Le 6 juin, une soixantaine de personnes ont assisté à Ajaccio à une mini-conférence de Toni Renucci, directeur de l’association Respire « Contre la pollution atmosphérique, – Pour l’amélioration de la qualité de l’air”. Cette conférence organisée par la coordination TERRA a été suivie d’un débat.
La pollution atmosphérique reste la première cause environnementale de décès prématurés dans l’union européenne (UE), avec environ 300 000 décès prématurés par an. À Toulouse les 6 et 7 février derniers, Santé Publique France a annoncé qu’entre 2016 et 2019, ce sont 40 000 personnes de plus de 30 ans qui sont décédées chaque année pour avoir respiré des particules fines de moins de dix microns (PM10) soit 7% de la mortalité annuelle.
La France a été condamnée à de multiples reprises par l’Europe pour la mauvaise qualité de l’air, ces condamnations ont toutes été validées par le Conseil d’État. Le 7 février 2024, dans un communiqué, la Commission européenne a annoncé avoir adressé un avertissement formel à la France (mise en demeure) pour non-exécution de l’arrêt de la Cour de Justice de l’UE rendu le 24 octobre 2019.
Le 24 avril 2024, le Parlement européen a adopté un texte prévoyant de nouvelles mesures visant à améliorer la qualité de l’air pour protéger la santé humaine avec des limites plus strictes à l’horizon 2030 pour plusieurs polluants atmosphériques notamment les particules fines (PM2,5, PM10), le NO2 (dioxyde d’azote) et le SO2 (dioxyde de soufre). Toutefois, les seuils fixés par l’UE à l’horizon 2030 restent 2 fois supérieurs aux recommandations de l’OMS pour les PM 2,5 et les Oxydes d’azote.
Quelle est la situation en CORSE ?
Au début ds années 2000, la Corse était absente des projets de l’État quant à la création une association chargée de la surveillance de la qualité de l’air dans les délais malgré la présence de deux centrales thermiques.
Bien que rédigés dès 2015/2016, les plans de protection de l’atmosphère (PPA) réalisés pour Ajaccio et Bastia n’ont pas été mis en œuvre.
À de multiples reprises, le CESECC a soulevé ce problème : “au regard de l’arrêté du 8 décembre 2022 relatif au plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques, le CESECC préconise que la Collectivité de Corse soit à l’initiative d’une concertation avec l’État et les acteurs du territoire qui pourrait mener à une révision des plans de protection de l’atmosphère (PPA) des communautés d’agglomération d’Ajaccio et de Bastia afin que, par la voie réglementaire, leurs soient donnés les moyens matériels humains et financiers d’être correctement appliqués. Par la même occasion une reflexion serait à mener quant à la création d’un PPA régional qui revêt un caractère d’urgence vu les effets du déréglement climatique et la multiplication de polluants de tous ordres“. Avis 2023-24 relatif au rapport d’activité 2022 de la Collectivité de Corse
Aujourd’hui encore, on constate que la Corse est absente de la publication de l’Agence européenne de l’Environnement :
La pollution due aux bateaux
En juin 2018, Axel Friedrich et Beate Klunder, experts internationaux, sont venus effectuer des mesures à Bastia et à Ajaccio. Ils ont constaté de très fortes valeurs des particules ultrafines sous le vent des panaches de fumée des bateaux.
Le 1er octobre 2023, des valeurs extrêmement élevées de particules ultrafines (suie émise par les moteurs de bateaux de croisières), très supérieures aux valeurs “de fond” de zones urbaines, ont été relevées par des membres de la Coordination Terra utilisant un appareil de mesures homologué. Relire : https://www.ulevante.fr/qualite-de-lair-et-bateaux-de-croisieres-des-mesures-sanitairement-intolerables-realisees-par-la-coordination-terra/
La pollution atmosphérique dans le Golfe d’Ajaccio est certaine, inadmissible : la santé des habitants est mise en danger. Les sources de cette pollution sont multiples. Les bateaux de croisières polluants et l’installation de coffres d’amarrage pour des grands yachts, nouveaux venus, qui constituent une activité économique non essentielle pour la majorité des habitants qui en subit pourtant les nuisances, aggravent et aggraveront cette pollution atmosphérique.
Image Google Earth modifiée :
Alors que l’impulsion administrative en matière d’application des lois devrait se manifester dès leur promulgation lorsque des difficultés administratives et techniques s’accompagnent de problèmes politiques, le retard pris dans les mesures d’application des lois, règlements, plans, est tellement important qu’il pénalise toujours le plus grand nombre des citoyens. Aussi, nous persistons à demander l’application des Lois et règlements à l’État et à la Collectivité Territoriale de Corse par la mise en œuvre immédiate d’actions concrètes !