Par U Mulaterru
Le rassemblement de Sapparella se définit désormais comme celui des « désobéissants – i disubbeddienti ».
Mais les mots ont un sens. Il est assez cynique de voir comment on peut les couper en deux, pour mieux tromper l’opinion.
Ils ne savent peut-être pas, que le sens politique de la désobéissance n’a sa noblesse que quand le concept est correctement nommé, à savoir« désobéissance civile ».
S’il ne s’agit que de désobéissance, il est peut-être en effet opportun de désobéir en toutes circonstances. Ainsi, le citoyen qui ne veut pas payer d’impôt serait lui aussi un désobéissant. L’entrepreneur qui ne veut pas payer d’URSSAF, le délinquant fiscal, seraient eux aussi des désobéissants. Tout condamné qui refuse d’accomplir sa peine, tout automobiliste qui refuse de payer une amende après avoir grillé un feu rouge, tout père de famille qui ne veut pas payer de pension alimentaire… seraient eux aussi, des désobéissants ! Le vice se prend pour la vertu…
“Tutti disubeddienti ” écrivent-ils, selon la propagande d’une désobéissance en soldes.
La farce continue. La « désobéissance civile » c’est autre chose. Elle est surtout un peu plus exigeante que cela.
La désobéissance civile ne signifie pas que toute personne qui dirait non à la loi, agirait pour le commun et aurait raison.
Toute désobéissance n’est pas civile et noble. Pour qu’elle le soit, elle doit répondre à 3 critères : elle agit au nom du strict intérêt général et du bien commun, elle est non violente -ni injures, ni menaces, ni blessures-, et enfin, elle agit à visage découvert sans tricher sur son adversaire. On assume ses actes.
Si la loi est injuste, nous pouvons désobéir. Mais il est honteux de dénigrer les citoyens qui eux ne prononcent pas les verdicts des tribunaux, de s’attaquer à ceux qui demandent une simple application de la loi.
Si la loi est injuste , si « l’amicale de Sapparella » souhaite boycotter la loi, il faut qu’elle se tourne vers celles et ceux que nous mandatons et qui votent les lois en notre nom. Il faut pourfendre celles et ceux, qui plus ou moins bien, sont censés faire appliquer équitablement une même loi pour tous.
Si la loi est injuste, il faut démontrer à tous que le non-respect de la loi serait une meilleure protection du bien commun en Corse et pour les Corses. Si la loi est injuste, il faudrait assumer l’alternative d’une non-application de la loi et des décisions de justice. À savoir : l’anarchie, le désordre et le droit du plus fort.
Au-delà du réflexe identitaire qu’ils manipulent à merveille, le trémolo dans la voix : « ci volenu strughje e notre case… è impedisce ci di travaddà », si c’est au nom de l’ intérêt général qu’ils se sont rassemblés à Sapparella, l’opinion publique éclairée ne s’y trompe pas.
Pour l’instant, la désobéissance n’est pas là où ils voudraient bien nous le faire croire.
Leur problème c’est la loi et l’application de la loi. En fait, ils ne désobéissent pas du tout. Ils obéissent à la loi de leurs intérêts… Leur problème c’est cette obéissance, qui devient grotesque sans aucune honte, et qu’ils incarnent de la pire des manières.
Ils obéissent pour mieux déjouer le bien commun au sein de notre société et nous faire retomber dans le désordre premier, celui d’un avant « Padduc », d’un avant légalité. Vu l’énergie qu’ils mettent à dénigrer les sentinelles, il faut croire que l’enjeu des intérêts est de taille.
La mise en scène est réussie. Après Murtoli, Ferracci… Sapparella enrichit la liste de déshonneur de la Corse. Voilà comment obtenir un passe-droit… au nom de la tradition insulaire.
Je propose que leur soit décernée la couronne des « très zélés ubbeddienti di Sapparella » pour la meilleure « Cumedia » 2023.
U Mulatterru