U Levante a dit non au plan de gestion du parc marin voté par son conseil de gestion réuni le 8 juillet 2019 à la salle des fêtes de San Martinu di Lota.
De 2014 à 2016, U Levante a participé très activement à l’élaboration de ce plan en étant très assidu aux nombreuses réunions de préparation ainsi qu’à celles du Comité de pilotage qui ont contribué à le créer. U Levante a aussi corédigé la partie géologie de ce plan.
Dès 2014, lors des premières réunions de concertation pour la création de ce parc, nous demandions déjà, avec l’aide de France Nature Environnement (FNE), la création d’Aires Marines Protégées (AMP) intégrales, comme les réserves naturelles, qui nous paraissaient indispensables à la préservation des écosystèmes marins. Nous n’avons pas été entendus … au motif que ce type de dispositif relevait d’une décision à prendre et à inscrire dans le futur plan de gestion du parc.
Lors de l’élaboration de ce plan de gestion, nous n’avons cessé de réitérer notre demande en l’expliquant et en la justifiant à l’aide de documents scientifiques envoyés à tous les membres du Conseil de gestion du parc marin. Sollicité, le président de l’exécutif de Corse, président du Parc marin du Cap Corse et de l’Agriate, s’est alors prononcé favorablement* à notre demande. Et, lors de l’émission de RCFM-Via Stella « Place publique », un représentant de l’Office de l’environnement de la Corse (OEC) a fait un plaidoyer sur l’intérêt de ces AMP intégrales et la nécessité de les installer dans l’Île.
Mais les représentants des pêcheurs se sont opposés à la mise en place de ces AMP au sein du parc, au prétexte qu’il existe déjà deux cantonnements de pêche. Or, comme nous l’avons expliqué à tous les membres du Conseil de gestion, cantonnement de pêche et AMP intégrales n’ont ni le même objectif, ni la même influence sur la préservation du milieu marin. En effet, le cantonnement de pêche préserve les espèces de la pêche consommable, tandis que l’AMP intégrale préserve l’ensemble des écosystèmes.
Dans ce plan de gestion, nous avons seulement obtenu, non sans mal, l’inscription d’une petite phrase au sein d’un alinéa des tableaux concernant les enjeux 3 « halieutique » et 7 « changements globaux » du plan de gestion : « réflexion sur l’éventuelle mise en place de zones de protection fortes : réserve naturelle intégrale, cantonnement de pêche, etc. » C’est insuffisant !
Ainsi, alors que dans le parc :
- la connaissance du milieu marin en est encore à son balbutiement,
- les agressions, tenant au changement climatique (réchauffement des eaux, virus, espèces invasives) et à la surfréquentation des sites remarquables comme les plages de l’Agriate, sont déjà manifestes,
- des activités économiques invalidantes pour l’environnement marin se développent dans le golfe de Saint-Florent, sur la côte orientale et désormais sur la côte occidentale,
ce qui devait être la finalité d’un enjeu, ne se résume qu’à une hypothèse sans lendemain dans une phrase perdue au milieu de tant d’autres. Cela est d’autant plus regrettable qu’un parc marin ne bénéficie d’aucune mesure légale de protection comme celles des réserves naturelles. Il convient donc qu’il les crée.
U Levante ne demande pas « la mer à boire », mais revendique un nécessaire équilibre entre l’économie liée à la mer et la préservation de l’environnement, sachant que la réussite des activités économiques dépend de la qualité de l’environnement au sein duquel elles s’exercent. Il convient donc de préserver de manière durable cet environnement, faute d’être complice de sa destruction irréversible.
En l’occurrence, en ce qui concerne la mise en place d’AMP intégrales au sein de ce nouveau parc marin, nous sommes allés jusqu’au bout des concessions que l’on pouvait faire pour convaincre ceux qui les refusent. Il ne s’agit pas de créer de vastes réserves naturelles tant craintes mais des aires plus restreintes, ciblées en fonction de l’état diagnostiqué sain des écosystèmes présents. Ce sont des espaces sources et ressources susceptibles de servir de laboratoire aux recherches menées par les scientifiques locaux ou extérieurs. Si l’on ne préserve pas des espaces de biodiversité témoins, il sera trop tard et impossible de trouver les moyens de remédier aux conséquences des effets destructeurs dus à l’évolution climatique comme à l’action de la main de l’Homme. Le parc marin a les moyens de gérer ce genre de zones mais pas ceux de surveiller des cantonnements ou de vastes aires de préservation.
Ce faisant, U Levante a proposé un amendement au président du Conseil de gestion du parc : remplacer la petite phrase invitant à réfléchir sur l’éventuelle mise en place d’AMP fortes par celle-ci « Mise en place progressive de zones de protections fortes, intégrales, ciblées, laboratoires, expérimentales. » « Pas de quoi fouetter un poisson-chat » ! Le président Simeoni, tout en disant qu’il n’était pas opposé à la création d’AMP a refusé cette modification arguant que dans un parc il était difficile d’installer des mesures contraignantes. U levante a alors demandé un vote à bulletin secret, mais celui-ci s’est déroulé à main levée et a été défavorable à sa proposition.
Au passage, U Levante déplore aussi le manque de soutien du financeur principal, l’Agence de la Biodiversité, comme celui des représentants de l’État et des institutions chargées de la préservation du patrimoine. Nous regrettons qu’au sein du Parc marin, car ce n’est pas prévu dans son statut, n’existe pas un Conseil scientifique indépendant qui aurait pu soutenir notre démarche.
Dés lors, constatant qu’il existait une volonté délibérée, de nature politique, de rejeter une demande raisonnable, justifiée scientifiquement et soutenue, notamment, par l’objectif 14 de développement durable de l’ONU et la convention mondiale sur la diversité biologique d’Aichi, à savoir la création indispensable pour la préservation de la biodiversité marine de 10 % d’AMP intégrales alors qu’en Méditerranée il n’en existe que 0,04 %, U Levante a voté contre un plan de gestion, dont il soutient par ailleurs les actions de sensibilisation et d’information relatives à la connaissance du milieu marin et de sa mémoire immatérielle, ainsi qu’à son appropriation par la population et les visiteurs.
- Réponse de l’AFB, signée G. Simeoni :