Le PADDUC rend possible l’édification d’auberges dites « du pêcheur » sur certaines plages. C’est une très dangereuse disposition. Pourquoi ?
Sachant qu’il existe autour de 200 licences de pêche en Corse, c’est potentiellement autant de paillotes en plus sur notre littoral.
La nouvelle mouture du padduc, qui sera discutée le 1er octobre (copie de la page 42 jointe*) devant l’Assemblée de Corse, propose de surcroît de supprimer l’obligation de disposer d’un système d’assainissement.
“ Si elles nécessitent des cuisines et des sanitaires, les conditions sont les mêmes que pour les restaurants. “
Incroyable mais réel.
Cette nouvelle version indique également que ces « auberges du pêcheur » sont « … prioritaires devant les autres installations ludiques, sportives ou de restauration sur les plages. » Sachant les bénéfices que rapportent ces établissements, voilà qui promet une guerre sans merci et une nouvelle source de violence extrême.
D’autre part, il sera matériellement impossible de vérifier que le professionnel disposant d’une licence de pêche exercera réellement cette activité à titre principal, c’est-à-dire que la majeure partie de son revenu proviendra de son activité de pêche. Le fait d’être titulaire d’une licence de pêche n’est pas une garantie car les licences sont transmissibles et vendables, y compris à des pêcheurs extérieurs à la Corse puisque les licences peuvent être vendues et achetées partout en Europe : de nombreuses dérives sont à craindre.
Ces « auberges du pêcheur » sont-elles nécessaires ? Il existe déjà des restaurants légalement établis qui achètent et vendent le produit local de la mer, avec sa valeur ajoutée. Mais la production actuelle de la Corse ne satisfait pas à la demande, particulièrement en saison touristique : la Corse importe beaucoup de poissons en été. L’auberge du pêcheur ne va qu’accroître la demande : avec la baisse constante de la ressource halieutique, il est aisé de comprendre que l’importation sera massive.
Ces « auberges de pêcheur » vont inévitablement se transformer en paillotes de bord de mer. Les responsables de la rédaction du padduc veulent donc octroyer gratuitement, sur le domaine public, des « pas de porte » au sens commercial du terme. Avec toutes les dérives mises en lumière au cours des années passées, quand elles n’ont pas défrayé la chronique.
Texte écrit en collaboration avec l’association ABCDE
*Padduc, rapport de l’Exécutif, septembre 2015, p.42 :