GOLFE d’AIACCIU – L’ATTAQUE VIENT DE LA MER !

Les associations de défense de l’environnement et de la santé ont organisé un rassemblement ce vendredi matin devant la mairie d’Ajaccio afin de dénoncer une nouvelle fois la pollution des navires dans le golfe et d’interpeller les élus et l’État afin :

  • de rappeler que la population ajaccienne et celle de la CAPA sont en danger,
  • d’interdire les navires de croisière qui fonctionnent au fioul,
  • de faire en sorte que les navires de ligne soient a minima équipés de scrubbers à boucle fermée
  • d’interpeler l’État et les élus afin qu’ils usent de leurs pouvoirs de police. 

Extraits de la conférence de presse de TERRA – 9 août 2024

Le Golfe d’Ajaccio, bien que labellisé NATURA 2000, est marqué par une activité industrielle constitutive de risques importants, dont celle du transport de matières dangereuses (méthaniers, pétroliers), une configuration unique en France, qui occasionne diverses pressions sur l’environnement notamment en matière de pollution.

En jaune, le site Natura 2000 du Golfe d’Aiacciu – Source INPN

La masse d’eau du Golfe est classée en état écologique moyen qui doit atteindre le bon état. Le réseau de surveillance ROCCH (ex-RNO IFREMER) a mis en évidence la présence à des seuils plus élevés que la moyenne de métaux lourds. Le portail CEREMA fait régulièrement état des contaminants en présence (Cadmium, Chrome, Cuivre, Mercure, Plomb, Zinc). La pollution des fonds marins est réelle, avec les risques néfastes et sous-évalués sur la faune et la flore (Posidonie, Cymodocée, Patelle, Tortue caouanne, Grand Dauphin…). Sans oublier le risque dévastateur d’importation d’espèces invasives et de parasites. 

Terra demande aux autorités de soutenir l’arrêté désignant la Méditerranée Nord Occidentale comme une zone maritime particulièrement vulnérable (ZMPV) (option validée par l’OMI) afin de réduire les risques de collisions des navires avec les cétacés. 

Depuis janvier 2022 les rejets des scrubbers à boucle ouverte (rejet dans l’eau des liquides d’épuration des fumées) sont interdits dans la bande des 3 milles nautiques. Mais, par dérogation, ils sont autorisés en Corse pour encore 3 des navires de la Corsica Linea pour les ports d’Aiacciu, de Bastia, et de Purtivechju, permettant même l’utilisation de fuel à 3,5% de soufre.

Terra demande l’nterdiction de tous des scrubbers à boucle ouverte dans le Sanctuaire des cétacés, à fortiori dans la bande des 3 milles… 

NB : la MÉRIDIONALE a installé un filtre ZÉRO PARTICULES sur son navire amiral « LE PIANA », un système qui semble donner d’excellents résultats et que nous saluons.

Centrale du Vaziu, pollution automobile, fumées des bateaux … l’atmosphère est polluée. 

Les ferries et les navires de croisières – En 2019, Ajaccio a accueilli 126 paquebots, 228 navires de croisières en 2022, 193 en 2023, il est prévu 179 escales en 2024. 

Toutes les études prouvent que la pollution de l’air a un impact direct sur la santé publique.

  • En 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a actualisé ses lignes directrices en matière de qualité de l’air en abaissant très significativement les seuils recommandés pour la protection de la santé et de l’environnement. Ses recommandations ne sont pas suivies par l’Union Européenne qui propose seulement pour 2030 : 
  • Particules fines PM2,5 : la limite annuelle devrait passer de 25 microgrammes par mètre cube (μg/m3) à 10 μg/m3 d’ici à 2030, soit un niveau qui reste deux fois plus élevé que celui de l’OMS (5 μg/m3).
  • Dioxyde d’azote (NO2) : même écart : la limite est placée à 20 μg/m3alors que l’OMS préconise 10 μg/m3.
  • Le 7 février 2024, la Commission européenne a annoncé, dans un communiqué, avoir adressé un avertissement formel à la France, sous forme de lettre de mise en demeure complémentaire, pour non-exécution de l’arrêt de la Cour de justice de l’UE (CJUE), du 24 octobre 2019, pour non-respect des normes de pollution de l’air.

Cancers du cerveau et du poumon, pathologies cardio-vasculaires, un lien de cause à effet est désormais prouvé. Les responsables : le port de commerce et le trafic maritime

Avec 10 ans de retard sur la zone Manche-Mer du Nord, tous les navires opérant en Méditerranée seront tenus d’utiliser, à partir du 1er mai 2025, un combustible dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,1%, ce qui correspond à une teneur cinq fois plus faible que la norme internationale dans les zones en dehors des SECA (zones à émissions de soufre contrôlées). 

Terra demande des contrôles renforcés pour l’application des normes de la zone SECA MED (zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre et de particules couvrant l’ensemble de la mer Méditerranée), le contrôle du carburant des navires à quai, des inspections à bord, et l’application des sanctions en cas d’infraction, l’utilisation de drones aériens pour vérifier la conformité du carburant utilisé.

LES CROISIÈRES – Ajaccio dispose d’un port particulièrement saturé en période estivale par de gigantesques paquebots de croisières en surnombre, aux retombées économiques douteuses et aux conséquences désastreuses sur la qualité de l’air et sur la vie sociale des Ajacciens.

Car la pollution des navires de croisière rejetée dans l’air se voit, se sent et se respire, elle s’ajoute au trafic des rouliers (ferries), des méthaniers et pétroliers, de la plaisance à moteur, des avions, des automobiles, de la centrale thermique EDF du Vazzio aujourd’hui et celle du Ricantu demain…

Cette pollution est particulièrement insupportable lorsqu’elle s’ajoute aux épisodes de plus en plus fréquents de pollutions aux poussières désertiques et aux inversions thermiques.

