Les associations de protection de l’environnement et de la santé unies au sein de la coordination TERRA sont aux côtés des usagers de cette plage ajaccienne pour dire NON au projet de l’État de concéder au profit de la CCI la mise en place et l’exploitation de 2 nouveaux coffres d’amarrage dédiés aux navires de grande plaisance dans le Golfe d’Ajaccio. C’est NON concernant tout particulièrement la mise en place, ici, Plage du LAZARET, d’un caisson d’amarrage pour mégas yachts (90 m) assorti de restrictions d’usage concernant les loisirs nautiques du 1er juillet au 31 août chaque année pendant 15 ans renouvelables.
Cette plage familiale, éden des véliplanchistes ou autres pratiquants de sport nautiques populaires comme le kayak, le paddle, le canoë, l’aviron…, une plage dévolue aux pratiques sportives coutumières et aux usages communs consacrés par le temps, se trouvera amputée de droits légitimes d’usage et de libre accès à la mer sur plus de 5 hectares d’emprise supplémentaire dans la bande des 300 mètres pour accueillir des mégas yachts de passage.
Baignades, utilisation d’engins propulsés par l’énergie humaine ou tractés, sports nautiques de vitesse seront interdits dans le périmètre des zones de mouillages de ces yachts du 1er juillet au 31 août chaque année.
C’est donc plus de 5 ha d’interdictions qui s’ajouteront aux vastes zones déjà interdites : le quai de dépotage des pétroliers et la Base navale en hachuré violet.
Parce que la Corse s’enferre chaque jour davantage dans un choix économique et politique d’un tout tourisme dévastateur sans parvenir à faire respecter les lois faute de moyens coercitifs.
Parce que l’État, les Élus et les gestionnaires de notre espace maritime ne font pas respecter les interdictions de mouillages aux 15 % de yachts de la flotte mondiale qui fréquentent nos côtes…
Les mêmes nous expliquent que pour “la sauvegarde de la biodiversité” il est indispensable de placer des tonnes de béton “éco-conçues” au fond de l’eau (45 tonnes) en dehors des zones portuaires et en limite des champs de posidonies pour accueillir davantage de yachts de 90 m en zone NATURA 2000 !!
Sous ce prétexte fallacieux de “protection de posidonies” on va encourager au contraire les grandes unités de plaisance extrêmement polluantes à venir dans le golfe d’Ajaccio pour y stationner, dérangeant un peu plus l’ensemble de la faune dont de nombreuses espèces sont pourtant aussi protégées que la posidonie.
Or dans un site Natura 2000 “zone spéciale de conservation”, il faut veiller à l’état de conservation des habitats et des espèces.
Pour pallier l’impuissance affichée de l’exercice du pouvoir de police dans les eaux littorales, il a donc été décidé de partir à la conquête de cette nouvelle clientèle, une véritable aubaine pour certains, sans tenir compte des conséquences délétères sur l’air et la qualité des eaux du Golfe.
Que « les droits coutumiers à la mer » de la population locale soient impactés au Lazaret, tant pis ! L’économie doit primer…
Ce mode de vie ostentatoire et prédateur sera accueilli avec complaisance par une offre adaptée aux desiderata de cette clientèle de luxe, au mépris le plus total d’une répartition équitable des efforts de sobriété attendus de la population locale.
La population perdra des droits d’usages et la qualité de ses eaux de baignade, la biodiversité subira les impacts dégradants induits, et les espèces invasives feront flores, détruisant au passage ce fragile écosystème indispensable à la vie.
Ces yachts de la démesure qui consomment de 500 à 2000 litres de combustible fossile à l’heure, catapultent de véritables bombes de dioxyde de carbone (CO² dans l’atmosphère déjà saturée de ce gaz à effet de serre qui ravage la planète et compromet la vie sur terre.
