour l’instant, selon l’atlas des espaces remarquables, inconstructible. Mais qu’en sera-t-il demain ? On aurait voulu constituer un écrin vert autour d’une future zone constructible et réserver les plages centrales de La Testa à ses futurs résidants qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
La Testa, un Cavallo bis ? La grande majorité des Corse s’y opposera toujours farouchement.
Texte signé à l’unanimité des organisations (associations et mouvements politiques) du Collectif pour la loi Littoral.
Etaient présents à Figari le 18 juin : Piaghj'e Monti (Figari), ABCDE (Bunifaziu), APLAPDL (Porti Vechju), ADRE (Rizzanese), ADEZ (Santa Lucia di Porti Vechju).