Les problématiques de gestion du littoral corse sont bien connues et étudiées depuis au moins 50 ans par les institutions et les scientifiques.
En 1985 déjà, il y a donc 35 ans : “La gestion du littoral doit prendre en compte les prévisions d’élévation du niveau de la mer dans l’aménagement du littoral, anticiper et intégrer l’augmentation des risques de submersions marines et d’érosion côtière.” http://www.corse-du-sud.gouv.fr/le-risque-littoral-ou-submersion-marine-a1985.html
Le 19 décembre 2019, la plus récente publication, celle de l’Office de l’environnement de la Corse, “BEZERT, G., (2019). Érosion du littoral : Définition des grandes orientations et méthodologie pour l’élaboration d’une Stratégie Territoriale Corse de Gestion Intégrée du Trait de Côte. Rapport OEC, Corti, 52 p”, a donné lieu à un débat au sein de l’Assemblée de Corse et à des décisions d’études nouvelles : actualisations à effectuer, connaissances à enrichir, cartographies à améliorer…
Et, le 20 décembre, la tempête Fabien est arrivée : pluies diluviennes, vent en tempête, vagues de submersion, dégâts considérables. Par exemple, sur la dune de Tenutella, proche de l’embouchure du Taravu, les propriétaires des villas construites sur la dune ont du souci à se faire (voir image ci-dessus) : la dune a reculé de plusieurs mètres, une “falaise de sable” de plusieurs mètres est visible, les vagues ont démoli les “remparts” de béton…
La Corse peut-elle se permettre d’attendre de nouvelles études ? Sûrement pas. D’autant que les zones d’érosion maximale sont connues et même cartographiées dans le PADDUC !
Le PADDUC préconise ( Annexe 6, Schéma de Mise en Valeur de la Mer, Livre II « Orientations et prescriptions » ) :
- que les Plans Locaux d’Urbanisme élargissent, dans ces secteurs, la bande littorale inconstructible à plus de cent mètres, comme le leur permet le 3ème alinéa de l’article L. 146-4-III du code de l’urbanisme « le plan local d’urbanisme peut porter la largeur de la bande littorale à plus de cent mètres lorsque des motifs liés à la sensibilité des milieux ou à l’érosion des côtes le justifient. ». Dans les secteurs soumis à une forte érosion, les documents d’urbanisme locaux doivent prévoir des coupures à l’urbanisation dans les secteurs proches du rivage à dominante naturelle pour respecter un espace de liberté pour le littoral ;
- d’évoluer vers une doctrine de recomposition spatiale du territoire, lorsque la relocalisation des activités et des biens est inéluctable, compte tenu du risque encouru (page 88) ;
- pour les secteurs à forts enjeux, le recul stratégique est préconisé à moyen/long terme (page 92).
La position des associations de protection de l’environnement est très ancienne et n’a pas varié : il est indispensable de porter sans attendre la bande littorale à plus de cent mètres dans les secteurs submersibles, même en zone urbaine et d’organiser le recul stratégique … sans attendre encore 50 ans.
Et appliquer le PADDUC.