La décision de la Cour des appels correctionnels de Bastia est tombée le 5 juillet. Les juges n’ont pas ordonné la remise en état des lieux. Pas de démolition donc des deux villas de 670 m2 de Pierre Ferracci, villas construites sans permis, dans l’espace remarquable inconstructible de la baie de Rundinara, en plein maquis, sur la commune de Bunifaziu.
Le 8 février 2016, en première instance, la chambre correctionnelle du TGI d’Aiacciu avait déclaré la SCI Tour de Sponsaglia, représentée par M. Pierre Ferracci, coupable d’avoir, entre 2010 et 2013, construit deux villas non autorisées par un permis de construire et l’avait condamné à un million d’euros d’amende, mais pas à la démolition des bâtiments.
Seules les deux associations, ABCDE et U Levante avaient fait appel de ce premier jugement… Et pourtant, soulignons que dans ce dossier, le 7/11/2013, le Préfet Mirmand avait écrit :
Les villas, en juin 2014
Localisation des villas, au sein de plusieurs km2 indemnes de toute construction
Pendant les travaux, le saccage d’un site et d’une forêt littorale
Cette décision est très importante. Si une famille puissante (financièrement et relationnellement) se permet de construire, sans permis, dans un lieu protégé, vierge, sans respecter l’arrêté interruptif de travaux qui lui a été signifié et n’est condamnée qu’à une amende (faible comparée à la valeur estimée des deux villas), sans obligation de détruire, la porte s’ouvre pour une bétonisation illimitée de lieux, pour l’instant indemnes, par des personnes fortunées qui se moqueront d’avoir à payer une amende.
Selon U Levante et ABCDE, la remise en état des lieux était un impératif pour la protection de l’environnement et le respect des lois qui le protègent.
Au delà de l’aspect illégal du vandalisme, il y a l’illégitimité, l’atteinte immatérielle, morale.
La seule idée de bétonner un tel site relevait déjà en soi du sacrilège, de l’outrage et d’un total irrespect pour le bien commun inaliénable que rien ni personne ne devrait pouvoir souiller fût–il fortuné, car la mémoire collective d’un lieu, son histoire, ne peuvent être avilies par une quelconque valeur marchande, le passage à l’acte un blasphème, une profanation.
Aucune amende ne peut compenser la flétrissure et seule la démolition et la remise en état pouvaient effacer la souillure.
http://www.ulevante.fr/villas-sans-p-c-de-pierre-ferracci-a-bunifaziubonifacio-suite/