Déchets en Corse : décharges immondes et projets inutiles : STOP !

Les décharges sont devenues intolérables, car on y enfouit tous les déchets, dont la partie organique fermente, dégage des odeurs pestilentielles, produit des gaz et des jus toxiques.

Même si on ne peut pas se passer de centres d’enfouissement pour accueillir les déchets résiduels inertes non valorisables (20 % des ordures ménagères), il est indispensable de détourner en amont tous les déchets humides (+ 30 % de la poubelle et 50 % du poids), les déchets dangereux (piles, solvants, peintures) et tout ce qui peut être recyclé (papiers, cartons, plastiques, métal, verre, bois, vêtements, etc). Dans ces conditions, on allonge spectaculairement la durée de vie des centres de stockage et surtout on supprime les nuisances.

Face à la crise actuelle, on veut nous faire croire à des solutions miracles : le projet d’usine de Tri Mécano Biologique (TMB) à Tallone, ou pire le retour d’un projet d’incinérateur.

Les usines de TMB et les usines d’incinération sont une mauvaise solution

Là où elles sont implantées, le tri régresse car leur rentabilité est liée à la masse de déchets qu’elles reçoivent, surtout lorsqu’ils sont bruts et chargés d’humidité, car tout est facturé au poids. Elles créent peu d’emplois.

Les usines de TMB sont censées trier en bout de chaîne des déchets bruts et produire du compost. En réalité celui-ci est inutilisable donc enfoui ou incinéré. Dans le projet de Tallone 2 seuls les métaux seraient récupérables. Ainsi 95 % du flux serait enfoui ; de plus en été 20 000 tonnes iraient directement à l’enfouissement sans passer par l’usine. Cela permettrait de prolonger le système : même coûts de transport, mais avec une augmentation du coût de traitement.

Les incinérateurs brûlent des déchets en mélange, ce qui est encore pire que brûler du fioul lourd. Malgré les normes, ceux de dernière génération continuent d’émettre des fumées et des particules polluantes. Ils sont un gouffre financier pour les contribuables avec des coûts de traitement exorbitants qui ne cessent d’augmenter (100 à 160 €/t).

Pour tenter de rentabiliser les coûts de construction (150 M €) et de fonctionnement, les incinérateurs doivent brûler d’énormes quantités de déchets, et fonctionner à plein régime, 24 h/24 et 365 jours par an. On y brûle tout, même les déchets dangereux et l’eau des déchets humides, auxquels il est indispensable d’ajouter cartons et plastiques qui devraient aller au recyclage. Dans une région touristique comme la Corse, les inévitables « vides de fours » en dehors de la période estivale exigent l’importation de déchets à brûler, comme cela est pratiqué en France et dans les pays nordiques.

Halte aux projets inutiles : ni usine de TMB, ni incinérateur

L’exemple du département du Haut-Rhin est bien connu. La mobilisation citoyenne a permis de bloquer un projet d’incinérateur à Aspach-le-Haut et a débouché dans la région de Thann Cernay sur la mise en place de la collecte séparée au porte-à-porte, y compris des déchets de cuisine avec une tarification incitative. Le taux de valorisation atteint 80 %. En Corse on recycle environ 10 %

Les déchets ne sont pas une fatalité, mais leur mauvaise gestion en fait une bombe à retardement pour les générations futures.

Mettons à profit le retard pris en Corse pour adopter la seule organisation actuellement reconnue pour son efficacité, ses bénéfices environnementaux et sa maîtrise des coûts.

C’est la démarche Zero Gaspillage, Zero Déchet. A strattegia Zeru Frazu !

Il faut mettre en place en Corse les solutions qui ont fait leurs preuves pour traiter les déchets !

Cessons de parler de « tri sélectif », tel qu’il a été proposé jusqu’à présent. Non seulement il a prouvé son inefficacité, mais il a réussi à décourager les citoyens.

Appliquons la politique des territoires qui réussissent, comme en Alsace, Bretagne, Franche-Comté, région de Toulouse, dans 217 communes en Italie (dont Capannori, Milan, Olbia), en Espagne (Catalogne, Pays Basque), au Royaume Uni, en Slovénie, à San Francisco, New York, etc. Ils compostent ou recyclent jusqu’à 82  % du contenu de leur poubelle !

Cette politique de collecte « gagnante » repose sur trois principes :

1 – la séparation des biodéchets dans la cuisine (épluchures, marc de café, restes) et traitement spécifique simple et économique par compostage,

2 – la collecte au porte-à-porte alternativement de chaque catégorie de déchets triés, y compris les biodéchets (hors compostage individuel), ainsi que des déchets résiduels non recyclables

3 – mise en place d’une facturation qui prend en compte la réduction et la qualité du tri : « moins je jette, mieux je trie, moins je paie ».

Après la collecte séparée, la valorisation est maximale !

Les solutions industrielles sont très efficaces pour valoriser les déchets triés en amont à la maison  :

1 – Les centres de tri pour la séparation et le conditionnement de déchets par flux (plastique, aluminium, métal, papiers, cartons, verre) en amont des usines de recyclage par type de matériaux.En Corse pour l’instant il n’y a pas d’usines de recyclage pour le verre, le papier, les métaux, plastiques, etc. ; ils sont envoyés sur le continent. L’implantation des usines de tri est logiquement à proximité des villes portuaires où se trouvent les plus gros « gisements » de déchets et pour l’exportation des matières triées.

2 – Les usines de compostage pour traiter exclusivement les biodéchets de cuisine et déchets verts, qui donnent un compost d’excellente qualité, sont implantées dans le voisinage des agglomérations. Dans les régions plus rurales et dispersées les plateformes de compostage de proximité et le compostage domestique sont la base des solutions.

Cette méthode crée des emplois. La vente des matériaux recyclés et du compost génère des recettes. Les distances de transport sont diminuées.

VIVE la démarche Zéro Déchet, Zéro Gaspillage,  A Strattegia Zeru Frazu !

 

Renseignements :

A Strattegia Zeru Frazu en Corse   Mail : zeru.frazu@gmail.com   Tél. 04.95.55.16.16 / 06.16.82.60.85

Zero Waste France Paris organise des journées destinées aux élus et techniciens, aux citoyens et responsables associatifs ou consultants souhaitant se former sur cette thématique. Une formation décentralisée en Corse peut être envisagée.

Paris : Laura Chatel, chargée de mission programme « Territoires Zero Waste »   Mail : laurachatel@zerowastefrance.org   Tél. : 01.55.78.28.60 / 06.29.85.75.95

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