La présence d’un champignon mortel pour les amphibiens est une menace très sérieuse pour nos espèces insulaires.
La Corse possède un peuplement d’amphibiens diversifié et original. Elle abrite trois espèces endémiques : le discoglosse de Corse, l’euprocte de Corse, et la salamandre de Corse et trois espèces cyrno-sardes : le discoglosse sarde, la rainette sarde et le crapaud des Baléares. Ces espèces sont reconnues par l’Europe comme étant d’intérêts communautaires (directive habitats) et représentant un enjeu environnemental important, leur conservation est une priorité.
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Photos Dumè Gambini
À cause d’une maladie infectieuse. Depuis plusieurs années on assiste dans de nombreux pays à la disparition d’espèces d’amphibiens à cause de facteurs impactant, souvent d’origines humaines (destruction d’espèces, d’habitats (zones humides), pollutions, introduction d’espèces envahissantes, etc.) et aussi, à cause d’une maladie infectieuse (mycoses mortelles) provoquée par un champignon d’eau douce microscopique le Batrachochytrium dendrobatidis.
Celui-ci, de la famille des chytrides, touche un tiers des amphibiens dans le monde ; on lui doit notamment la disparition des deux tiers des espèces de grenouilles arlequins dans les forêts du Costa Rica et du déclin de l’Alyte accoucheur en Espagne.
En 2007, dans les Pyrénées Atlantiques, des extinctions massives dans les populations d’amphibiens, notamment de salamandres tachetées, situées en haute altitude ont été recensées. L’épidémie ne cesse de progresser sur le continent.
La Corse concernée. En Corse, en 2009, les partenaires du programme européen « Race » (Risk Assessment of Chytridiomycosis to European Amphibians, 2009-2012) ont réalisé une étude épidémiologique (analyse de frottis cutanés). Ils ont révélé qu’une population d’euproctes corses était porteuse de la souche microbienne (Boziu) sans que la maladie soit présente.
La présence de ce champignon mortel en Corse est une menace très sérieuse sur l’état de conservation des espèces insulaires. Un protocole d’étude en cours consiste à effectuer un plan d’échantillonnage de relevés au niveau des principaux bassins versants de l’île afin d’aboutir à la mise en place d’un réseau de surveillance permettant un suivi de l’épidémie.
À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement contre le chytride applicable dans la nature. En revanche, la prévention pourrait empêcher la propagation de cette maladie (suivi de règles d’hygiène stricte). Les scientifiques ont besoin de comprendre comment se propage l’épidémie, ils lancent un appel aux randonneurs et autres naturalistes susceptibles de leur donner des informations-clés (localisation, nombre d’animaux malades, photos etc.).
www.alerte-amphibien.fr/etudes-en-cours.html.
D’après Dirk Schmeller et Claude Miaud : « Étude de la prévalence des chytrides chez les amphibiens de Corse ».
COMPRENDRE
Batrachochytrium dendrobatidis est un champignon invasif parasite des amphibiens et qui provoque le chytridiomycose, une maladie infectieuse, occasionnant la mort des individus infectés en bloquant leurs organes respiratoires. Ce champignon microscopique de la famille des chytrides appartient à un groupe de moisissures qui décomposent la matière organique morte. Il est présent dans la nature depuis longtemps. Les amphibiens se contaminent quand ils sont dans l’eau. Le champignon qui s’y trouve à l’état de spore s’incruste dans leur peau, s’y développe et forme alors des zoosporanges qui produisent à leur tour des zoospores.