La coccinelle asiatique en Corse

Hervé Guyot, est chargé de mission à l’Opie où il est responsable de la Maison des Insectes. Entomologiste et rédacteur de la revue Insectes, il nous fait parvenir le texte suivant :

Depuis 2009, une nouvelle coccinelle en Corse : Harmonia axyridis.

Une « invasion » de la « Coccinelle chinoise », c’est son nom commercial, espèce Harmonia axyridis, a été notée dans le Centre Corse en novembre 2018 : de nombreux essaims ont été observés dans les maisons ou derrière les volets.
Cette espèce auxiliaire très efficace est considérée et se comporte comme une envahisseuse depuis qu’une firme belge a commencé à en diffuser des souches aptes au vol, alors que, pendant une décennie environ, l’INRA avait sélectionné et diffusait une souche inapte au vol, donc incapable de se protéger du froid hivernal et qui mourait chaque hiver, ne permettant pas de progression dans l’espace.

La Corse n’a été touchée que depuis 2009, très certainement, cependant, par importation plutôt que par migration.
Comme pour tous les colonisateurs, le front de colonisation est très spectaculaire, mais au bout de 6 à 8 ans, les populations redescendent et l’espèce se noie dans la biodiversité locale tout en gardant cependant de bons niveaux de population là où les conditions le lui permettent (milieux urbains essentiellement où elle hiverne dans l’environnement domestique de l’homme et où elle peut être gênante mais pas dangereuse). Il existe certes une concurrence voire une prédation vis-à-vis des espèces locales, mais ces dernières ne disparaissent pas et réapparaissent à des niveaux restaurés au bout d’un certain temps ; il faut un peu de temps pour que les équilibres se rétablissent en prenant en compte cette nouvelle espèce.

Il n’y a pas de raison de s’alarmer outre mesure de cette “invasion” ; elle ne semble globalement pas nuisible et on ne peut de toute façon rien y faire. Si l’espèce s’implante et subsiste, c’est qu’elle a trouvé une niche écologique disponible.
Les agriculteurs et les particuliers sont satisfaits de son action et ont moins recours aux pesticides ; c’est donc un moindre mal et on ne s’en plaindra pas.
En cas de nuisance domestique (amas importants dans les pièces froides, derrière les volets, migration automnale massive dans les maisons par les fenêtres ouvertes… ), il suffit juste d’une balayette et d’une pelle pour ramasser délicatement ce petit monde et l’exporter dehors (attention aux manipulations violentes qui leur font sécréter une substance nauséabonde qui marque les tissus et les peintures !).
Cependant, il est inadmissible qu’en Belgique on ait commencé à diffuser cette espèce sans se préoccuper des répercussions qui en découleraient dans les équilibres naturels.

Souhaitons que l’inévitable arrivée prochaine du Frelon asiatique en Corse (introduction accidentelle en Europe) se passe avec aussi peu de nuisance que celle de la Coccinelle asiatique. Mais rien n’est moins sûr.