“L’usage libre et gratuit par le public constitue la destination fondamentale des plages”.
U Levante relaie un communiqué de A Manca
Illustration U Levante :
Les transats et autres matelas de plage : l’avenir de la Corse ?
“Un collectif de professionnels des établissements de plage est en voie de constitution. Ces professionnels s’opposent au décret plage. Ils ont d’ores et déjà pu enregistrer le soutien du maire de la commune de Purti Vechju. Dans une récente interview donnée à France 3, un de leur porte-parole, connu pour son engagement en tant que nationaliste, développe un argumentaire très éloigné de la défense de nos espaces naturels. Selon ce responsable, si les paillotes disparaissent, cela peut se traduire par la perte de 50 % de la clientèle. Toujours selon ses propos, c’est pour répondre aux exigences de la clientèle que sont déployés les matelas de plage.
En d’autres termes, l’occupation exponentielle des espaces naturels publics, et donc, leur privatisation de fait, s’effectue sous la pression des consommateurs, les professionnels ne pouvant dès lors que s’adapter. Nous nous inscrivons totalement en faux par rapport à cette déclaration. Les tenants de l’industrie du tourisme sont pleinement engagés dans un marché fortement concurrentiel. Afin d’attirer toujours davantage de clientèle, ce sont ces mêmes professionnels qui se livrent à une surenchère au niveau des prestations mises sur le marché. De fait, les espaces naturels se voient transformés en produits dans une course effrénée à toujours plus de profits.
L’argumentaire de ces professionnels va radicalement à l’encontre de ce qui est en train de se faire sous d’autres cieux. Deux exemples, parmi beaucoup d’autres, montrent à quel point des destinations touristiques sont les théâtres de fortes remises en question. Ainsi, à Ibiza et Venise, de larges pans des populations locales mettent en cause ce tourisme qui participe de la dégradation de leurs conditions de vie. Les dégâts au plan écologique et urbanistique sont dénoncés et au-delà, l’idée mensongère selon laquelle les retombées économiques profitent à l’ensemble de leur société, s’avère démentie par l’examen de la réalité. En effet, seule une minorité tire de colossaux bénéfices de cette industrie. La contestation est telle que les autorités politiques de ces pays commencent à envisager des réductions importantes au niveau de l’accueil des flux touristiques.
Ce qui se passe dans notre pays va exactement à l’inverse de cela. Nous rappelons aux professionnels du tourisme que la Corse, notre pays, est avant tout notre lieu de vie et d’existence. Les espaces naturels sont et resteront la propriété collective du peuple corse. Le bien commun ne peut en aucun cas être soumis aux ambitions de la minorité qui veut s’arroger le droit de disposer de notre pays à sa guise. Celles et ceux qui veulent visiter notre pays sont les bienvenu(e)s mais il est hors de question de voir l’immense majorité du peuple corse soumise à des pratiques néo-coloniales perpétrées par quelques-uns de ceux-là même qui, hier encore, se revendiquaient de la lutte de libération nationale.”