Corse matin du 14 août revient sur l’agression de citoyens à Cala di Fica. Lire l’intégralité du texte ci-dessous où en se rendant sur le site internet de Corse matin ici
targue d’être lui-même un défenseur de l’environnement crie à l’acharnement.
Pas de shérif de la plage. Directeur d’une société de découverte, il vend ses escapades motorisées en mettant en avant sur sa page internet relayée par l’office de tourisme de la ville un « site privatisé ». L’homme est en effet l’un des propriétaires de la zone. Mais sa parcelle (16 ha) est une goutte d’eau dans les 600 ha détenus par la SCI Capo di Feno, créée dans les années 60 et qui regroupe des familles ajacciennes. « Nous n’avons jamais demandé à Alain Appietto d’être le shérif de Cala di Fica et avons d’ailleurs toujours laissé passer les promeneurs », affirme l’un des actionnaires. Cette balade menant à la tour de Capu di Fenu est connue « depuis toujours » des Ajacciens qui avaient l’habitude d’emprunter des chemins privés pour y accéder. Depuis 2006, l’accès à la tour est devenu extrêmement dangereux par les rochers.« Les randonneurs pénétraient indûment dans la propriété d’Alain Appietto qui est tout au bout de la plage pour aller à la tour : un beau jour, excédé par les dégradations faites par des randonneurs s’installant dans son cabanon, il a interdit que l’on passe par chez lui », appuie un autre actionnaire qui tient à « faire le distinguo ». Sur les lieux, nous avons constaté que l’on peut rejoindre Cala di Fica depuis Capu di Fenu en suivant le sentier du littoral sur un gros tiers du parcours. Par la suite, il faut enjamber une barrière et longer le rivage jusqu’à la plage de Vacaja où se trouve un grillage. « A cause des bêtes », explique l’un des actionnaires. Ce grillage, troué, rend l’accès possible. Il est donc inexact de dire que l’on empêche aujourd’hui matériellement l’accès par des barrières.
“Il y a eu des abus des marcheurs”. Sur une planche à voile figure une consigne : « A partir d’ici, les terrains sont privés, la tour aussi, donc interdits d’accès. Restez sur le chemin du littoral (trois mètres au-dessus de la plus haute mer) qui est difficile voire dangereux. En cas de difficultés, demander de l’aide aux habitants (eau, voiture, téléphone) ». La suite peut donc se faire jusqu’à Cala di Fica, mais pour atteindre la tour de Capu di Fenu, il faut de bonnes notions d’escalade… Bien entendu, il y a une variante : les pistes privées qui sont pratiquement toutes sur le terrain de la SCI. Avec un passage obligatoire par la propriété Appietto. Celui-ci n’était en rien sur sa vigie lorsque nous sommes venus.
« On n’a jamais empêché quiconque de venir, mais là encore il y a eu des abus : dégradations, pollutions. Et après, ce sont les propriétaires qui nettoient. Ce monsieur a raison de rappeler qu’il est interdit de les emprunter, mais il n’est chez lui que sur une toute petite partie », insiste un actionnaire décidé à faire la part des choses. Le devenir du lieu ? « Nous avions refusé l’offre du Conservatoire du littoral, qui nous avait fait des propositions d’achat bien en deçà du prix du marché et empêchaient certains propriétaires de garder un petit lopin de terre », soulignent deux actionnaires. Un document d’objectif Natura 2000 validé par arrêté préfectoral prévoit à terme l’aménagement d’un sentier du littoral. Mais il est loin de sortir… de terre.
Privatisation du littoral. « Nous sommes d’accord pour qu’un sentier du littoral qui prolongerait l’opération Grand site de la Parata et reliant Villanova soit mis en place par la ville et l’Etat », a confirmé le premier adjoint, Paul-Antoine Luciani. La zone qui s’étend des Sanguinaires à la tour de Capu fait au total 1 500 hectares. Un tiers seulement est public (20 % détenus par le Conservatoire du littoral, 13 % par les communes d’Ajaccio et de Villanova). Pour les écologistes du Levante, la situation illustre parfaitement la « privatisation du littoral ». Sophie Mondoloni, de l’association U Levante qui déclare avoir elle-même été agressée l’an dernier en accompagnant l’équipe d’Envoyé Spécial sur les lieux, déplore la situation. « J’ai souvent eu affaire à lui quand je me baladais à Cala di Fica ; nous avions mis un pied sur le chemin avec un homme de 78 ans, et il nous a foncé dessus en nous menaçant », relate-t-elle, tout en concédant ne pas avoir déposé plainte à l’époque. « Cette privatisation de la plage est scandaleuse. On ne peut plus rester. Il surveille depuis un poste et descend sur son quad pour déloger les gens, réservant ainsi la plage pour ses clients », assure-t-elle. « Il y a le tracé d’une servitude virtuelle », complète Jean-Pierre Ducousso d’U Levante, qui connaît le dossier sur le bout des doigts.
« L’Etat n’a pas fait son travail, car depuis l’affaire Bonnet, il marche sur des œufs quand il s’agit du littoral ».
Reste à savoir si à Cala di Fica, c’est la loi littoral ou celle du no man’s land qui s’applique.