Via Stella a diffusé un nouveau reportage sur Scandula le 6 septembre 2019, à voir et à revoir : https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/haute-corse/corse/reserve-scandola-scientifiques-tirent-sonnette-alarme-1718917.html
Les éléments scientifiques confirmant la réalité de l’atteinte portée au site de Scandola par la surfréquentation touristique, en particulier la baisse de population de balbuzards et de certains poissons (corbs) sont nombreux :
- Le Rapport établi par le Conseil de l’Europe en juillet 2018 relatif au renouvellement du diplôme européen des espaces protégés (lequel permet la labellisation Unesco). L’expert du Conseil de l’Europe conclut en ces termes :
« La fréquentation incontrôlée de la Réserve par les visiteurs de tous bords et la forte pression sur le milieu sont inadmissibles et incompatibles (a) avec les objectifs de la création de la Réserve naturelle de Scandola et (b) avec les termes de référence du Diplôme européen. Les effets dommageables sur la nature du site, ses écosystèmes, les espèces de flore et de faune qui lui sont propres ont été́ mis en évidence dans plusieurs études ; certains des effets de la fréquentation par les embarcations ne sont pas encore connus ou mal connus (par exemple, l’effet du bruit des moteurs sur la faune marine).
Il est indispensable de mettre en application au plus vite un règlement qui limite l’accès au site et qui permette de conserver les espèces de flore et de faune et les écosystèmes liés au site ».
- Le Docob des sites Natura 2000 du secteur «Calvi-Carghjese » de juillet 2019, qui identifie comme « enjeu de conservation fort ou très fort » le « dérangement des oiseaux lié à la navigation des navires/engins motorisés (stress engendré par les perturbations sonores, modification du comportement ».
- Le diaporama présenté par le Conseil scientifique de la réserve naturelle de Scandola le 1er juillet 2019 au comité consultatif de la réserve. Dans le chapitre 5, l’ornithologue du Conseil scientifique de la réserve naturelle, M. Olivier Duriez présente ses conclusions quant aux raisons de la baisse de la population des balbuzards. Par ailleurs, il est fait état, dans le chapitre 2 de la présentation, d’une baisse de moitié de la population des corbs dans la réserve, que le scientifique (M. Harmelin) attribue au dérangement par le bruit des bateaux.
- Un article paru en 2017 dans la revue scientifique Ornithos, cosignée par deux chercheurs du CNRS, un chercheur de l’université de Sienna et M. Dominici. Cet article présente les résultats d’une étude qui établit le lien entre la fréquentation touristique à Scandola et la baisse de population de balbuzards dans la réserve. Les prélèvements réalisés sur les poussins en période estivale ont révélé la présence d’un taux anormalement élevé de « l’hormone du stress », phénomène très vraisemblablement causé par le passage des bateaux dans le secteur. De fait, hors période estivale et hors secteur de Scandola, on constate un taux d’hormones significativement plus faible.
- Un article paru en décembre 2018 dans la revue scientifique Animal Conservation par divers auteurs, dont ceux du précédent article. Cet article conclut dans le même sens. L’article a été résumé comme suit sur le site du CNRS :
http://www.cnrs.fr/fr/reserve-de-scandola-en-corse-le-tourisme-menace-une-espece-doiseau-protegee
Un diaporama résumant cet article comporte des données sur le niveau de fréquentation des bateaux à proximité des nids en haute saison (400 passages par jour à moins de 250 m des côtes de Scandola).
- Un article paru en 2019 dans Sci. Rep. Port-Cros Natl. Park : Quel futur pour les baluzards de Corse et de la réserve naturelle de Scandola ?
- La thèse universitaire consacrée au balbuzard. Le chapitre 10 (p. 127 et suiv.) traite de l’impact négatif du tourisme sur les populations de balbuzard de la réserve de Scandola, résumé de la thèse, paru dans la revue Rapaces de France (« Un rapace cosmopolite mais menacé en Méditerranée »).
- Le rapport d’expertise du Muséum d’Histoire Naturelle sur l’impact des activités touristiques sur la reproduction du balbuzard pêcheur en Corse, 2018. Le Muséum conclut son rapport comme suit :
« En conséquence des éléments qui précèdent, on ne peut manquer de constater que la baisse drastique des poussins à l’envol est directement corrélée avec le développement des activités touristiques, particulièrement celles liées à la découverte des sites littoraux par la mer. L’augmentation, exponentielle de ces activités a été́ spectaculaire notamment au cours des cinq dernières années. A Porto, plus d’une trentaine de bateliers proposent des sorties en mer qui toutes visitent les abords de la Réserve Naturelle de Scandola ».
Compte tenu de ces éléments, l’impact négatif du trafic de bateaux sur la réserve est démontré depuis des années.