26/04/2024Classé dans : Actualités, aires marines protégées, Balbuzard, biodiversité, Corse, Non classé, réserve naturelle, Scandola

Réserve naturelle de Scandula : l’avis du Conseil National de la Protection de la Nature du 23 avril 2024

Le projet de décret qui modifiera la réglementation dans la réserve naturelle de Scandula devrait être rapidement soumis à enquête publique. Réserve naturelle soumise à une surfréquentation aux néfastes effets sur la conservation de son exceptionnelle biodiversité, la nécessité de sa protection passe, selon le CNPN, par une modification (durcissement) de sa réglementation. Modifier le décret est un impératif.

L’avis du Conseil National de la Protection de la Nature est tombé le 23 avril 2024.

https://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/avril-2024-avis-espaces-proteges-a415.html

La Commission Espaces protégés du CNPN recommande :

  • “la mise en place d’un zonage de « protection renforcée » autour des nids de balbuzards, dans le périmètre de la Réserve naturelle de Corse de Scandola, mais elle recommande que cette solution soit étendue à d’autres zonages hébergeant d’autres taxons à forte valeur patrimoniale.” (Trottoirs à Lithophyllum par exemple) ;
  • du 15 février au 31 août “une “interdiction de toutes navigations et activités” dans les “zones de protection renforcée (ZPR) sur les secteurs de 250 m délimités autour des nids de balbuzards” ;
  • “la mise en place d’une zone de protection intégrale (ZPI) dans la partie Nord-Ouest de la réserve (de l’îlot Palazzu à la pointe de Gargalu), en lieu et place de la ZPR n° 1 prévue, assortie d’une interdiction de toutes navigations et activités” ;
  • “la limitation de la vitesse de circulation des bateaux sur l’ensemble de la Réserve naturelle de Corse de Scandola à 5 nœuds maximum de façon à limiter les effets sonores et les phénomènes de cavitation” ;
  • la présence d’une « clause balai » dans le décret (article 18-2), permettant d‘ajuster, le cas échéant, ces modalités de protection en cas d’évolution de la situation (nouveau nid, abandon d’un nid, nouvel usage…) ;
  • le renforcement de la protection liée à la partie terrestre avec l’interdiction de toute circulation inscrite dans le décret (et non laissée à l’initiative des maires concernés).

Selon U Levante, en complément,

  • le chevauchement des quatre ZPR2 au nord-ouest de la réserve doit conduire à l’interdiction d’approcher de cette portion de la côte et tout particulièrement de naviguer entre la terre et l’île de Gargalu. Ceci est d’autant plus important que la reproduction a été « certaine » pour le nid sur l’île de Gargalu en 2022 (et elle est également certaine mi-avril 2024). Cette zone abrite également des grottes et de très beaux trottoirs à Lithophyllum ; 

Les exceptionnels trottoirs à Lithophyllum de Scandula (photographie JMD) :

  • il est nécessaire d’interdire le mouillage de jour comme de nuit dans la RN (excepté Elbo le jour) ;
  • des numerus clausus devraient être déterminés sur le nombre de bateaux de professionnels ;
  • il paraît nécessaire d’imposer aux bateliers (des gros bateaux comme des zodiacs) de disposer de systèmes audio personnels pour écouter les commentaires ou la musique et de leur interdire l’utilisation de haut-parleurs.

Rappelons enfin l’avis du CESECC contenu dans son “Rapport annuel de développement durable” daté de juillet 2023 :

“Concernant la biodiversité, le CESECC souhaite évoquer le cas de deux espèces emblématiques :

– Le balbuzard, à la fois espèce protégée et indicateur de qualité de la biodiversité marine, connaît des problèmes de reproduction manifestes qui perdurent, notamment du fait du dérangement des nids causés par le trafic maritime lié aux loisirs en mer malgré les mesures de suivi effectuées par le Parc naturel régional de la Corse (PNRC) et le parc marin du Cap corse et de l’Agriate. Selon le CESECC, cela met en lumière le besoin, au sein de ces aires marines protégées, d’une accentuation des contrôles du respect des arrêtés préfectoraux pris pour la mise en œuvre de zones de quiétude pour la protection des balbuzards.”

-Concernant le schéma territorial des espaces sensibles, le CESECC rappelle que le Conseil national de la protection de la nature préconise d’éviter l’existence de réglementations différentes sur le territoire, relatives à la protection des espaces naturels sensibles. (Ici l’actuelle R.N. gérée par l’État et la future R.N. gérée par la CDC)

Que sera l’avenir de la biodiversité à Scandula ?