Le padduc a créé des espaces mutables et des espaces remarquables inconstructibles mais aux contours effaçables sur une largeur de 100 mètres. Cette cartographie est source d’inquiétudes : épouse-t-elle des projets déjà ficelés?
Maria Guidicelli, Conseillère exécutive en charge du Padduc, vient-elle de répondre (Corse Matin du 11/11/2014) à cette question en s’appuyant sur un quartier d’Aiacciu : le quartier de Stiletto?
Pour elle, les cartes du Padduc ne sont pas un frein à la construction du nouvel hôpital et à l’extension de la nouvelle grande structure sportive et de spectacles “U Palatinu”.
U Levante apporte quelques précisions cartographiques.
De quel quartier d’Ajaccio s’agit-il et quels sont les liens entre les différents projets immobiliers et les cartes du padduc?
1- L’EMPRISE DU FUTUR HÔPITAL
Le projet de PLU de la commune comporte une zone UE (urbanisable) qui ne mordait que très marginalement l’espace remarquable de l’atlas de 2004 (en bleu foncé) mais qui empiète fortement sur la proposition d’espaces remarquables agrandis du Padduc d’octobre 2014. Cependant, ses contours, en bleu roi, d’épaisseur 100 mètres, étant “effaçables ” par la commune, et la superficie de l’ER pouvant être limitée au bord interne des contours … la zone UE ne devient que faiblement impactée par l’espace remarquable si la largeur du trait est “consommée” c’est-à-dire effacée.
La cartographie du Padduc 2014 « emprisonne » le projet de l’hôpital à l’intérieur de la zone mutable de Mezzavia limitée par le trait rose fuchsia (carte ci-dessous). Et la largeur de ce trait est sans doute également effaçable …
Maria Guidicelli dit dans l’article que l’épaisseur du trait – des traits – devrait permettre la construction de l’hôpital …. L’étude cartographique démontre qu’elle a raison. Il s’agit donc d’un premier cas à prendre en compte, si le permis est accordé et alors que les travaux ont débuté, dans l’inventaire des consommations des ERC à l’intérieur de l’épaisseur du trait, inventaire qu’elle s’est engagée à réaliser après un an de padduc.
2 – L’HÔPITAL, L’EXTENSION DE U PALATINU ET LES TERRES AGRICOLES
D’après la carte de destinations générales des sols du SAT (Schéma d’aménagement territorial) du Padduc (extrait reproduit ci-dessus), le projet de l’hôpital comme l’extension de U Palatinu sont effectivement concernés par des espaces agricoles dont la terminologie exacte est «espaces ressources pour le pastoralisme et l’arboriculture traditionnelle». Ces espaces n’étant pas des terres de fortes potentialités agricoles, ils ne sont pas soumis à une protection forte.
Dans l’article la Conseillère en charge du padduc précise que « dans le padduc, une marge d’érosion de 1% de ces zones est prévue en cas d’intérêt public majeur. »
Cette affirmation prête pour le moins à confusion : en effet la règle de l’érosion de 1% s’applique sur les espaces stratégiques agricoles, très protégés, et, a priori, à l’extérieur des espaces mutables.
On a à faire en l’espèce à des “espaces ressources pour le pastoralisme et l’arboriculture traditionnelle” à l’intérieur d’un EMUE (= espace mutable) dont l’aspect réglementaire de leur « consommation par mutation » n’est pas encore clairement défini.
Bilan : pour pouvoir être réalisé, le projet de l’hôpital d’Aiacciu avait besoin d’empiéter sur des espaces remarquables (nouvellement créés). On comprend donc mieux, avec cet exemple, pourquoi l’épaisseur des traits a été “non négociable”.
Espaces agricoles mutables et épaisseur effaçable des traits pourraient être appliqués à d’autres projets comme celui de l’autoroute nouvelle prévue sur la plaine de La Marana, voie envisagée pour desservir le projet de port de La Carbonite, ou pour un projet de zone industrielle à U Viscuvatu/Venzolasca. Reste à connaître les projets des autres communes concernées … qui doivent déjà être dans les cartons.