Ex-bucheron, ex-muletier, accompagnateur en montagne et Corse voyou, Robert Cervoni répond à Christophe Barbier. Anti-Corse devant l’éternel… le chroniqueur de l’Express a tranché : le problème corse, ce sont les Corses !
Cher Monsieur Barbier,
Je viens de regarder votre chronique sur I-Télé et je me décide à prendre la plume pour vous remercier.
Car je vais vous dire : moi je sais et je vais parler, comme disait M. Santelli à M.Vals il y a peu de temps. Je suis Corse (je m’en excuse) et donc génétiquement malhonnête : je plaide non coupable, je n’avais pas demandé à naître sur cette île de truands. La vie est mal faite, c’est le destin commun à la culture métèque méditerranéenne… Mais je travaille honnêtement, ce qui d’ailleurs me rend louche aux 299 999 autres voyous qui vivent sur cette terre Corse.
Je m’en remets à vous et à vos cercles parisiens pour parler et dénoncer ce que je sais, certain que vous relayerez ces informations en haut lieu et encore plus certain que votre intervention permettra à la France, enfin, d’éradiquer la violence congénitale en Corse.
Merci, Monsieur Barbier, d’être mon porte-parole et oserais-je le dire ! : notre porte-parole.
Car depuis plus de dix ans (et certainement ni l’Express ni les autres médias nationaux n’en ont eu connaissance, c’est bien regrettable vous l’avouerez !) la société civile corse regroupée au sein d’associations inconnues de vous (U Levante, Le Poulpe…) dénonce régulièrement le blanchiment d’argent sale à travers les investissements immobiliers rendus possibles grâce aux PLU (Plan local d’urbanisme) qui fleurissent en Corse comme les pâquerettes au printemps (je conviens que cette image bucolique n’a que peu de rapport avec le sujet, mais elle me plaît). Je parle ici de sommes imprononçables par le commun des mortels tant il y a de zéros derrière les premiers chiffres.
Beaucoup de ces PLU ont été pensés et édités au mépris des lois françaises (oui, ” françaises ” vous avez bien lu !) relatives aux différents zonages constructibles et inconstructibles ainsi qu’aux ratios de construction en rapport au nombre d’habitants dans une région donnée et aux prévisions de développement de cette même région (n’hésitez pas à relire la phrase, c’est d’une telle complexité ces lois !).
Certains élus corses sont véreux (vous m’excuserez de vous faire remarquer que vous en avez aussi chez vous ; je dis “chez vous” puisqu’à vous lire il y a “nous” d’un côté et “vous” de l’autre), d’autres sont plus honnêtes, de simples êtres humains qui reçoivent des pressions contre lesquelles il est difficile de lutter tout en restant en bonne santé et en espérant vieillir.
Les atteintes les plus courantes à ces lois concernent des projets immobiliers dans des zones remarquables pourtant classées inconstructibles de par la loi, comme la bande littorale (loi Littoral), les espaces remarquables, les terres agricoles, la notion de continuité de hameau…
Ces PLU ont été dument avalisés et accordés par les différents préfets qui se sont succédé sur l’île. Car ce sont bien les services de l’État à travers les préfets qui vérifient la légalité de ces PLU, sinon qu’en serait-il, je vous le demande !! Ces lois s’appliquent à l’ensemble du territoire français. Donc à la Corse (?).
Sauf que, dans les faits, ce n’est pas ainsi que ça se passe : ce sont les associations citoyennes (corses, je suis confus de vous le dire) qui dénoncent, attaquent et défèrent devant les tribunaux administratifs. Et, inlassablement, les tribunaux donnent raison à ces associations et rejettent les PLU attaqués en se référant simplement à la loi. Française. Bafouée par les services de l’État. Français.
Le dernier PLU attaqué au tribunal administratif par ce ramassis d’associations a été annulé il y a tout juste deux semaines, malgré la ” vigilance préfectorale ” qui lui avait donné son accord. Les pressions et les menaces sur ces associations (corses) sont considérables.
