Nous voulons un Parc Marin d’excellence comportant une ou des réserves intégrales qui permettraient de répondre aux attentes de tous les secteurs économiques, écologiques et donneraient tout son sens à la création d’un tel outil.
Trois ans après sa création, en juillet 2016, le parc marin du Cap Corse et de L’Agriate doit finaliser son plan de gestion pour une durée de 15 ans. Ce plan de gestion devrait être proposé en enquête publique lors du mois de juillet 2019.
Les enjeux : la qualité de l’eau/des espèces à fort intérêt patrimonial /une bonne gestion des ressources halieutiques/une grande diversité d’habitats pélagiques et benthiques/des espèces à fort intérêt patrimonial/des activités socio-économiques et usages ancrés respectueux du milieu marin/un patrimoine culturel maritime remarquable et identitaire/les changements globaux, facteur d’influence majeur pour la gestion des écosystèmes marins, le parc une gouvernance partagée /le parc, un outil dédié à la sensibilisation et à l’éducation.
Depuis 2014, U Levante a assisté à la quasi-totalité des réunions et groupes de travail du Parc marin du Cap Corse et de l’Agriate : un important travail a été réalisé.
Dès 2014, au sein du comité de pilotage pour la création du Parc marin, avec l’appui de la FNE, et en se référant aux études des scientifiques internationaux, nous avons souligné la nécessité de prévoir, au sein du plus grand parc marin de France qu’est le parc marin du Cap Corse et de l’Agriate, des aires de protections fortes sous forme de réserves de protections intégrales qui nous paraissent essentielles à la préservation des écosystèmes marins comme au développement d’activités économiques durables.
Nous n’avons pas été écoutés et nous continuons à ne pas l’être.
En effet, le plan de gestion qui va être validé sous peu ne prévoit qu’en principe d’action, rubrique Protection/gestion de l’enjeu halieutique(pêche), la « réflexion et mise à l’étude sur la mise en place de zones de protections fortes (réserve intégrale, cantonnement de pêche, etc.) ». Nous avons, à tout le moins, seulement obtenu d’intégrer ce principe d’action au sein de l’enjeu « les changements globaux facteur d’influence majeur pour la gestion des écosystèmes marins » car les AMP (aires marines protégées) intégrales contribuent à préserver l’ensemble des écosystèmes et pas seulement les espèces de poissons. En effet, comme le prouve le document ci-après, un cantonnement de pêche n’a pas le même objectif qu’une aire de protection intégrale.
C’est inacceptable et incompréhensible du point de vue scientifique comme dans la perspective d’une gestion logique et efficace de ce Parc. Ce dernier ne dispose que de peu de moyens et de matériel pour gérer ce vaste espace ; autant qu’il les concentre sur des aires de protections intégrales choisies sur les sites déjà victimes des atteintes d’une surfréquentation nautique et sur un site souche laboratoire choisi pour la richesse de son écosystème. Il ne faut pas oublier qu’un Parc marin ne bénéficie pas des mesures de protection d’une réserve naturelle comme celle de Scandola, par exemple, et qu’il doit donc les créer. Attendre de le faire dans quinze ans après la constatation d’une dégradation manifeste serait une erreur. Il sera trop tard.
C’est pourquoi, nous demandons que la création d’AMP intégrales ciblées à surfaces variables, soient un enjeu transversal du plan de gestion et non plus un simple principe d’action hypothétique.
C’est dans ce sens que nous avons adressé le courrier* et les documents** qui suivent à tous les membres du conseil de gestion du parc afin de les informer au mieux.
*Courrier :
** Zone Intégrale de protection à créer ou Cantonnement de pêche ? Le débat au sein du comité de gestion du parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate devrait être porté par un Comité Scientifique qui n’existe pas (ou pas encore ?). En avril 2018, le Président de l’Exécutif s’était pourtant déclaré favorable à la création de réserves intégrales.
