Le projet de PLU du village de Sant’Antuninu (Balagna) prévoit un nouveau centre urbain (un “écoquartier”) sur 8 000 m2 et 14 500 m2 de parkings. Deux contributions remarquables ont été déposées sur le registre de l’enquête publique, celles de Messieurs Michel Codaccioni et Toni Casalonga : https://www.registre-dematerialise.fr/5593/contributions
PLU : projet de modifications sur image Google Earth 2023 :
Contribution n°6 (Web) par Casalonga Toni
Déposée le 12 octobre 2024 à 19h02
Je partage totalement les conclusions exprimées par Michel Codaccioni, que je reprends à mon compte, à savoir que la démonstration est incontestablement faite de l’invalidité du projet de PLU. Les ambitions de ses auteurs sont étonnement confuses, imprécises et peu réalistes, au point de suggérer le doute et même l’inquiétude quant à la sincérité de leur démarche. Cela confirme le sentiment d’une mise en danger inconsidérée du patrimoine commun et de la sécurité des usagers.
À titre d’exemple, que dire de l’absence totale d’évaluation des ressources nécessaires à ce projet, notamment en matière d’hydraulique (domestique et brute) et du traitement des eaux usées produites ? Nos capacités de production hydraulique en Balagne sont déjà très tendues en été, les spécialistes disent qu’elles ne pourraient pas suffire à la consommation des 80 habitants supplémentaires ambitionnés d’ici à 10 ans par le projet de PLU .
D’ailleurs d’où sort cette étrange projection statistique de l’augmentation nette de 60 % de la population en 10 ans ? Une révolution soudaine des naissances ou le fameux « grand remplacement » seraient donc à venir ? À moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’un grossier « accommodement » des chiffres pour justifier le suréquipement déjà dénoncé ?
En conséquence, les propositions des auteurs du PLU interrogent, d’abord sur la fiabilité de leur projet d’aménagement, ensuite sur la nature exacte de leurs ambitions et enfin sur la sincérité de leurs objectifs.
En effet, comment comprendre que les 15 000 m2 -légaux- de quotité disponible à la construction d’ici à 2034, puissent camoufler la réalité de 27 409 m2 d’artificialisation des sols, sans pour autant atteindre leurs objectifs prioritaires d’aménagement ?
En conclusion, ce projet de PLU se caractérise par 5 dangers totalement invalidants.
– 1 – Des coûts économiques irréalistes.
Il faudrait mobiliser des quantité hors normes d’investissements pour financer les options d’aménagement démesurées et non viables du projet. Il faut y ajouter les coûts récurrents de fonctionnements trop lourds et insoutenables pour toute collectivité publique, locale et nationale !
– 2 – La sécurité du public apparait éhontément bafouée.
La sécurité des populations y est constamment mise en danger en raison de la démesure des projets et l’absence d’évaluation de l’impact des travaux et constructions envisagés. Même inconséquence concernant les atteintes physiques aux sites d’implantation et à nos ressources naturelles, résolument mises en danger de mort.
– 3 – L’identité meurtrie de Sant’Antuninu .
L’identité historique, culturelle et patrimoniale du village est vulgairement sacrifiée sur l’hôtel d’un commerce saisonnier grégaire, douteux et de court terme.
– 4 – Les atteintes à l’environnement seraient irréparables .
Ce projet de 27 409 m2 de friches agricoles sacrifiées pour y implanter 14 409 m2 de parkings estivaux au service de la démesure des 2 000 m2 d’une galerie marchande estivale aussi absurde que grotesque, est confondant d’irresponsabilité citoyenne…
– 5 – Le doute d’intentions cachées.
L’ absence de vision sérieuse de l’avenir du village met en danger le patrimoine collectif dont nous ne sommes pourtant que les humbles dépositaires. Les auteurs du PLU oublient combien la terre de nos ancêtres est sacrée et combien elle nous oblige… tous !
« Chì a terra di Sant’Antuninu, terra di Corsica, chì ne simu i semplici custodii è micca i picculi pruprietarii spruvisti di memoria per l’antichi è d’onore pè e nostre cuscenze… vergogna à quelli chì ne vendenu à straccia mercatu u valore tantu preziosu ! Tocca à ognunu di fà un pezzu di chjassu… Aghju dettu ! »
Sur le fond, le plus triste est que ce projet de PLU tourne le dos à un possible modèle de tourisme intégré, durable, capable d’associer notamment le développement économique à la valorisation de notre héritage culturel et à l’emploi des technologies douces dans l’harmonie réciproque des relations entre les habitants permanents et les visiteurs saisonniers du village.
Encore faudrait-il pour cela, vouloir réellement faire le bien commun ! C’est-à-dire, avoir conscience que le prestigieux site historique de Sant’Antuninu exige de chacun de nous des choix citoyens courageux et exemplaires, allant de la préservation du patrimoine à la maîtrise transparente de son développement global et durable.
Ce n’est hélas, pas le cas de ce projet de PLU !
C’est pourquoi il faut le combattre frontalement et en toute transparence, en lui opposant un modèle de développement issu de la réflexion concertée entre tous les habitants et amis de Sant’Antuninu, sans esprit de polémique et avec la ferme résolution d’aboutir à un compromis digne.
L’urgence, ici, est de prendre son temps.
Antoine Marie (Toni) Casalonga
Pigna 20220