OLZU, BO’S, MESINCU, Cap Corse déboussolé, nouvel Eldorado où les infractions prolifèrent à la démesure d’appétits grandissants, sans intervention contraignante de l’État. Cap Corse qui perd le nord en perdant pied, qui perd la tête et le sens commun et du commun en perdant sa mémoire et son âme.
En juin 2014, une autorisation d’occupation temporaire (AOT) a été octroyée pour l’installation de 2 pédalos pour une durée de 3 mois sur la plage d’Olzu de la commune de Patrimoniu.
Cette AOT a conduit son bénéficiaire à la création d’une base de loisirs nautiques. Installée dans une remorque-fourgon en arrière-plage, après démaquisage des lieux, sa vocation affichée consistait en la location de kayaks et stand-up paddle, mais aussi… vente de boissons fraîches, sans alcool, et de glaces. Curieuse vente pour une « base nautique » qui, en même temps, créait une aire de restauration dans l’espace remarquable 2B10 du Padduc, en bordure d’une plage qui sera classée naturelle par le Padduc et dans la bande des 100 mètres d’une zone non urbanisée de la loi Littoral où ce type de structure est interdite, comme l’ont déjà jugé, pour la paillote de Mesincu, le tribunal correctionnel et le tribunal administratif de Bastia !
« Cette activité a pour but de proposer des loisirs nautiques afin de découvrir le littoral de Patrimonio sans pollution sonore et dans le respect de l’environnement ». De même : « Aucune activité nocturne ne sera exercée » pouvait-on lire dans le courrier adressé aux copropriétaires de la parcelle sur laquelle a été installée cette « base nautique ».
Pourtant, toujours sans autorisation, dès août 2015, des soirées festives avec restauration et concerts commençaient à être organisées. Dès lors, le démaquisage des lieux s’est accru chaque année pour une extension toujours plus conséquente de l’espace « restaurant », des plots en béton pour fixation d’un auvent ont été coulés, un service de petite-restauration accompagnée de vente de boissons alcoolisées s’est systématisé et les soirées événementielles avec dîners, baptisées « les mardis d’Olzo » ont continué de prospérer jusqu’en 2018. À notre connaissance la DDTM n’a pas verbalisé.
Et en 2019 ? L’appétit vient en mangeant…
Le 13 juin dernier, pour faciliter l’accès des véhicules à la « base nautique/restaurant » où ont été aménagées des aires de parking, une voie de circulation a été ouverte à l’aide d’un tractopelle.
Sur une longueur d’environ 330 mètres et une largeur de 2,50 mètres, la réalisation de cette voie a détruit une végétation arborée sur une parcelle pourtant soumise à autorisation de défrichement et qui traverse à la fois : une ZNIEFF de type 1, l’ERC N°2B10 inconstructible du PADDUC (où toute ouverture de piste est interdite) ainsi que le site inscrit de la côte occidentale du Cap Corse. À la connaissance de U Levante, ces très gros travaux ont été réalisés (évidemment !) sans aucune autorisation et sans qu’un arrêté interruptif de travaux soit pris par les autorités !
U Levante a porté plainte.