Pas moins de 200 000 m3 (240 000 tonnes) de vases et de roches devraient être extraits du port de Portivechju pour être rejetés au large. L’association portovechiaise, pour le libre accès aux plages et la défense du littoral analyse en détail les causes et les conséquences de ces travaux très dangereux et sans fondement.
Il est question d’entreprendre des travaux de dragage pour approfondissement des bassins du port de commerce de Portivechju. Vanité… La rivière du Stabiacciu, mais également les cours d’eaux, de la Matunara, Lagunieddu et de l’Oso transportent naturellement, depuis la nuit des temps, leurs alluvions dans le golfe de Portivechju. Quoi qu’on fasse ils continueront inlassablement leur œuvre de façon inexorable de comblement du fond marin. L’homme doit comprendre qu’il ne pourra jamais surmonter ce phénomène naturel. Qu’il devra sans cesse, procéder à de nouveau dragages, investir continuellement des dizaines et des dizaines de millions d’euros, pour maintenir une profondeur dans un site totalement inapproprié.
Ce qui représente un gâchis financier et économique considérable et une atteinte irréversible au droit de l’environnement sur un site ultra protégé. Il n’y a donc pas lieu de poursuivre dans cette voie sans fin. Qu’avec six ports en Corse, il y a la possibilité de faire accoster des bateaux de grande taille.
Le golfe manque de profondeur. À partir des années 60, avec l’essor touristique et l’urbanisation croissante, Portivechju veut son port de commerce. Mais le golfe manque de profondeur, il faut donc creuser un chenal, et descendre – 5 à – 6 mètres de profondeur. Pour ces travaux de dragage on fait appel à l’entreprise Marcellin, spécialisée dans ce genre de travaux. En 1968, commence le dragage, à l’aide d’une grosse grue fixée sur une plateforme flottante, le sable vaseux est extrait du fond, ces sédiments sont chargés dans un chaland à clapets et sont déversés, de façon anarchique, aux quatre coins du golfe. Le dragage s’est fait du pied du quai existant, en ligne droite jusqu’à la « Punta di a Rena ». Mais c’était peine perdue puisque, cinq après, à la suite des fortes précipitations hivernales, via la rivière du Stabiacciu, les alluvions ont de nouveau comblé le chenal. Pour reprendre de la profondeur il fallait entreprendre un nouveau dragage.
En 1975, on fit venir une importante embarcation d’extraction hydraulique, qui se stabilisait sur le fond à l’aide de gros vérins et se déplaçait à fur et à mesure que la profondeur était atteinte. Les sédiments étaient transvasés, jusqu’à terre, dans de gros tuyaux en fer. La mise en dépôt du sable et des boues s’est faite à l’Est des marais salants, provoquant, de fait, l’assèchement et le comblement de la lagune sur environ une trentaine d’hectares. Créant une dune artificielle d’environ 2,50 mètres de hauteur. Ces dragages ont également entraîné la destruction de plus de 100 ha de posidonies et autres herbiers protégés du golfe.
Malgré ce dragage gigantesque, le bassin d’évitage ne cessait de s’ensabler et les navires talonnaient sans cesse le fond. En 1993 il fallait à nouveau draguer, mais se posait le problème aigu de la réutilisation des rejets les vases. Des analyses, effectuées par le BRGM (1992) décelaient dans les sédiments prélevés dans les futures zones de dragages une teneur toxique trop élevée. Ce qui fit prendre une décision courageuse à la préfecture de Région d’interdire les rejets en mer. On construisit alors à la hâte et en catimini une digue d’enclôture par enrochements, prise sur la plage et sur la mer d’environ 1,5 hectare, dans le prolongement du terre-plein du port de commerce (sur le domaine public maritime). Et on y déposait les produits du dragage. Procédé déjà utilisé lors de la construction du port de plaisance au début des années 70 où l’on a comblé 3 hectares de mer.
En 2009, la SNCM acquiert un navire de grande taille (le Jean Nicoli). Pour permettre à ce dernier d’accéder au port, un nouveau « régalage » (dragage) a été nécessaire et les vases ont été rejetées dans le terre-plein. Malgré ce nouveau dragage le navire de la SNCM étant trop long et ne pouvant manœuvrer dans le bassin d’évitage est forcé de rentrer à quai en marche arrière, tracté par un remorqueur ; cette manœuvre très coûteuse perdure encore en saison estivale.
