Le Conseil des ministres espagnol a accordé, le 16 mars dernier, à la compagnie Respol, le droit de réaliser des prospections pétrolières face aux îles de Lanzarote et Fuerteventura (Canaries – Espagne). Ce permis dans l’Atlantique provoque l’indignation de la majorité des habitants.
Cette décision, prise en dépit du recours présenté par les autorités canariennes, met sérieusement en péril le modèle environnemental, économique et social choisi par ces deux îles. Celles-ci vivent à 90% du tourisme et sont déclarées Réserve de Biosphère par l’Unesco. En effet, on y trouve de nombreuses espèces protégées, sur terre comme en mer, et une des plus grandes réserves marines d’Europe, lieu de passage et de reproduction privilégié pour 28 espèces de cétacés, des populations de coraux uniques…
L’extraction de pétrole se ferait à des profondeurs similaires à celle du Golfe du Mexique, ce qui laisse présager du désastre auquel serait soumises les Iles Canaries en cas de problème puisque la technologie utilisée reste la même et que les grandes profondeurs ne permettent pas une réaction efficace rapide.
En 2002, un projet identique avait été mis en route puis abandonné sur décision de la cour Suprême espagnole au motif que les conditions de protection de l’environnement n’étaient pas suffisantes.
Aujourd’hui, c’est le même projet qui a été approuvé, à la veille de l’entrée en vigueur d’une nouvelle norme européenne plus stricte rendant responsables les compagnies pétrolières en cas de déversement.
Il faut également savoir, et ça n’est pas négligeable sauf aux yeux des compagnies pétrolières, que l’île de Lanzarote ne dispose pas de nappe phréatique d’où l’importance vitale de la qualité de l’eau de mer qui représente la totalité de la consommation en eau.
Le 24 mars dernier, plus de 25.000 personnes sont descendues dans les rues d’Arrecife (capitale de Lanzarote), 50.000 au total sur les 7 îles que comptent les Canaries. Ce fut la plus grosse manifestation jamais vue. Elle regroupait les autorités locales, des associations telles que le WWF, Greenpeace ainsi que de nombreux particuliers affichant leur refus contre ce projet qui pourrait rompre l’équilibre local. D’autres manifestations ont eu lieu à en Allemagne, à Madrid et à Barcelone.
Dans l’une des premières destinations touristiques européennes, à l’heure où l’Espagne affiche le deuxième taux de chômage le plus élevé d’Europe, le gouvernement est prêt à détruire un modèle économique durable pour le seul bien d’une multinationale.
En Corse comme en Espagne, l’appétit des multinationales se veut plus fort que tout !