“Le plan actuel n’est pas satisfaisant et doit être remanié pour une gestion efficace des déchets sans impacts sanitaire et environnemental et avec des coûts maîtrisés. Un accompagnement de la population et une communication claire et régulière sont indispensables” ; ce sont les conclusions de U Levante après analyse de ce plan mis en enquête publique.
Texte remis au Commissaire enquêteur :
1° Observations sur le PPGDND (Plan de Prévention et de Gestion des Déchets Non Dangereux
C’est un énorme document : 1 500 pages pour le dossier complet. Le « Résumé non technique » de 33 pages n’est accessible que pour un public très averti. En conséquence peu de personnes auront pris connaissance de ce document. Comme la publicité pour cette enquête publique a été minimale, il est probable que la participation citoyenne soit très limitée malgré une bonne volonté du public.
Le public justement est en attente depuis 2010, date du début de la révision du plan « déchets » et surtout janvier 2014, date à laquelle le nouveau plan a été adopté par l’Assemblée de Corse.
Cette lenteur a deux conséquences : les réglementations évoluent plus vite (cf. Loi « Grenelle 2 ») et la population se lasse. Le peu d’efficacité de la collecte sélective est patent et reconnu d’ailleurs dans le plan. 80% (voire 90%) de déchets bruts vont à l’enfouissement alors que 85% de la population dispose des équipements destinés au tri et à la valorisation des papiers, emballages, verres.
Sur le fond, on lit de bonnes intentions qui constituent une liste de propositions mais sans volontarisme. Le plan remet à des études ultérieures. Il propose 40% de valorisation ce qui est la moyenne européenne actuelle. Ce n’est pas suffisant. On constate que l’incinération est abandonnée et c’est une bonne chose, mais ça ne doit pas conduire au tout enfouissement. Le plan propose 60% d’enfouissement ce qui implique forcément une part importante de matière organique qui fermente, pue et génère des nuisances. Pour éviter ces dernières le plan envisage la collecte sélective des biodéchets…mais après des audits optionnels et à titre expérimental.
Le plan prévoit des usines de tri mécano-biologique (TMB) : à l’heure actuelle le taux de valorisation n’est pas fameux et la production de compost très difficile à écouler. Ces composts risquent de plus d’être rendus non conformes avec la réglementation européenne actuellement en révision.
Il y a une volonté de localiser les TMB près des centres d’enfouissement. La tentation d’enfouir le compost sera alors forte et le pourcentage de valorisation faible (cf. projet Tallò 2 de la Staneco). Ces TMB seront probablement uniquement destinés à stabiliser la fraction organique avant enfouissement. Et cela constitue un grand gaspillage.
Par ailleurs le plan, anticipant le manque de capacité d’enfouissement prévisible à court terme – si la collecte des déchets continue comme actuellement-, prévoit des Installations de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND) avec méthanisation. Dans ce cas on voit mal pourquoi on rajouterait des usines de TMB alors qu’on a fait des ISDND dont la vocation est d’accueillir de la matière organique « fraîche » nécessaire au processus de méthanisation. On voit ainsi se dessiner la prolongation des pratiques actuelles : collecte des ordures brutes avec très peu de collecte sélective (en PAV, avec un rendement faible) et enfouissement des ordures brutes. On a toutes les chances de ne pas dépasser 20% de valorisation sur les OM.
Le plan nous apparaît donc comme un plan peu ambitieux et qui ne fera que prolonger la situation actuelle malgré un catalogue de vœux pieux…
2° Propositions
Si on veut progresser et garder des coûts raisonnables pour le service des déchets, il faut s’orienter rapidement vers la collecte sélective en porte à porte dont les expériences de plus en plus nombreuses prouvent l’efficacité en terme de valorisation (près de 80% de valorisation obtenue en quelques années) et de stabilisation, voire réduction, des coûts. Ces collectes sélectives doivent s’accompagner du traitement séparé de la matière organique par compostage et éventuellement méthanisation, et tri mécanique des propres et secs (emballages, papiers). Les centres de traitement doivent être près des villes portuaires pour éviter les transports inutiles de matières (avant et après tri et compostage) et faciliter l’expédition sur le continent des matières valorisables conditionnées.
Le plan actuel n’est pas satisfaisant et doit être remanié pour une gestion efficace des déchets sans impacts sanitaire et environnemental et avec des coûts maîtrisés. Un accompagnement de la population et une communication claire et régulière sont indispensables.