Les derniers dragages, semi-clandestins, ont été entrepris en 2011 et en 2012, toujours à proximité du port avec la poursuite du dépôt des sédiments et des boues dans le terre-plein. Tous ces dragages se sont faits sans étude d’impact et sans enquête publique préalable, pourtant obligatoires.
Récemment, sur une partie du terre-plein, a été aménagé le parking d’accès à l’embarquement.
On ne compte plus le nombre de fois que les navires de la SNCM et autres navires de croisières se sont échoués sur les bancs de sables à proximité du quai.
Saccage de la plage et de la zone humide du Stabiacciu. Suite au dragage de 1975, la plage et l’arrière-plage du delta du Stabiacciu, haut lieu de baignade, de rencontre et d’activité de pêche récréative pour les jeunes, ont été sacrifiées et enlevées aux Porto-Vecchiais.
Depuis, le secteur, autrefois très fréquenté, est aujourd’hui complètement abandonné et ne cesse de se dégrader. Sur ce site, d’une beauté exceptionnelle, on constate la présence de déchets en tout genre, qui affectent fortement sa qualité (chalands, barges, tuyaux, fers rouillés, carcasses de bateaux échoués et abandonnés et autres déchets polluants). Les études sur la qualité des cours d’eau de la Corse (Office de l’environnement, Direction régionale de l’énvironnement et Agence de l’eau, document année 2000) classent la rivière du Stabiacciu en très mauvaise qualité. L’intensité de cette pollution est due en grande partie aux rejets de la station d’épuration, (sous-dimensionnée prévue pour 30 000 équivalents habitants + 150 000 habitants en saison estivale), qui s’écoulent directement dans la nappe alluviale et vers la mer. Mais aussi par les lexiviats de l’ancienne décharge publique qui, par percolation, continuent de polluer la nappe phréatique, en particulier lors de fortes précipitations.
La pollution de ce site représente un frein pour le développement économique de cette zone humide. En effet, la dégradation de la qualité du paysage et de la qualité des eaux n’incitent pas les gens à fréquenter ce lieu.
Il faut aussi savoir que les atteintes à ce haut lieu naturel (zone humide du Stabiacciu et le golfe) ont été multiples et continues depuis des décennies. Les agressions se sont faites sur plusieurs points du rivage (domaine public maritime) par : des comblements sauvages par apports terrigènes, par des enrochements et pose de corps morts anarchiques, par des constructions d’escaliers et de pontons en dur et même par des dragages sauvages aux abords de certaines criques et en toute impunité.
À ces atteintes, il faut ajouter l’urbanisation anarchique sur les deux rives du golfe où des constructions ont été édifiées à même la bande des 100 mètres (pourtant inconstructible) et dans les espaces proches du rivage, dépourvus de réseaux d’assainissement dont les eaux, par infiltration, ne peuvent être sans conséquence pour le milieu marin et les eaux de baignades (enrochements : embouchures du Stabiacciu, plage de Cala Rossa, plage de Georgeville, pour ne citer que les plus visibles).
Impact négatif sur le milieu marin. Le projet pharaonique du port de plaisance de Portivechju risque, s’il était réalisé, d’avoir un impact très négatif sur le milieu marin, lagunaire et terrestre du golfe. Projet démentiel qui s’étalera sur une superficie d’environ 100 hectares. Situé au fond du golfe dans des eaux de faible profondeur variant entre 1 m et 2,50 m et constellés de roches. Ce qui présage d’importants travaux de dragages et de déroctages (posant à nouveau le problème du lieu de stockage des matériaux vaseux toxiques et des matériaux solides).
Malgré ces agressions permanentes, ce golfe demeure, au point de vue halieutique, un incomparable vivier naturel. Il constitue une véritable nurserie et une mosaïque d’habitats ou nichent et se reproduisent de nombreuses espèces. Les zones sableuses et vaseuses associées avec les communautés vivantes forment en certains endroits une excellente biocénose. Dans ce golfe vivent de nombreuses espèces de poissons : dorades royales, loups, rougets, pajots, rascasses, marbrés, soles, dentes, chapons, mulets, seiches, poulpes, calamars, congres, murènes, corbes, labres, hippocampes, cigales de mer, raies et roussettes de toutes variétés, tortues marines, bonites, thon germons, mérous, turbos, anguilles, congres, crabes, etc.).
