Pour avoir tué et mutilé des dizaines, voire bien davantage, de tortues d’Hermann en gyrobroyant 25 hectares de maquis aux lieux-dits Confina 2 et Monte Sant’Anghjulu à Aiacciu (la colline qui domine la centrale du Vazziu et les centres commerciaux de Sarrola-Carcopinu), sans aucune autorisation et malgré les mises en garde réitérées de l’Agence française de la biodiversité, M. P.-M. Rossi a été condamné, lundi 14 décembre 2020, par le Tribunal correctionnel d’Ajaccio à 2 mois de prison assortis d’un sursis probatoire, avec obligation, dans un délai de deux ans, de réparer les dommages subis, et à 35 000 euros d’amende.
Avant 2019, les deux ilots de terrains n’avaient jamais été exploités, mais ils étaient déclarés par M. ROSSI qui percevait, à ce titre, d’importantes subventions agricoles. Ces îlots présentaient jusqu’alors un important couvert végétal, particulièrement favorable à la tortue d’Hermann. Le secteur du Monte Sant’Anghjulu accueillait ainsi une des dernières populations dynamiques de tortues en Corse, et les parcelles (en rouge ci-dessous) empiètent sur une grande partie de l’espace remarquable n°2A25 du PADDUC.
Mi-novembre 2018, M. ROSSI a été placé en garde à vue puis renvoyé devant le Tribunal correctionnel, avec d’autres membres de sa famille, pour escroquerie aggravée, le procureur l’accusant d’avoir frauduleusement perçu 1,4 million d’euros d’aides européennes agricoles.
C’est alors qu’il a pris l’initiative, à partir du début du mois de décembre 2018, de défricher à l’aide d’un gyrobroyeur et d’un bulldozer les parcelles sises sur les pentes du Mont Sant’Anghjulu, sans doute dans l’espoir de justifier qu’elles étaient exploitées. Sur une superficie de 25 hectares, la végétation a été presque intégralement rasée.
Les faits ont été constatés et verbalisés de janvier à juillet 2019. Les agents de l’Agence française de la biodiversité (AFB) ont constaté la présence d’une quarantaine de cadavres de tortue mutilées par les engins de gyrobroyage, mais il estiment, compte tenu de la densité très forte de tortues dans le secteur, que les travaux, opérés avec des engins lourds, ont entraîné la destruction de 116 à 349 spécimens.
Rappelons que la tortue d’Hermann, en voie de disparition, est protégée en France comme au plan international, et qu’elle est aujourd’hui en très forte régression en Corse sous l’effet conjugué de l’étalement urbain, des incendies et des travaux de démaquisage non maîtrisés.
Il est strictement interdit de détruire ou d’altérer non seulement les tortues elles-mêmes, mais aussi leur habitat naturel.
Le Tribunal correctionnel d’Ajaccio vient opportunément rappeler, par son jugement du 14 décembre 2020, que la violation de ces interdictions expose les contrevenants à des peines lourdes.
Formons le souhait que cette décision contribuera à une prise de conscience en Corse, et que l’on n’assistera plus à l’avenir à la destruction des aires naturelles d’espèces protégées.
P.-M. Rossi a fait appel de sa condamnation.