U Levante exprime sa très vive inquiétude devant les nouveaux coups de canif que l’Assemblée Nationale, à l’initiative du groupe LREM, s’apprête à lui porter. Depuis l’adoption de la loi Littoral par vote unanime du Parlement en 1986, U Levante combat sans relâche pour l’application stricte de cette loi, dernier rempart contre la bétonisation de la Corse. Et notre association a été, depuis trente ans, de toutes les luttes contre les attaques dont cette loi fait l’objet.
Plusieurs amendements au projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan), adoptés sur avis favorable du gouvernement, visent en effet à créer des exceptions notables dangereuses au principe d’urbanisation en continuité des agglomérations et villages, qui est le pivot de la loi Littoral.
Cette nouvelle salve, qui fait écho aux préoccupants propos du président Macron sur la nécessité « d’assouplir » les règles d’urbanisme en Corse, fait peser de graves dangers sur l’intégrité de la loi et risque de conduire, si l’on n’y prend garde, à des dérives désastreuses.
Tel est en particulier le cas de l’amendement qui vise à autoriser, à l’intérieur « des secteurs déjà urbanisés autres que les agglomérations et villages » l’urbanisation des « dents creuses ». Il existe un risque évident d’abus : certains maires ne seront-ils pas tentés, sous la pression des promoteurs et des mafieux, de baptiser « secteurs déjà urbanisés » des zones présentant une faible densité de constructions, ouvrant ainsi la voie à une bétonisation accélérée de vastes secteurs à dominante naturelle sur notre littoral ?
De même, en ce qui concerne l’amendement qui permet que les constructions nécessaires aux activités agricoles et forestières puissent, à l’avenir, être construites en discontinuité, le risque est grand de voir fleurir de faux bâtiments agricoles qui seront reconvertis, après quelques années, en vrais hôtels ou villas.
Quant à l’amendement visant à faciliter l’implantation de centrales photovoltaïques sur le littoral, il apparaît totalement injustifié puisque ces structures peuvent être installées sans difficulté en continuité des zones urbanisées.
Seule apparaît fondé l’amendement tendant à permettre la construction en discontinuité d’équipements publics incompatibles avec le voisinage de zones habitées : qui voudrait d’une STEP ou d’un centre d’enfouissement de déchets à côté de chez lui ?
Hormis cette unique réserve, U Levante réaffirme son opposition de principe à toute modification de la loi Littoral qui aura pour effet d’affaiblir inutilement cette loi et/ou de remettre en cause son efficacité, surtout dans le contexte de pression spéculative que connaît la Corse.
U Levante rappelle enfin que le problème fondamental en Corse reste celui de l’inapplication de la loi Littoral par les autorités compétentes, et invite donc le Parlement à trouver des solutions propres à remédier à ce problème plutôt que de s’évertuer à amender cette loi.