Mais aussi une multitude de variétés de coquillages : (moules et huîtres, palourdes, couteaux de mer, grandes nacres, etc.).
En toutes saisons des colonies de dauphins viennent se nourrir de planctons et de poissons dans le golfe.
Dans ce golfe s’est pratiquée depuis toujours la pêche artisanale faisant vivre une dizaine de familles de pêcheurs, qui ont su nourrir le village en son temps. C’est un golfe fermé et abrité de tous les vents, qui permet aux professionnels de travailler en toute sécurité. Une activité traditionnelle qu’il faut à tout prix maintenir voire à développer.
Protections du site du Stabiacciu et du golfe de Portivechju. La biodiversité est une richesse qui tend à disparaître. En effet les espèces animales et végétales ont toujours été menacées par les catastrophes naturelles. Aujourd’hui, ce phénomène d’extinction est accentué par les activités humaines, qui sont devenues les principales sources de dégradation des écosystèmes.
De ce fait, depuis la convention des Nations Unies de Rio sur la diversité biologique en 1992, la communauté Européenne a décidé d’adopter une directive relative à la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages, afin de sauvegarder cette biodiversité sur le territoire européen. Cette directive, également appelée directive Habitats ou directive 92/43 CEE, prévoit la mise en place d’un réseau écologique appelé réseau Natura 2000.
Dans ce conteste le gouvernement français a également adopté une stratégie nationale pour la mise en place d’Aires marines protégées. Plus spécifiquement pour la Bretagne Nord, la Bretagne sud et la Corse. Sous l’égide de la Collectivité territoriale de Corse et de l’État une Analyse stratégique régionale a été conduite par les deux parties. La mise en œuvre du travail a été confiée à l’Office de l’environnement de la Corse en partenariat avec l’Agence des aires marines protégées. Une phase de large concertation a été engagée, avec les acteurs concernés, à l’échelle de la région Corse. Cette démarche a abouti à l’extension et à la création d’aires marines protégées approuvées par l’assemblée de Corse à la fin de l’année 2011.
Le golfe de Portivechju et ses eaux extérieures font partie du réseau Natura 2000 et des aires marines protégées en accord avec la convention des Nations Unies et les directives Habitats européennes.
Le golfe de Portivechju bénéficie donc de fortes protections :
D’après différents relevés scientifiques, les fonds marins du golfe de Portivechju sont tapissés d’importants herbiers de Posidonia oceanica (type d’herbier assez rare pour cette espèce).
Egalement identifiée : l’écomorphose des herbiers « tigrés » (espèce endémique protégée).
L’immense zone du Stabiacciu est classée Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (Znieff I).
On ne peut servir dieu et le diable à la fois, ces outils de protection ne peuvent servir de camouflage à la destruction de sites remarquables.
Nous sommes très très surpris de voir participer à l’élaboration du projet de dragage et de rejet en mer, les représentants de la réserve naturelle des Bocche di Bunifaziu, les représentants des pêcheurs professionnels, de la police de l’eau, de l’Ifremer.
Endossés à la zone humide du Stabiacciu, se trouvent les marais salants, les seuls qui subsistent en Corse et dont l’activité s’est arrêtée en 2000.
Ces salines méritent, selon nous, un classement au titre de la loi du 2 mai 1930.
Vu les nombreuses protections dont fait l’objet le golfe et son interface terrestre, et du fait que Portivechju n’a aucune vocation à être un grand port de commerce, étant donné que d’une part le site n’est pas approprié (faible profondeur) et que d’autre part, le trafic passagers et marchandises n’est pas très développé, on aurait pu croire que les autorités politiques et administratives allaient renoncer à tout nouveau dragage. Il n’en est rien ! Nos élites persistent à vouloir continuer les dragages du golfe. Pas moins de 200 000 m3 (240 000 tonnes) de vases et de roches, vont être extraits du fond et rejetés au large. À titre de comparaison les vases représentent 8 fois le volume des vases qui ont été déposées dans le terre-plein, à proximité du port de commerce.
