Aucun permis de construire n’a jamais été déposé pour un club-house. Or le golf accueille des golfeurs et l’existence d’un club-house et de tous ses composants est mentionnée sur plusieurs sites :
http://golf.voyages-gallia.fr/golf/golf-de-murtoli-france-184.php
http://www.via-selection.com/hotel/domaine-murtoli-sartene/
“La restauration n’en est pas oubliée…elle s’enrichit même… La Table de la Plage, la Table de la Grotte et maintenant le Bar et la Table de la Ferme, font une nouvelle fois honneur à la cuisine des produits issus du Domaine, mais saura aussi vous surprendre. Parmi les nouvelles dépendances de la Ferme se situant en esplanade sur le golf, se logent au bord des greens les indispensables Accueil du Caddy master, Le Pro-Shop, la Boutique de la Ferme, où parcourir le Golf dans toutes ses déclinaisons, vêtements et autres accessoires. l’Épicerie de la Ferme, où découvrir, offrir, s’offrir, emporter… quelques parts des saveurs et parfums de Murtoli et de la Corse alentour.”
Mais alors où est ce club-house –structure nécessaire au fonctionnement d’un golf– pour lequel aucun permis de construire n’existe ?
Le texte ci-dessus indique qu’il est « en esplanade sur le golf » et « au bord des greens » et qu’on y trouve « l’épicerie de la ferme ».
Oh, il existe bien une structure de 1 442 m2 sur la parcelle M373* contiguë au golf. Mais cette construction a bénéficié d’un PC (accordé par le maire mais déféré en TA par le Préfet) pour une « ferme agricole » comprenant, selon la notice explicative, « une fromagerie, une distillerie, un moulin à huile, des lieux de stockage, un atelier de découpe, un laboratoire parfum, une miellerie, des sanitaires et des habitations pour les employés agricoles ».
Donc ce bâtiment n’a rien à voir avec un « club-house ».
Quoique…
Si ces ateliers de production agricole n’étaient que des points de vente, des boutiques, « l’épicerie » de la ferme ? Un « moulin à huile » ou un point de vente des produits de l’oléiculture ? Un « atelier de découpe » ou un point de vente de charcuterie nustrale ? Une « miellerie » ou une boutique vendant du miel ? Question donc seulement de vocabulaire et de l’art de présenter les choses par l’architecte et le bénéficiaire du PC ?
Oh, un PC pour club-house n’aurait pas pu passer le cap du contrôle de légalité puisque de nombreux articles de loi s’y opposent en ce lieu ! Mais un PC pour un bâtiment destiné à des activités agricoles, cela paraissait plus facile et tellement compréhensible par le grand public en ces temps de crise de l’agriculture.
Ce bâtiment a bénéficié de trois demandes successives de permis déposées par V. Guilbert, officiellement agricultrice de son état, et l’histoire très compliquée de ce PC a nécessité de très gros travaux de l’environnement immédiat, piste et cours d’eau.
Les deux premières demandes localisaient une simple « fromagerie » puis une « ferme agricole » sur la parcelle 365, plus éloignée, non contiguë au green. La première demande a donc été accordée… mais la construction de la « fromagerie » a bien démarré dès 2013 sur la M373. Première anomalie et discordance entre les écrits des PC et les photos aériennes.
La piste principale du domaine séparait le golf de la parcelle 373. Elle a été effacée et déplacée. Dorénavant aucune route ne sépare le bâtiment du golf. C’est quand même plus pratique si on veut que les golfeurs visitent cette « ferme ».
L’assiette de ce bâtiment est dans le lit d’un ruisseau (le Casacce) et donc en zone inondable. Mais pas de souci pour les golfeurs : le lit a été détourné sur plusieurs centaines de mètres (sans aucune autorisation cela va sans dire).
Ce n’est qu’en décembre 2014, date de la dernière demande et suite aux observations de l’État que le plan de masse apparaît conforme aux photographies aériennes. Attention, il s’agit toujours d’une « ferme agricole ».
Alors « ferme agricole » réelle ou immense club-house ? La justice a les moyens de trancher. Le fera-t-elle ?
Lorsque les tribunaux administratif et correctionnel jugeront les plaintes déposées par l’État et U Levante, la « ferme agricole », que les lois ne permettaient pas, de toutes façons, de construire là, sera fonctionnelle depuis plusieurs années. Pourquoi l’État dont la plainte remonte à mars 2015 n’a-t-il pas demandé un référé qui aurait permis de stopper les travaux ?
(*) D’après les relevés de propriétés, la parcelle M373 appartient à Antoine François Pietri, gérant de la SARL “Tourisme Loisirs et Soleil”, plus connue sous le terme commercial de restaurant boîte de nuit Via Notte à Porto Vecchio et qui a pour unique associé, depuis 2003, Paul Canarelli.