A la fin de l’année 2024, sur le site boursier « Zonebourse.com », la société Aurania Resources Ltd. a communiqué ses résultats financiers et ceux des recherches entreprises sur les sables des plages d’Albu et de Nonza.
On apprend que 4 échantillons ont été prélevés devant la plage d’Albu et 6 devant la plage de Nonza. Avec quelles autorisations ? C’est une question que nous avons posée aux autorités compétentes pendant une réunion du conseil de gestion du PNMCCA (Parc naturel marin Cap Corse et Agriate) et qui est restée sans réponse.
Aurania poursuit : « Dans chaque cas, l’aimant a recueilli de grandes quantités de sable magnétique sur le fond de la mer. Des échantillons de ce sable ont été envoyés à ALS Chemex à Séville, en Espagne, pour analyse. » L’aimant Sm-Nd à haute intensité de champ utilisé a attiré 2 espèces minérales magnétiques, la magnétite (un oxyde de fer) et l’awaruite (alliage naturel de Nickel et de fer). La séparation des 2 espèces et la concentration d’awaruite est faite par flottation. C’est une méthode fondée sur les propriétés d’hydrophobie des minéraux qui requiert l’utilisation de produits chimiques.
Les résultats sont les suivants : : « Les analyses de SGS Laboratories Ltd. sur un concentré de flottation d’awaruite à partir du sable de Nonza ont donné :
g/t = gramme par tonne
Plus de 70 % de nickel est un excellent résultat, d’autant plus qu’il n’y a ni galerie ni mine à ciel ouvert à créer et que le concassage est déjà naturellement réalisé. La teneur des autres éléments n’est vraisemblablement pas négligeable compte tenu de ces mêmes conditions d’extraction presque « gratuites ». Il est à noter que si les mines à haute teneur en or ont généralement une densité comprise entre 8,0 et 10,0 g/t, des mines à faible teneur (1,0 à 4,0 g/t) continuent à être exploitées.
Il n’y a peut-être pas que le Nickel qui intéresse Aurania ?
Tentative d’évaluation de la quantité de sable nickélifère
Ils écrivent eux-mêmes : « Points forts du projet : La plage (de Nonza donc) mesure environ 1 350 mètres de long et jusqu’à 350 mètres de large, les matériaux de la plage s’étendant sur le fond marin jusqu’à au moins 600 mètres supplémentaires au large. L’épaisseur maximale de la plage est estimée à 14 mètres, mais elle n’a pas encore été testée par forage. »
Premier point : U Levante s’insurge préventivement : pratiquer un forage sur la plage pour connaître l’épaisseur des dépôts mettrait en suspension une grande quantité de fibres d’amiante dans l’air !
Second point : Ces mesures doivent permettre au porteur de projet d’évaluer le volume de sable nickélifère à exploiter, sachant que ne sont visées que les lentilles de sable noir dans lesquelles se sont concentrées naturellement la magnétite et l’awaruite. Mais dans la note d’information, ce n’est pas indiqué. Tout comme, il n’est pas dit qu’en exploitant les dépôts sous la mer l’équilibre de la plage sera rompu et celle-ci s’érodera.
Ce phénomène, par ailleurs naturel, est mis en évidence par la comparaison des photos ci-dessous :
Il en ressort que la plage d’Albu est en recul depuis plus de 50 ans, celle de Nonza de 40 ans. Les matériaux enlevés aux plages (hachuré rouge) sont vannés par les mouvements de la mer et répartis sous l’eau. L’image Lidar (à droite) permet de visualiser la topographie au-dessus et au-dessous de l’eau et donc de « voir » où sont les dépôts, jusqu’où ils vont, etc.
En utilisant toutes ces données et en bâtissant une coupe suivant le trait AB, on se rend compte de la faible épaisseur des stériles sur le fond de la mer, au droit de la plage de Nonza :
(lien : https://diffusion.shom.fr/donnees/altimetrie-littorale.html)
Autant de constatations qui nous conduisent plus que jamais à nous élever contre ce projet à l’aspect économique flou et dangereux d’un point de vue sanitaire et environnemental.
À relire : https://www.ulevante.fr/cap-corse-projet-dexploitation-des-plages-de-nonza-et-dalbu-pour-en-extraire-du-nickel-attention-danger-amiante/