Un projet et un PLU qui sacrifient quarante hectares d’espaces stratégiques agricoles.
Penisolu, « plein soleil », lieu-dit littoral de la commune de Coghja, attise les convoitises…
Un projet de grande ampleur, sur 40 hectares environ, un hôtel de 6 000 m2 de surface au plancher, 36 villas, un « noyau villageois » avec une place du marché, des commerces, des logements, une crèche et –évidemment ?– un golf de 16 hectares, est porté par des investisseurs luxembourgeois et prévu sur ces terres à fortes potentialités agricoles. L’ancienne municipalité, qui avait arrêté en 2012 et approuvé en 2013 son PLU*, avait prévu de rendre constructibles ces 40 hectares de terres agricoles notamment dans le but de pouvoir faire émerger ce projet. La nouvelle municipalité, malgré l’espoir d’un changement de cap radical annoncé lors d’une réunion, n’a fait, quant à elle, que poursuivre la politique de son prédécesseur en maintenant le PLU et ce projet.
Penisolu, bande littorale entre route et mer …
Le projet immobilier en cours :
Au regard des critères retenus par le PADDUC approuvé par l’Assemblée de Corse les 1er et 2 octobre 2015, la quasi intégralité de cette quarantaine d’hectares est cartographiée en tant qu’Espace Stratégique Agricole (ESA). Ces terres font donc partie des « célèbres » 105 000 hectares d’espaces agricoles théoriquement sanctuarisées… Un sanctuaire en béton ?
Au regard des critères retenus par le Schéma d’Aménagement de la Corse (SAC) de 1992, la quarantaine d’hectares est également répertoriée comme des terres agricoles de bonne ou très bonne potentialité (les zones AUQa et NF dans leur totalité et auxquelles s’ajoutent les parties non encore urbanisées des zones UC et UL1).
En classant ces terres à très forte potentialité agricole en zonages U, AU et NF sans que ce classement ne réponde à un besoin justifié en terme d’infrastructures, le PLU fait obstacle au maintien et au développement de l’activité agricole dans la commune. La présence annoncée d’une garderie bénéficiant aux « locaux », insignifiante compte tenu de l’étendue du projet, tente de servir d’alibi à la destruction de ces terres de forte potentialité agricole.
Penisolu est donc un espace caractéristique sur le plan agricole. Il doit servir à développer une économie productive et durable respectant pleinement les objectifs du PADDUC.
« En Corse, trois secteurs sont prépondérants : le tourisme, le BTP, et le secteur de l’administration publique. Cette situation génère un déséquilibre de notre économie où la création de richesses repose trop largement sur l’apport de revenus extérieurs, publics ou privés. C’est ce que l’on appelle « l’économie de la rente ». […] Dès lors, la diminution de notre dépendance passe par la valorisation de nos ressources et par conséquent par le développement d’une économie productive performante, durable et solidaire. » – p.48 et p.49 du Livret I – Diagnostic Stratégique Territorial du PADDUC
De jeunes agriculteurs du canton sont prêts à exploiter ces terres, à produire et à faire de cette terre une terre nourricière. Les moyens de produire doivent leur être donnés ; nos terres ne doivent pas être sacrifiées et bétonnées afin de servir l’appétit de quelques-uns. Elles doivent servir l’intérêt de la Corse.
En observant le rapport de présentation du PLU défendu par la commune de Coghja et le plan du projet, il est flagrant de voir la mauvaise foi de la municipalité, notamment la sous-estimation de la potentialité agricole des terrains et la contradiction entre le rapport de présentation qui ne parle que d’un « practice » (zone d’entraînement d’un golf) de taille réduite alors que la surface dédiée au golf fait 16 hectares, surface habituelle d’un golf « neuf trous »…
Rapport de Présentation (Tome 2) page 21 :
« Corsica Resort Invest », voici un nom magnifique qui résume la vision d’un avenir bétonné aux mains d’investisseurs dont la seule préoccupation est leur profit à grande échelle au détriment de l’intérêt de la Corse et des Corses.
*PLU attaqué en justice par U Levante et par la Chambre d’Agriculture de Corse du Sud.