Alors je vous éclaire Monsieur Barbier, grand défenseur des principes régaliens de la République Française : l’explosion de la construction immobilière en Corse est le terreau du développement du grand banditisme. Cette montée en flèche n’a été rendue possible que par l’incurie de l’État qui frise la complicité… C’est une violence en col blanc qui ne dit pas son nom, une violence dont vous ne parlez jamais dans les journaux et qui engendre celle qui fait la une de vos médias, plus spectaculaire et vendeuse. Car on parle de milliards d’euros Monsieur Barbier et ça aiguise quelques appétits…
Mais j’ai une question qu’il me brûle de vous poser : lorsque vous parlez des Corses, à qui vous référez-vous ?
Je m’explique, il est vrai que ma question est confuse, pardonnez-moi : on parle si mal le français de ce côté de la Méditerranée !
La Corse : environ 300 000 habitants dont moins de la moitié est aujourd’hui d’origine “génétiquement” corse, pour reprendre votre expression qui rappelle quelques idéologies nauséeuses. Ce qui revient à dire que plus de la moitié des habitants de l’île est d’origine “génétiquement” non corse (j’ouvre une petite parenthèse pour vous dire que dans ma grande naïveté des questions ethnologiques, ethniques et anthropologiques, pour moi est Corse celui qui a fait le choix d’aimer cette terre, d’y vivre, d’y travailler et de participer à son développement dans le respect de sa culture. Mais je n’ai pas votre science de ces choses -à, loin s’en faut).
Dans ce lot de “génétiquement” non corses , il n’aura pas échappé à votre grande connaissance des affaires corses que, de par les avantages qu’elle offre à certaines branches de la fonction publique, notre île a le plaisir d’accueillir plus de policiers et de gendarmes (en proportion du nombre d’habitants) qu’il n’y en a dans les autres régions françaises (pour les gendarmes, 1 an passé en Corse = 2 ans ! )
Les englobez-vous dans “les Corses” ou en sont-ils exclus ? Je pense que vous les englobez car sinon comment expliquer le taux de non élucidation de tous ces meurtres et qui frise le taux zéro, si ce n’est par leurs silences génétiquement complices.
Car enfin, comment des professionnels du renseignement, payés pour cela, arrivant à savoir le moindre détail de la vie de M. X ou de Mme Y, comment donc se fait-il que ces professionnels n’arrivent pas à faire de liens entre tout ce qui se passe et est visible par tous ? Incompétence ? Pressions ? Atteintes violentes du virus corse appelé” “lascià corre” (littéralement laisser courir, laisser tomber) ?
Comment expliquez-vous la provenance des sources qui vous permettent à vous journalistes de pondre tous ces articles très détaillés (“La carte criminelle corse” du journal Le Monde entre autres) relatant et décortiquant tout cet imbroglio de meurtres, de commanditaires et de causes, donnant des noms avec forces explications ?
Certains articles sont de véritables copies des PV des forces de police ou de gendarmerie qui connaissent bien mieux que moi les détails de tout cela mais qui selon vous ne savent rien “parce que les Corses se taisent”.
Une réponse puisée au fond incommensurable de votre éminente connaissance de ces choses me réjouirait fortement, ainsi que d’autres.
J’ai été long, je m’en excuse. Mais ça faisait tellement longtemps que je ne parlais plus à quelqu’un qui m’écoute si attentivement. Parce que tout ce que je vous ai dit, avec d’autres nous l’avons déjà dit et répété à en perdre la voix à tous les préfets qui se succèdent tous les deux ans.
Quelle chance j’ai que vous m’accordiez votre attention !
Mille mercis Monsieur Barbier
Robert Cervoni
ex-bucheron, ex-muletier, accompagnateur en montagne et Corse voyou (pléonasme)
Robert Cervoni a également fait paraitre ce billet dans les commentaires du site de l’express dans lequel M. Barbier a fait paraître sa chronique