Projet de carrière à Fozzano : avis défavorable de U Levante

Localisation du projet de carrière

Une enquête publique relative à un projet d’exploitation d’une carrière située sur les communes de Fozzano et de Loreto di Tallano est en cours : https://www.registre-dematerialise.fr/1922

Ce projet s’inscrit dans le bassin de vie de Propriano dans lequel existent déjà deux exploitations : Loreto di Tallano et Rizzanese.

Plusieurs sites avaient été envisagés dans le cadre d’ouverture d’une nouvelle carrière : à Olmeto, Olmiccia, Loreto di Tallano pour une deuxième carrière, Bilia et Fozzano. Ce dernier site a été retenu par défaut.

Coïncidence, le site projeté se trouve en partie au sein de la zone parcourue par l’incendie du 15 août 2017 entre Loreto di Tallano et Fozzano après les inventaires réalisés en 2015 et 2016 !

Dans son bilan du 19 juin 2018, le COPIL (Comité de pilotage du schéma des carrières de Corse) précise que la création de nouvelles carrières doit répondre aux besoins en matériaux de la Corse tout en permettant obligatoirement de 

  • préserver la biodiversité et les espaces naturels,
  • préserver la qualité des paysages et l’identité du patrimoine architectural,
  • limiter l’exposition aux risques et nuisances pour la population,
  • préserver l’état qualitatif et quantitatif des ressources en eau.

Or que constatons-nous ?

1 – Le massacre du paysage

Un impact visuel négatif majeur pour le site touristique de Sainte-Lucie-de-Tallano, entrée de la vallée de l’Alta Rocca, provoqué par cette carrière qui occupera plus de 7 hectares, avec la création d’une longue voie d’accès à forte pente. Conséquence irréversible.

Le site d’extraction est situé au voisinage du sentier de randonnée Mare a Mare sud, qui passera à quelques dizaines de mètres. Risques d’accidents possibles pour les touristes et randonneurs. Quid de la fréquentation touristique ?

2 – Des enjeux écologiques majeurs non respectés

2.1 – Fort impact sur des espèces protégées

Ce projet impact fortement la flore avec la liliacée protégée, l’urginée à feuilles ondulées, et la faune, notamment des espèces protégées : reptiles, oiseaux, chiroptères…et principalement la tortue d’Hermann, le phyllodactyle d’Europe (un gecko) et l’hospiton, papillon endémique d’intérêt communautaire

2.2 – De fortes expositions aux risques et nuisances

Des nuisances sonores lors de l’activité de la carrière, prévue de 7h30 à 16h30 les jours ouvrables, pour les riverains les plus proches et pour le faune. Bruits des engins de chantier, du broyage et du concassage, criblage des matériaux, sans oublier la noria des camions et toupies. Mais aussi une modification de la qualité de l’air par les poussières riches en silice qui seront émises et transportées par les vents dominants dans la vallée, sans oublier les poussières et gaz polluants liés à la circulation des engins et véhicules.

2.3 – Une augmentation conséquente du trafic

La production sera évacuée par des camions-bennes de tonnage élevé (semi-remorques). Le trafic sur la D69 et la route territoriale 4D jusqu’à Propriano sera très important, puisqu’il est prévu jusqu’à 41 camions par jour, soit 82 mouvements (allers-retours). Cela augmentera la dégradation du réseau routier non adapté et déjà en mauvais état, et multipliera les risques d’accidents, d’autant plus que cette circulation s’ajoutera à celle de l’autre carrière située à moins d’un kilomètre. Qui va prendre en charge le coût de réfection des routes ?

Si ce sont les seules collectivités territoriales, cela revient à faire financer par l’impôt payé par les contribuables corses une activité privée. En pratique, cela revient à subventionner de manière indirecte une société privée. 

2.4 – L’impact sur l’eau non pris en compte

On relève des contradictions dans l’étude d’impact qui indique qu’il n’y a pas de cours d’eau pérenne ou temporaire sur les terrains du projet. Or, fait aggravant, la présence d’un cours d’eau, l’Agnone, sur l’emprise du projet, est confirmée : « bassin de réception, résurgence, lit marqué et différencié, présence de matériaux roulés », constat de la DDTM effectué lors d’une visite le 12.08.2020.

Or le tracé de ce cours d’eau suit l’axe de la future exploitation !

En bleu : le ruisseau L’Agnone – En rouge l’emprise du projet de carrière

Dans ces conditions, le projet ne peut être autorisé : « les extractions de matériaux dans le lit mineur ou dans l’espace de mobilité des cours d’eau ainsi que dans les plans d’eau traversés par des cours d’eau sont interdits. » Article 3 de l’arrêté du 30 mai 2008 et article 11.2 de l’arrêté du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations des carrières.

En conclusion, ce projet cumule beaucoup trop d’effets négatifs. Il doit obligatoirement être rejeté.