Cap Corse : projet d’exploitation des plages de Nonza et d’Albu pour en extraire du nickel : attention danger amiante !

Dans le cadre de la problématique de recherche de métaux indispensables à la transition énergétique mondiale il y a le Nickel. Certaines roches du Cap Corse en contiennent. Une société envisage d’enlever puis traiter les galets, gravier et sable des plages de Nonza et d’Albu, afin d’en extraire le nickel.

Aurania ressources Ltd, société cotée en Bourse, dont le siège social est situé au Canada, est représentée par Keith Michael Barron de nationalité britannique, et est immatriculée aux Bermudes. Aurania a créé deux sociétés jumelles, l’une en Corse, l’autre en Bretagne :

Corsica Ressources est une Société par Actions Simplifiée (SAS), en activité depuis le 13 octobre 2023. Domiciliée à Biguglia, elle est présidée par Keith Barron ;
Breizh ressources estdomiciliée à Lorient. À la différence de Corsica Ressources, les statuts constitutifs de Breizh ressources sont disponibles.

L’objet social de la SAS Breizh Ressources est :

L’activité principale déclarée de Corsica Ressources est même : « étude géologique, exploration de ressources minérales, étude et exécution de solutions de dépollution, de traitement ». (Source : « Pappers entreprises”).

Corsica ressources envisage d’exploiter les galets, graviers et sables des deux plages de Nonza et d’Albu. https://aurania.com/aurania-discovers-nickel-rich-beach-placers-in-france-and-signs-memoranda-of-understanding/

Pourquoi ?

Kieth Barron compare les photographies aériennes de 1950 et de 2024.

La côte, initialement rocheuse, s’est peu à peu modifiée. À partir du début de l’exploitation de la mine de Canari, et pendant des décennies, la mer a roulé, cassé, trié et déposé des matériaux issus des stériles de la mine et qui étaient rejetés en mer. Le taux de Nickel, par endroit et pour une tranche granulométrique voisine de 2mm, peut atteindre 50 %, d’après les auteurs qui ont identifié de l’awarnite, variété de Fer très nickélifère.

La société envisage donc d’enlever puis traiter les galets, gravier et sable des deux plages, afin d’en extraire le nickel.

Le projet est intéressant pour la SAS puisque le concassage de la roche d’origine est déjà réalisé ! Le responsable de la société a déjà contacté les élus qui y sont favorables sous certaines conditions. Mais le débat ne semble pas avoir été plus loin que le Cap Corse.

U Levante alerte sur le potentiel risque de pollution aux fibres d’amiante dans l’air.

Les effets délétères de l’inhalation des fibres d’amiante sur la santé ne sont plus à démontrer.

La problématique de l’amiante environnemental en Corse est très bien documentée :

BRGM – RP–58847–FR, Cartographie de l’aléa amiante environnemental dans le département de la Haute-Corse, novembre 2010,
BRGM – RP–59981–FR, Cartographie et minéralogie de l’amiante environnemental sur la commune de Corte (Haute-Corse, septembre 2011,
ARS – Amiante naturel, note d’information du 31 janvier 2012.

Les plages en question, du reste désertées, sont loin d’être dépourvues d’amiante. Le site officiel INFO TERRE indique que les 2 plages, en rouge sur la carte, ont une susceptibilité forte à très forte de présence d’amiante environnemental.

Par exemple, la légende de la photographie de la plage de Nonza de la page 63 du rapport BRGM 58847 est sans appel : « la plage de Nonza est constituée essentiellement par des galets de serpentinite à veinules de chrysotile, minéral fibreux de la famille « amiante ».

Les différentes étapes d’instruction de ce dossier ne peuvent donc pas occulter ce risque amiante environnemental. Une fois encore, la santé des habitants des villages de cette côte occidentale du Cap Corse est en jeu. N’est-ce pas leur infliger une double peine ? Après les nuisances de l’exploitation de l’usine de Canari, voilà celle de l’extraction à ciel ouvert de nickel sur deux plages. Détruire ou fragiliser (contre sans doute une forte compensation financière) la plage de Nonza, qui fait désormais l’originalité et l’attrait touristique du site (sa photographie parcourt le monde), n’est-ce pas un très mauvais calcul ?