Assistons nous, hélas, à la mise en place des conditions de réalisation d’une usine de TMB ?
La CAPA (Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien) interpellait ainsi ses administrés dans deux encarts publicitaires pleine page de Corse Matin des 30 juin et 2 juillet 2016 en précisant également qu’ « avec les moyens mis à disposition sur le territoire de la CAPA, c’est près de 50% des déchets de votre poubelle qui peuvent être triés et valorisés ».
Après notre premier article publié le 24 juin dernier ( http://www.ulevante.fr/lecture-de-la-politique-des-dechets-de-la-capa/ ) exposant les grandes lignes de la politique de la CAPA en la matière et notre analyse , nous vous proposons un point à la moitié de la saison estivale.
Quel bilan provisoire à l’approche de la mi-saison estivale ?
Si l’expérience débutée en début d’année, dans l’hyper-centre ajaccien semble donner des résultats encourageants (mais symboliques) (1) et épargner ainsi la vue et l’odorat des croisiéristes et autres passagers du « petit train », la situation est beaucoup plus délicate dans les autres quartiers d’Ajaccio !
Manifestement, comme en attestent les « instantanés » pris ces derniers jours dans Ajaccio les consignes de tri que s’époumonent à répéter la CAPA et la Ville d’Ajaccio n’ont que peu d’effets : les bacs de tri sélectif (jaune, vert, bleu) ou points d’apports « volontaires » ne remportent pas un franc succès même quand ils sont à proximité immédiate des containers « gris » débordant de bouteilles en plastique ou en verre, de cannettes, cartons ou journaux !
Les points d’apport volontaire : leurs limites
Les points d’apport volontaire (PAV) n’ont permis, nulle part ailleurs, d’obtenir des taux de valorisation des ordures ménagères importants: les taux des collectivités qui se « contentent » de cette stratégie plafonnent toujours autour de 20% ; seule une frange concernée, voire « militante » de la population adhère.
Peut-on pour autant parler d’incivisme de la part des autres habitants? L’expérience de l’hyper-centre semble démontrer, qu’au contraire, au bout de quelques semaines de rodage, et d’une surveillance active de la part des employés municipaux, les bonnes habitudes se prennent.
Pour autant les PAV peuvent néanmoins venir utilement en complément d’une stratégie de collecte séparée des ordures ménagères au porte à porte.
La communication de la CAPA
Dans sa communication fin juin début juillet par voie de presse la CAPA affirme donc qu’ « avec les moyens mis à disposition sur le territoire de la CAPA, c’est près de 50% des déchets de votre poubelle qui peuvent être triés et valorisés » …et précise en bas de page « trier c’est réduire de 50% le volume de nos poubelles et de 30% leur poids ». Cet objectif pourrait être atteint avec les moyens mis à disposition sur l’hyper-centre (ville génoise, marché, rue Fesch,…) mais ne le serait à terme sur le reste de la CAPA que quand le porte à porte sera généralisé.
Soulignons de nouveau que la généralisation de la collecte en porte à porte auprès des particuliers envisagée par le Pays Ajaccien ne concerne que les emballages.
Sont ainsi exclus de leur stratégie
- Les autres déchets valorisables « classiques » : papiers, journaux, verre
- Mais surtout les bio-déchets à l’origine des pollutions diverses engendrées autour des centres d’enfouissement.
De fait, la CAPA milite pour une stratégie alternative : chaque article ou interview des responsables de la CAPA ou de la mairie d’Ajaccio ne donne comme porte de sortie à la crise des déchets que la future « usine de tri et de valorisation »…sans en préciser l’échéance !
Même si, d’aventure, une telle installation devait voir le jour faudra t-il subir pendant encore au moins trois ans des amoncellements de détritus à chaque coin de rue ?
Les riverains des centres d’enfouissement devront-ils continuer à subir la noria de camions et les effluves de nos poubelles urbaines ?
Le contribuable ajaccien pourra t-il digérer facilement la bagatelle de trente millions d’euros d’investissement, investissement non compatible avec le plan d’action de l’Exécutif territorial?
Redisons le, ne pourrait-on pas imaginer l’installation d’une plate-forme de compostage urbaine tel que préconisée, elle, dans le plan d’action
- plus “rustique” et donc plus robuste
- plus économe pour les finances communautaires
- radicalement plus efficace pour supprimer l’enfouissement des bio-déchets, dont les nuisances sont à l’origine de la révolte légitime des riverains des CET?
Il est encore temps de concrétiser une ville plus belle, un territoire performant en matière de collecte (voire de traitement) de ses déchets et solidaire avec les communes du rural.
(1) : La mise en place d’une collecte au porte-à-porte dans l’hyper-centre (ville génoise, marché, rue Fesch,…) (1800 foyers, restaurateurs, commerçants)concerne :
- des emballages une fois par semaine
- des autres ordures ménagères cinq fois par semaine
Les bio-déchets, le papier ou le verre sont donc mélangés avec les autres ordures. Le bénéfice est ainsi actuellement d’une tonne d’emballages par semaine, ce qui est encourageant mais… peu significatif. Pour le moment, son périmètre est encore trop restreint pour permettre un effet important sur le tonnage envoyé à l’enfouissement.