Interview de Xavier Poli, président de la communauté de communes du Centre Corse (=”4C”)
Xavier Poli, un petit composteur existe à Corti ?
“La communauté de communes du Centre Corse (4C), en partenariat avec le SYVADEC, a mis en place un composteur électromécanique qui a commencé à fonctionner en février 2015, dont le coût total est d’environ 400 000 € (unité de compostage et génie civil) financé à 90 % par l’Europe et qui peut accepter 100 tonnes de biodéchets par an. C’est donc une petite unité réalisée grâce à un programme européen destiné aux zones qui doivent s’adapter aux variations dues à une forte fréquentation touristique. Compte tenu de ses caractéristiques, ce système n’est pas la panacée du traitement global des biodéchets, mais il vient normalement en complément d’autres dispositifs.
Corti a la spécificité d’accueillir une forte population étudiante en période hivernale et une forte population touristique en été. Par ailleurs, les biodéchets pouvaient venir de structures avec lesquelles la 4C a déjà passé des conventions pilotes depuis plusieurs années : le CROUS, l’AFPA, le centre hospitalier Corti/Tattò, les cantines (scolaires et de la gendarmerie), le lycée Pascal Paoli, la sécurité civile, U Serenu, Casino (les invendus). Enfin, le SYVADEC avait la maîtrise du foncier pour l’installation de ce composteur juste à côté du quai de transfert. Tous ces éléments ont justifié le choix de notre candidature qui a été retenue par l’Europe.
Depuis sa mise en service il monte progressivement en puissance : 28 tonnes ont été récoltées et traitées en 2015. La collecte n’a pas été généralisée pour l’instant car l’application des consignes de tri par ces structures est plus efficiente que par les particuliers. Il faut savoir aussi que ces structures sont assujetties à une redevance spéciale variable en fonction des tonnages d’OMR qu’elles produisent.”
Comment fonctionne cette unité ?
“Après avoir été extrêmement bien triés, c’est une obligation sinon le process fonctionne mal (le composteur accepte très peu de déchets carnés), les biodéchets sont déposés dans des bacs adaptés et collectés par la 4C dans des sacs assez solides, directement sur les lieux de production, trois fois par semaine. Une seule personne s’occupe du quai de transfert, reçoit les biodéchets, etc.
Des déchets de bois (gros granulés), achetés, sont ajoutés. Nous sommes en train de voir avec la SEM Bois/Énergie (centrale à bois) pour ajouter des sciures.
Le compost produit (20 tonnes en 2015) est mis en pots sur place et est disponible gratuitement (c’est un élément incitatif), prioritairement pour les structures apporteuses. C’est un compost de grande qualité biologique et très apprécié : on vient le chercher ! Le compost est récupéré par les apporteurs pour l’entretien des espaces verts ou pour les terrains aux alentours pour faire pousser du gazon.”
Ajoutez-vous les « déchets verts » ?
“On peut envisager l’ajout des déchets verts mais il faut un broyeur professionnel dont le coût très important ne peut donc s’envisager qu’à l’échelle du Centre Corse au-delà du périmètre de la 4C.”
Êtes-vous content de cette opération ?
“J’en suis content parce qu’elle a valeur d’exemple et que le compost est de très grande qualité biologique. Autres avantages considérables : zéro nuisance olfactive. Le stockage se fait sur place et le compost fabriqué part vite !”
Quelles ont été les difficultés ?
“Les contraintes existent ! Le tri en amont nécessite d’importantes adaptations et des campagnes d’explication et de formation ont été nécessaires. Il est indispensable que le personnel soit formé car l’application des consignes est une obligation : le tri en amont doit être très poussé. Pour les bacs, il faut aussi trouver des emplacements qui soient acceptés par les fournisseurs.”
Quelle évolution est envisagée en 2016 ?
“On essaie d’augmenter le plus possible le tonnage, avec les contraintes existantes. On démarche actuellement les restaurateurs (difficultés dues aux déchets carnés) : plusieurs restaurants cortenais seront concernés.”
U Levante : ce composteur marche et est un début encourageant. Le site est extrêmement bien tenu. Cependant, au bout d’un an, il tourne encore à moins d’1/3 de sa capacité. Il faut donc rapidement aller plus loin.
La seule ville de Corti, avec ses quelque 7 000 habitants, à raison d’un “gisement” d’environ 100 kg de biodéchets par habitant et par an, en produit environ 700 tonnes. Le composteur, petite machine, ne peut donc assurer le traitement de la totalité de ces biodéchets !
Corti doit absolument :
- s’équiper et valoriser les déchets verts
- collecter les biodéchets au porte-à-porte,
- créer une plateforme de compostage mixte déchets verts /biodéchets des ménages, capable de traiter les centaines de tonnes produites. Une plateforme de compostage est beaucoup plus avantageuse en terme de coût, de robustesse du process et de capacité de traitement.
Il y a urgence.