1- Fonctionnalité des deux appellations :
La Zone intégrale de protection a une vocation de régénération et de conservation de la globalité des biocénoses marines avec le maintien en parfait équilibre de tous les maillons de la chaîne alimentaire, la restauration et donc la présence de tous les habitats. C’est le renforcement de la biodiversité dans un sens très large permettant sa conservation avec un équilibre parfait.
Le Cantonnement de pêche, bien évidemment, s’adresse à la pêche et donc à la ressource halieutique. Il a vocation à être géré et surveillé par les patrons pêcheurs avec le soutien de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer). Les objectifs prioritaires de cet outil sont définis par les professionnels de la pêche : avoir plus de gros poissons ou d’autres espèces à haute valeur commerciale comme dentis, chapons, corbs, mérous et, bien sûr, langoustes, homards et évidemment beaucoup d’oursins. L’intérêt de la profession est très bien défendu et suivi “scientifiquement” de manière exclusive par Stella Mare, spécialiste entre autres, de la régénération artificielle en captivité (dans des bassins).
2- Comparaison des deux outils :
Les zones intégrales favorisent une gestion pertinente de l’ensemble des écosystèmes dans un souci de parfait équilibre (habitats, espèces et leurs problématiques respectives) et fournissent de la biodiversité pour les hommes et toutes leurs activités dans et pour une harmonie de vie des espèces vivantes. Ce sont des zones gérées et très surveillées par les équipes des AMP (Aires marines protégées).
Les cantonnements favorisent prioritairement les espèces à haute valeur commerciale pour les professionnels de la pêche (sans souci d’une gestion globale pertinente favorisant l’équilibre écosystémique). Zones surveillées occasionnellement en fonction de l’opportunité d’un passage des vedettes de la DDTM. Zones souvent pillées par les usagers de la mer.
Si l’on compare la fonctionnalité et les résultats obtenus de ces deux outils, on s’aperçoit que la zone intégrale favorise la biodiversité et la ressource pour l’ensemble des hommes et donc des acteurs, alors que le second outil favorise uniquement les professionnels de la pêche lorsque la fonctionnalité est avérée et vraiment effective.
Le caractère de régénération de la biodiversité ou de production halieutique des zones intégrales donne des résultats et des atteintes d’objectifs plus vastes et globales pour les hommes et l’équilibre écosystémique alors que les cantonnements de pêche restent très limités sur les résultats obtenus pour une catégorie très précise et limitée d’hommes exerçant une profession, et surtout écarte toute éventuelle retombée pour l’ensemble des acteurs et des hommes.
3- Efficacité de la mise en œuvre de ces outils :
Ces deux outils ne peuvent être efficaces en termes d’atteinte d’objectif que si le plan de gestion intègre ces outils avec un aspect réglementaire fort, adapté aux objectifs prioritaires de ce dernier.
Le respect de la réglementation doit être l’action forte à mettre en œuvre pour cet objectif essentiel. Cette mise en œuvre passe par une surveillance et un engagement permanent, sans relâche, de jour comme de nuit, par des équipes d’agents assermentés et commissionnés en “Police de l’environnement”. Ceci n’est que très rarement le cas pour les cantonnements de pêche avec une inefficacité de l’outil (puisque tout le monde peut y prélever du poisson car sans surveillance permanente). L’outil “Zone intégrale” d’une Aire marine protégée qui possède des équipes de surveillance, (si elle est vraiment protégée), peut donner un résultat très positif et donc efficace qui permet un “effet réserve” producteur de richesses et de biodiversité pour les hommes (pêcheurs de loisirs, pêcheurs professionnels, plongeurs, touristes…) avec de fortes retombées économiques durables.
Comme on peut le voir, ces deux outils ne sont vraiment pas comparables en termes de services rendus par la Nature pour les Hommes et surtout pour le bien des équilibres retrouvés au niveau des écosystèmes marins.