Un communiqué du Collectif Corsica Pulita – 19 août 2024
L’incinération avant l’heure ?
L’incendie du site de stockage de déchets à Baleone a provoqué un désastre écologique et mis en danger la santé de milliers de citoyens.
Cette catastrophe environnementale et sanitaire révèle des dysfonctionnements et des comportements hors la loi depuis des années sur ce site exploité par le groupe privé ROCCA :
– exploitation d’une installation classée pour la protection de l’environnement « non enregistrée »
– modification de son mode d’exploitation sans notification préalable, sans respect des règles générales et prescriptions techniques.
– non-respect des quantités et des types de déchets autorisés sur ce site.
Et, plus que surprenant, le silence indécent du Groupe Rocca.
Face à cet état des lieux une très grande interrogation :
Pourquoi a-t-il fallu un incendie sur ce site pour découvrir tout cela ?
Pourtant, les alertes n’ont pas manqué pour savoir combien ce secteur est explosif et combien il est nécessaire d’être omniprésent dans le contrôle de la gestion des sites :
- incendies criminels des centres de tri ou stockage à répétition sans d’ailleurs que leurs auteurs ne soient interpellés,
- rapports officiels qui alertent depuis longtemps sur la dérive mafieuse du secteur des déchets en Corse (SIRASCO),
- rapport de la CRCC qui pointe le coût exorbitant de la gestion des déchets.
Jusqu’à quand les irresponsables politiques en place vont-ils nous emmener dans le mur ?
Les groupes privés sur lesquels ils s’appuient sont-ils réellement capables de gérer des usines de traitement, des incinérateurs et des centres de stockage des résidus toxiques d’incinération ?
C’est incompréhensible.
Tous nos acteurs publics seraient-ils atteints de cécité chronique ?
Il faut qu’une enquête soit diligentée sans délai afin de déterminer les responsabilités à tous les niveaux.
Parallèlement, afin de garantir que la lumière soit entièrement faite, nous nous réservons la possibilité d’ester en justice.
Le président de l’Ofice de l’environnement de Corse, établissement satellite de la CDC, Guy ARMANET, suite à cet accident environnemental, déplore que « l’absence de plan déchets amène peut-être à une situation où le tout privé gère les déchets en Corse ». Mais le plan de prévention et gestion des déchets qui vient d’être voté par la CDC ne prescrit absolument pas une régie publique pour les centres de tri ou stockage. Le Plan, au contraire, se contente de suggérer, s’agissant des “projets actuels de centres multi-filières du Syvadec sur Bastia et Ajaccio” (…), qu’à ce jour “aucune dévolution de type Délégation de Service Public n’est prévue. (…) Le PTPGD ne s’oppose toutefois pas à ce que soient étudiées de telles orientations d’exploitation d’installations afin de permettre à la collectivité de rester partie prenante des installations” (page 143).
Pour résumer, nos irresponsables hommes politiques en seraient à simplement envisager de réduire un jour la part du privé dans la gestion des déchets…
En attendant, la situation est simple et claire : toute l’économie des déchets est privatisée au prix fort, et financée à 100 % avec l’argent public et des redevances ou taxes d’ordures ménagères très élevées, pour des prestations qui ne sont pas à la hauteur de la manne financière mise sur la table pour gérer ce dossier.