Communes littorales corses, elles veulent doubler leur emprise urbanisée. La fin des terres agricoles ?

La fin des terres agricoles ? À Calinzana en Balagne, comme ailleurs en Corse, les zonages AU (à urbaniser) des PLU couvrent de très importantes superficies. Ils spolient des terres agricoles de bonnes potentialités pour une “mise en valeur résidentielle”.
Pour répondre à l’objectif « île, terre d’agriculture »,  le futur Padduc devra assurer l’inconstructibilité des terres à fortes potentialités agricoles des plaines et des coteaux, qu’elles soient exploitées ou non.


Doubler l’emprise urbanisée actuelle… De très nombreuses communes littorales visent cet objectif dans leur document d’urbanisme ; la plupart des zonages ouverts à urbanisation étant pris sur des terres agricoles de fortes potentialités. Le bon sens et les bouleversements climatiques auraient du faire barrière à ces projets. Que dire aussi de la législation (voir encart) qui protège de toute urbanisation les terres de fortes potentialités agricoles. Hélas, il est déjà quelques années que la résidentialisation de la Corse est plus forte que les lois.

Les terres agricoles devraient en effet être protégées du fait du Schéma d’aménagement de 1992 qui a classifié ces différentes terres en fonction de leur potentialité de rendement. Cette classification s’illustre dans le tableau ci-dessous. Les terres classées CP1, CP2, CPB1, CPB2 ont les plus fortes potentialités agrosylvopastorales. Le Schéma d’aménagement de la Corse, dont la portée est légale puisqu’il vaut directive territoriale d’aménagement, affirme que les espaces agricoles de plaine, de basses vallées irrigables et les piémonts de faible pente ont une vocation agricole dominante et pérenne. Une affectation différente est interdite sur toutes les terres classées CP1, CP2, CPB1, CPB2.

La réalité est autre. Le seul exemple de Calinzana est éclairant. 108 hectares de zones à urbaniser du PLU (zonages AU) sont pris sur des prairies et des vergers d’oliviers centenaires de très bonnes terres agricoles. Ce qu’illustrent les clichés reproduits ci-dessous. Dans le respect du droit, tous les permis qui seraient délivrés sur ces terres agricoles devraient être déférés au tribunal administratif par L’État.

La Corse, terre d’agriculture et d’élevage, objectif officiellement reconnu, est en réalité vouée à disparaître puisque les zonages à urbaniser (AU) des PLU se sont multipliés sur les terres littorales. Là, pourtant, la géographie de l’île cantonne la majorité des terres de bonnes ou très bonnes potentialités : celles des plaines orientales et des étroites plaines alluviales des fleuves. Certaines zones de piémont (haute plaine du Reginu, en Balagne, par exemple) possèdent  aussi des espaces  à  fortes potentialités, aujourd’hui également menacés.

Les perspectives de développement de l’agriculture sont en conséquence entravées par la pression touristique, la pression foncière (et les phénomènes de submersion). Si leur superficie est restreinte par la submersion et par l’urbanisation, il ne restera plus assez de terres à cultiver.

Bien que l’agriculture reste le mode de gestion principal des espaces littoraux, elle ne pourra conserver son rôle de production et de protection des paysages qu’à la condition d’être suffisamment forte, protégée dans son assise foncière et assurée dans ses débouchés.

Pour répondre à l’objectif « île, terre d’agriculture », le Collectif Littoral demande que, dans le futur Padduc, les cartographies Amandier (celles qui cartographient les terres agricoles de fortes potentialités) soient conservées et que  soit garantie l’inconstructibilité (statut pérenne) des terres à fortes potentialités agricoles, des plaines et des coteaux, qu’elles soient exploitées ou pas.