Premières réflexions sur l’inquiétant projet de PLU de Sant’Antuninu

Le plan local d’urbanisme arrêté de Sant’Antuninu est en enquête publique.

Pour y participer : https://www.registre-dematerialise.fr/5593/contributions

Historiquement, le village de Sant’Antuninu date du IXe siècle. Certains avancent même qu’il  serait l’un des plus anciens de Corse… Ce village de 138 habitants (INSEE 2021) est surtout remarquable par son profil de nid d’aigle défensif accroché à 500 mètres d’altitude sur un piton granitique dominant la Balagne. C’est un village très touristique, à très forte valeur patrimoniale, inscrit à l’inventaire des sites pittoresques de la loi du 2 mai 1930.

1 – Le projet (démentiel) de nouveau quartier sur une parcelle à forte pente (zonages AUE et NP)

Image montage CDC, légende U Levante :

  • une galerie marchande de 2 000 m2, en R+1,
  • un marché couvert,
  • un centre de loisirs, une crèche, une garderie,
  • une maison des associations, une nouvelle mairie et un office du tourisme,
  • une école avec cantine,
  • une salle des fêtes,
  • un bâti pour des classes vertes,
  • un centre médical et des salles de sports,
  • une “Casa di a Natura” et une maison des scientifiques,
  • une résidences pour séniors,
  • des logements.

Mazette! Tous les équipements que de riches petites villes souhaitent posséder !

2 – Le projet de parkings et les ESA

En 2013, à l’initiative de U Levante, le tribunal administratif a annulé une déclaration d’utilité publique qui transformait une parcelle de 14 000 m2, de forte valeur agricole, en parking : https://www.ulevante.fr/le-ministre-de-linterieur-fait-appel-du-jugement-du-ta-interdisant-que-le-terrain-agricole-de-santantuninu-soit-transforme-en-parking-et-letat-subventionne-les-travaux/

Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui le projet de PLU veut à nouveau créer 14 500 m2 de parkings dont 12 409 m2 sur des espaces stratégiques agricoles (ESA)… Bis repetita.

Le parking sur le zonage NL occupe 12 409 m2 d’ESA :

Le projet, problème majeur, ne semble pas lié aux besoins socio-économiques de la petite commune de Sant’Antuninu. Cela impliquera une charge financière énorme pour la commune, même si l’on suppose que certains projets pourront être en partie subventionnés. Sant’Antuninu compte 138 habitants. Une forte proportion d’habitants étant âgée, il n’y a pas d’école. De nombreux équipements et services ne devraient se concevoir qu’en accord avec les communes environnantes : école, centre médical, résidence séniors… D’où viendront les sommes colossales nécessaires à toutes ces réalisations et à leur fonctionnement ? Les contribuables de Sant’Antuninu sont en danger.

Ce projet :

  • se base sur une très large surévaluation de la population envisagée pour les dix prochaines années : il annonce 80 habitants supplémentaires en 2032, alors que la population actuelle n’est que de 138 habitants ! Citons T. Casalonga : “d’où sort cette étrange projection statistique de l’augmentation nette de 60 % de la population en 10 ans ? Une révolution soudaine des naissances ou le fameux « grand remplacement » seraient donc à venir ? À moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’un grossier « accommodement » des chiffres pour justifier le suréquipement déjà dénoncé ?” 
  • affirme la “nécessité” de construire de nouveaux logements, alors qu’il existe de nombreux logements vacants (11 au village, 8 à Chiose), et malgré au moins 60 % de résidences secondaires (déclarées), il est envisagé d’en construire 25 % de plus !

3 – Le projet de PLU dénaturera ce paysage emblématique

  • l’implantation de nouvelles constructions est en contradiction avec la charte architecturale de la Balagne. Il est prévu des immeubles collectifs de type « palazzu » avec des toits à quatre pentes (si la surface est supérieure à 150 m² ) à Chiose, ainsi qu’au village dans le cadre d’un « hôtel de charme » ;
  • le parking de 1,2 ha situé au nord-est, en discontinuité de l’enveloppe urbaine, serait visible depuis de nombreux points du cœur historique ;
  • l’écoquartier serait très visible dès la route territoriale arrivant de Lumiu, comme le montrent les documents des annexes des simulations cartographiques établies par la CDC ;
  • l’extension du hameau de Felge-Chiose, zone AUq à dominante résidentielle, également très visible alors qu’elle est située en site inscrit, dans le périmètre des 500 mètres de préservation de la chapelle de la Trinité d’Aregno, édifiée au XIIème  siècle, classée monument historique.

U Levante émet un avis très défavorable à ce projet de PLU de Sant’Antuninu.