TERRA demande que soit interdit le stationnement à quai des paquebots les jours d’alerte de pollution atmosphérique par les particules désertiques.

L’attractivité de la majorité des croisières repose sur des offres tout compris qui ne suffisent pas à assurer la rentabilité des navires. Le gain provient alors des services additionnels payants que proposent le navire (bars, discothèques, patinoires, cinémas, etc.) et du profit réalisé en optimisant les économies dans les zones de stationnement des bateaux.

Ainsi, une entreprise de croisière a tout intérêt à encourager les dépenses des passagers au sein de son navire au détriment des escales, et à favoriser la concurrence entre les ports d’accueil pour réduire les coûts sans que nos instances dirigeantes ne favorisent une quelconque appréciation équilibrée de l’ensemble des facettes de ce problème pour adopter des décisions rationnelles équilibrées et justes. On se contente de nous abreuver d’un flot continu de pseudos réalités économiques aux contours plus que flous, avec en ligne de mire le fric …, sans tenir aucun compte de la santé des habitants.

TERRA demande à M. le Maire d’Ajaccio de refuser l’accès au port des compagnies qui n’ont pas signé la Charte de la croisière durable (les compagnies MARELLA et CLUB MED) en application de la délibération municipale du 25 octobre 2022 (la compagnie MARELLA est accueillie régulièrement dans le port d’Ajacciu!). TERRA demande à toutes les administrations qui ont un pouvoir de police de l’exercer.

Port d’Aiacciu – Deux navires de croisière de la compagnie Marvella :

L’ACCUEIL DE LA GRANDE PLAISANCE : LES ZONES DE MOUILLAGE ET LES COFFRES D’AMARRAGE Le quai d’honneur réservé à l’accueil des yachts est situé au cœur de l’activité portuaire. Il faut avouer que prendre son petit déjeuner servi à bord de son yacht de luxe sous les fumées de ces monstres pendant que les croisiéristes défilent à quelques mètres n’est ni attrayant, ni porteur en terme d’image. Existent également deux zones de mouillage pour les navires de plus de 80 Mètres dans le secteur de la Parata aux Sanguinaires (classé « grand site de France », bien trop excentré pour le business) et dans le secteur de la Pointe d’Aspretto (Tahiti, aéroport)  plutôt déconseillé par « Navily »pour le yachting de luxe! 

Le Préfet Maritime, a donc autorisé, à la Citadelle et au Lazaret, de nouveaux mouillages pour les navires de 80 mètres et plus et les a financés sur le “fonds vert”…

Le Garde a déféré l’arrêté préfectoral approuvant la convention de la concession d’utilisation du domaine public maritime en dehors des ports, établie au profit de la CCI de Corse pour la mise en place et l’exploitation de 2 coffres d’amarrage dédiés aux navires de grande plaisance dans le Golfe d’Ajaccio à la Citadelle et au Lazaret.  

Conclusions – Le surtourisme en Méditerranée

Les problèmes du surtourisme (bruit, pollutions, perte de biodiversité, atteintes à la santé des habitants) ont été clairement posés auprès de nos responsables politiques sans l’ombre d’une réponse efficace et adaptée : les ravages sont incontestables. 

Contrairement aux engagements de protection de la France contractés par la ratification de nombreuses conventions internationales, les divers labels environnementaux du type Patrimoine Mondial de l’Unesco, Natura 2000, grand site, réserves, sont en fait exhibés comme des produits d’appel emblématiques de l’offre  touristique. Le «chiffre d’affaires» repose sur le succès de l’image de marque du produit labellisé. !

À la suite de la réunion publique du 6 juin dernier avec l’association nationale RESPIRE,

  • Le Directeur de l’association RESPIRE reste en relation avec la Collectivité de Corse pour l’élaboration du nouveau plan AIR dans le cadre du SRCAE Schéma Régional du Climat de l‘Air et de l’Énergie.
  • Le Directeur de la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée et la nouvelle DGAMPA  (Direction Générale des Affaires Maritimes, de la Pêche et de l’Aquaculture) se sont engagés à nous apporter toute leur aide sur des points importants qui seront soumis à vérification, tout en soulignant que les capitaineries (membre de la DGAMPA) sont déjà invitées à signaler tous les cas manifestes de fumées trop importantes !   

La puissance des compagnies maritimes est telle qu’elle leur permet de résister aux instances internationales comme L‘OMI  qui est pourtant l’institution spécialisée des Nations Unies chargée d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers et de l’atmosphère par les navires. 

Il est évident que Le principal objectif de l’initiative FuelEU Maritime, qui est d’accroître la demande et l’utilisation cohérente de carburants renouvelables bas carbone  afin d’abaisser  les émissions de gaz à effet de serre des navires d’une jauge brute supérieure à 5 000 GT (GT = Jauge brute = Volume intérieur d’un navire) qui sont en théorie responsables de 90 % des émissions de CO2, et « tenus de réduire progressivement leurs émissions » de gaz à effet de serre (GES) de 2 % en 2025 à 80 % d’ici 2050, reste de l’ordre du vœux pieux. 

Les associations représentées ici sont pleinement dans l’exercice de leurs missions de défense et de protection de leurs concitoyens, face aux conséquences de choix arbitraires émanant d’une « autorité aux contours flous » dictés par le seul goût du lucre, sans souci de justice et d’équité.

En l’absence d’une réponse adaptée des Pouvoirs Publics face aux obligations légales, et tout particulièrement du Préfet de Région, les associations exerceront leur droit de recours devant la Justice. 

Le sanctuaire Pélagos :