Il faudra recommencer. Chaque nouveau dragage ne réglera le problème d’envasement que de façon provisoire, et qu’il faudra bien vite recommencer. Ceci en raison des apports alluvionnaires et sédimentaires incessants du fleuve Stabiacciu que personne n’aura jamais les moyens d’empêcher. Le comblement progressif du delta du Stabiacciu et de la partie terminale du golfe de Portivechju résulte en effet d’un processus naturel qui ne s’arrêtera pas, quels que soient les moyens mis en œuvre pour en contrer les effets. C’est donc à la base, le choix du lieu d’implantation du port de commerce qui est contestable et qui devient irresponsable et indéfendable lorsqu’on a, de surcroît, la prétention de vouloir augmenter sa capacité d’accueil (c’est le mythe de Sisyphe qu’on nous propose de payer avec les deniers publics)
Le port de Portivechju n’a aucune vocation à être un grand port de commerce, aussi bien du point de vue passagers (à peine 141 549 passagers en 2011 soit seulement 10 534 passagers supplémentaires en 10 ans et à titre de comparaison le port de Bunifaziu 267 000 passagers en 2006 source Corse-Matin) que du point de vue marchandises (205 654 tonnes de marchandises en 2011 soit seulement 40 324 tonnes de plus en 10 ans) (étude d’impact page 50). Concernant les marchandises, le système de comptage englobe le ciment qui est livré par navires spécialisé soit 100 000 tonnes par an et le poids des remorques ainsi que leurs tracteurs qui est comptabilisé en sortie. Ce qui laisse en réalité 70 000 tonnes de marchandises transportées. Ces chiffres démontrent que les structures existantes sont surdimensionnées pour sa réalité économique.
Le coût de tels travaux (10 M€) est important et dans ces temps de crise, nul n’a le droit de dilapider l’argent public, en le « jetant » pour ainsi dire à la mer.
Il est plus logique et responsable de maintenir le port de commerce dans son état actuel, en faisant venir des bateaux de taille raisonnable.
La Corse dispose de six ports, dont la plupart en eau profonde; la distance routière qui nous sépare de certains ports est faible (70 km pour le plus proche 150 km pour le plus éloigné), et il vaut mieux investir cet argent pour améliorer les axes routiers.
Aucune concertation préalable n’a été menée dans le cadre des travaux de dragage du port de commerce de Portivechju.
Le Projet de dragage soumis à Enquête publique. Le département de la Corse-du-Sud souhaite réaliser de nouveau des travaux de dragage pour l’approfondissement des bassins du port de commerce de Portivechju. Ces travaux de dragage consistent à créer un cercle d’évitage de 250 mètres de diamètre et à porter la profondeur à 8,50 mètres. Les matériaux qui seront dragués sont constitués de vases et de sables. Le volume estimé du dragage sera compris entre 166 000 m3 et 187 000 m3 (selon la technique de dragage) et 11 000 m3 de matériaux rocheux.
Les matériaux extraits seront transportés par chalands à clapets au large du golfe et rejetés sur les fonds marins sur une zone de 170 hectares.
Sur la forme :
• La date choisie (fêtes de fin d’année) n’est pas la plus appropriée pour une enquête publique de cette importance.
• Le dossier d’enquête publique a été confiné dans un bureau au rez-de-chaussée de la mairie (exigu et occupé par cinq employés communaux), rendant la consultation difficile.
• L’article 8 de l’arrêté préfectoral n° 201327-0001 en date du 22 novembre 2012 stipule : « Les conseils municipaux des communes de Portivechju, Lecci et Santa Lucia sont appelés à donner leur avis sur la demande d’autorisation dès l’ouverture de l’enquête publique. Ne peuvent être pris en considération que les avis exprimés, au plus tard, dans les quinze jours suivant la clôture du registre d’enquête. »
• Or, le conseil municipal de Portivechju a délibéré le 12 décembre 2012, soit sept jours avant l’ouverture de l’enquête (entachée d’irrégularité).
• Vu les contradictions avec « le Rapport des études préliminaires et le Schéma directeur d’aménagement des ports de Portivechju de mars 1998 » établi pour le Conseil général de Corse-du-Sud, il semble que le présent dossier d’étude d’impact divulgue des informations erronées et partisanes.