Bruits, lumières et déchets participeront, eux aussi, à cette profonde destruction irrémédiable, sans oublier que la pollution sonore sous-marine provoquée par la cavitation des hélices dévaste les plantes aquatiques devenues incapables de stocker le dioxyde de carbone, accélérant d’autant le changement climatique.
Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, il sonne comme une évidence l’absolue nécessité de plafonner les émissions de gaz à effet de serre, surtout en Corse qui n’a pas réussi à infléchir son impact environnemental.
Avec une hausse de 4,3 % entre 2020 et 2021, l’empreinte carbone des habitants de la région dépasse désormais,le seuil symbolique des 10 tonnes de CO²e/ habitant. (Source hellocarbo).
Dans cette étude :
Les transports et les achats publics responsables nous classent à la dernière place (13).
La production d’énergie se trouve à la même place que la santé environnementale (11ème).
Et bien que les valeurs environnementales et sociales doivent désormais structurer les politiques d’achats, la Corse semble poursuivre sa voie sur la ligne des « achats publics responsables » en investissant 521 000 € d’argent public qui participeront à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. L’étude réalisée à notre attention par Yacht CO² tracker le prouve :
Parmi ces yachts de luxe, la plupart naviguent sous pavillons de paradis fiscaux (39 sur 59) : 24 battent pavillon des Iles Caïman, 9 battent pavillon Maltais et 6 battent pavillon des iles Marshall).
Dans ces conditions, comment nos édiles peuvent-ils consentir à restreindre des droits citoyens par le financement de ces 2 coffres à hauteur de 521000 € d’argent public sur un fonds dédié à l’adaptation du territoire au changement climatique et à l’amélioration du cadre de vie ?
Comment ne pas souligner ce paradoxe, cette parfaite discordance dans l’utilisation du « fonds vert » doté de 2 milliards d’€ présenté le 27 août 2022 par Madame la Première Ministre pour accélérer la transition écologique et améliorer le cadre de vie ?
Comment accepter que la population subisse les conséquences de cette politique d’achats absurde qui favorise des pratiques de consommation énergétique fossile démesurée, aujourd’hui incompatible avec les engagements écologiques ?
Comment accepter en silence cette rupture caractérisée d’avec le monde social ordinaire qui en subira les conséquences désastreuses ?
Comment accepter qu’une poignée de décideurs prenne des décisions en totale opposition aux Droits légitimes des citoyens sur leur cadre de vie, eux qui luttent déjà pour survivre. Morale, Justice, Equité, sont des mots qui semblent avoir perdu leur sens, noyés dans le miroir aux alouettes d’un monde en décadence !
Pour toutes ces raisons accepter de concéder la gestion de ces 5,5 hectares de mer à la CCI pour la mise en place du coffre « lazaret » au détriment de la population locale nous semble a fortiori particulièrement inconvenant.
Aujourd’hui, nous attendons que les Lois environnementales soient enfin appliquées, que les navires mouillent dans les ports, que l’État renoue avec « l’action de l’État en mer », que des contrôles soient effectués et qu’ils soient rendus publics : le carburant des navires, le respect des sites, du milieu, la tranquillité de la faune sauvage.
Il n’est plus acceptable de laisser la seule « économie » primer sur les Droits de la Nature, des espèces, des citoyens et de leur santé, quel que soit le système économique en présence et les difficultés inhérentes.
Quant à l’utilisation du fonds vert, il faut sans aucun doute lui trouver un fléchage bien plus utile que de priver des citoyens de justes droits afin de pallier les carences (passées ?) de l’État.
Pour toutes ces raisons, nous espérons une décision forte, centrée sur une légitime nécessité de Justice sociale, accepter de renoncer à la mise en place de ce coffre « Lazaret » dans ce secteur de la ville d’Ajaccio, où la pauvreté est plus marquée et qui subit bien davantage les effets de la pollution des navires, de la centrale thermique d’EDF et de la circulation automobile, serait sans aucun doute perçue comme un signe d’apaisement.
LIBERTÀ PER I BAGNI ! A PIAGHJIA PER I CORSI !