À la lecture de l’étude d’impact, il y aurait une absence totale d’impact négatif pour les fonds marins, dans la zone de dragage comme dans la zone de rejet.
Des études scientifiques antérieures ont établi que les vases extraites du fond du golfe de Portivechju dépassaient les normes autorisées (relevés de 1992 portés sur le rapport 1998).
Nous affirmons au contraire que l’impact écologique sera très important car les travaux vont remettre en suspension dans l’eau d’énormes quantités de vases et des particules alluvionnaires chargées de métaux lourds et de polluants nocifs pour l’environnement tant sur le lieu d’extraction que sur les sites de rejet en mer.
Même si ces concentrations sont pour la plupart estimées inférieures aux seuils critiques de niveau 1 et niveau 2 de pollution des couches sédimentaires d’après les résultats de l’analyse chimique des prélèvements présentée dans l’étude d’impact de ce projet, il n’en demeure pas moins que les travaux vont remettre en suspension et répandre dans le milieu marin des métaux lourds (chrome, arsenic, cuivre, nickel, plomb, zinc), des hydrocarbures polyaromatiques, des organo-chlorés, des organo-stanniques (tributylétain), de l’azote…
Ces éléments qui étaient jugés relativement neutres tant qu’ils restaient prisonniers des couches sédimentaires, vont à coup sûr libérer des poisons très toxiques en pleine eau, ce qui ne manquera pas de contaminer l’ensemble des chaines alimentaires, à commencer par le plancton (zoo et phyto-planton), les mammifères marins, oiseaux marins et bien sûr l’homme consommateur de produits de la mer qui se trouve au sommet de la chaîne alimentaire.
Dans la zone portuaire de dragage, ces travaux vont aussi perturber gravement la photosynthèse végétale avec la dispersion des limons pulvérisés, responsables d’une augmentation de turbidité des eaux, et le dépôt massif des résidus sur la végétation sous-marine en raison d’un moindre brassage des eaux de ce secteur.
Pour les rejets en mer, il est dit dans le dossier d’enquête, que les vases du dragage seront transportées par « clapets » au large de la presqu’île de Pinarellu, sur l’isobathe des 70 mètres. Ce fond se situe en plein dans les aires marines protégées et à proximité de la réserve à langoustes des pêcheurs de la région. Etant donné que le courant dominant vient du nord, les vases éparpillées se déposeront donc immanquablement sur les fonds de la réserve.
Dans la zone de rejets, ces poisons se diffuseront selon les vents et courants non seulement vers la réserve au sud mais aussi à l’ouest vers les zones touristiques de baignade des golfes de Cala Rossa, Saint Cyprien, Pinarellu et Villata et autres plages.
La mer n’étant pas une décharge, tous les rejets quels qu’ils soient devraient y être strictement interdits.
Par ailleurs, l’analyse chimique des sédiments dans la zone de rejet révèle des concentrations anormalement élevées de deux hydrocarbures polyaromatiques (fluoranthène et benzopyrène) et surtout des taux très élevés d’organo-stanniques (DBT et MBT) ainsi que des taux critiques du tributhylétain (TBT) supérieurs au seuil de niveau 2 fixé par l’arrêté interministériel du 23 décembre 2009. Ceci met en évidence une pollution préexistante au sein des aires marines protégées d’un niveau alarmant et dont l’origine pourrait être des rejets de dragages précédents. Ces résultats semblaient tellement anachroniques au regard de « son expérience des sédiments de ce type en Corse » que l’organisme chargé d’étude à jugé bon de faire vérifier les analyses et le protocole expérimental par un autre laboratoire, qui a complètement confirmé le résultat initial.
La découverte de cette pollution importante des sédiments en pleine mer devrait logiquement pousser toute personne responsable à s’interroger sur sa provenance, son étendue réelle, son impact a priori et les solutions qu’il faudrait apporter à ce problème. Dans l’étude d’impact, au contraire, ce problème est rapidement éludé par la phrase suivante: « ces valeurs élevées dans le milieu n’auront pas de conséquences sur le rejet de sédiments qui sont moins contaminés que le milieu récepteur ».
Il est pourtant admis que les résultats qui se situent entre le niveau 1 et le niveau 2 sont susceptibles de déclencher des études complémentaires en fonction du projet et du degré de dépassement du niveau 1 et que les résultats dépassant le niveau 2 requièrent au minimum une étude d’impact approfondie et l’interdiction des opérations d’immersion dans l’attente de plus amples informations. Alors que dans le cas présent, le problème semble passer inaperçu et ne déclenche en tout cas aucune réaction appropriée.
Alors à qui veut on faire croire qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura plus aucun impact écologique ou humain, lorsqu’on s’apprête à déverser sans discernement et sans scrupule des résidus polluants (240 000 tonnes) dans une zone déjà fortement contaminée!!.
Nous sommes convaincus, qu’un nouveau dragage aurait des conséquences désastreuses et irréversibles sur la biodiversité des fonds marins du golfe et de la zone de rejet des vases.
Il ne faut absolument pas prendre le risque de détruire définitivement ce fabuleux patrimoine naturel et historique de notre région, que nous ont légué nos ancêtres et que nous nous devons de transmettre, dans les meilleures conditions, aux générations futures.
Soyons plutôt audacieux, prenons l’engagement maintenant et tout de suite, de réhabiliter intelligemment ce site exceptionnel indispensable pour l’avenir de Portivechju.
La pollution de ce site représente un frein pour le développement économique de ce lieu exceptionnel. En effet, la dégradation de la qualité du paysage et de la qualité des eaux n’incite pas les gens à fréquenter ce lieu.
Réhabilité, ce site serait très prisé par les habitants de Portivechju et des alentours. On pourrait l’aménager en espaces paysagers et de loisirs, en sentier de découverte voire de promenades en barque à rames à travers les canaux de la rivière. Evitons à l’avenir toute dégradation supplémentaire.
Nous demandons à toutes les autorités, politiques et administratives compétentes, d’émettre un avis défavorable aux travaux de dragage du port de Portivechju
Depuis des décennies le golfe de Portivechju n’a cessé de faire l’objet de l’attention de nombreux écrivains naturalistes en visite en Corse. Tous ont évoqué, entre autres, la beauté du golfe de Portivechju. Dans son livre intitulé « Portivechju d’hier et d’aujourd’hui » le docteur et historien Simon Grimaldi cite quelques passages de ces livres. En 1904, L. Leboudidier écrit page 193 : «… Du haut d’une tour qui est un des rares vestiges, on découvre au loin la campagne, la mer, et le port très long et très étroit, véritable fjord bien abrité, mais que l’ensablement et le défaut de profondeur rendent peu sûr… ». En 1926, des esquisses du livre « Sur les chemins de la Corse » le décrivent en ces termes, page 206 : « La marine de guerre avait projeté de faire de cette magnifique rade un point d’appui de la flotte. Mais son envasement et la faible profondeur de la partie voisine de Portivechju ont conduit, en raison des tirants d’eau de plus en plus fort des navires, à abandonner le projet. La compagnie de navigation Frassinet a dû renoncer, pour les mêmes raisons, à desservir ce port…». En 1928, sur un bulletin de la Société des Sciences Naturelles et Historiques de la Corse rédigé par Simon Comiti, il est écrit « …Le golfe de Portivechju est une magnifique pièce d’eau, abritée à l’Est par un promontoire massif, de nature gneissique, la presqu’île de la Chjappa. Il diffère des grands golfes de l’Ouest par son origine et sa profondeur. De plus le fond même du golfe apparait colmaté par les alluvions du Stabiacciu… ».
Dans le « Portivechju d’hier et d’aujourd’hui l’auteur écrit page 210 : «…Enfin le trafic de Portivechju est paralysé par défaut d’aménagement et d’outillage du port, par suite du peu de profondeur des eaux, les bateaux se tiennent à bonne distance du rivage. Les marchandises sont transportées par deux vieux chalands d’une portée de 80 tonnes, remorqués avec peine par un canot à rames… » En 1943, durant la deuxième guerre mondiale, pour des raisons stratégiques, les Américains ont terminé la construction d’un quai sur pilotis en bois de forme rectangulaire, à proximité de l’embouchure du Stabiacciu, dont la construction avait débuté pendant l’occupation Italienne. En 1955, ce quai est remplacé par un quai en dur, tout en longueur, parallèle à la plage, de faible profondeur mais suffisant pour les tartanes italiennes et autres caboteurs, qui transportaient, bois, charbon, sel et liège.