Ùn sà mancu truvà u boie in l’aghja …
Dans la crise des déchets en Corse une fois de plus la classe politique ne voit pas plus loin que le bout de la plage et passe à côté des déchets qui s’amassent derrière la dune. Il existe bien une référence à la prévention des déchets dans le nouveau plan d’actions stratégique que s’est fixé le SYVADEC, mais l’objectif semble quelque peu sous-proportionné : la Corse doit mettre en place une politique pour baisser de 10 % la production de déchets entre 2015 et 2020. Pour cela, selon le Syvadec, “Les actions de prévention des déchets vont se poursuivre et s’accentuer notamment autour de 2 grands thèmes : généraliser à l’ensemble de la Corse le tri et le traitement des bio déchets et des déchets de jardin, promouvoir et inciter au réemploi à travers le soutien à la création d’un réseau de ressourceries sur le territoire.”
Mais pourquoi investir à la création de ressourceries alors qu’une solution beaucoup plus en amont serait encore plus simple en mettre en place?
PLAIDOYER POUR UN RETOUR A LA CONSIGNE
Le réemploi satisfait à la logique simple suivante : “le déchet le moins polluant est celui qu’on ne produit pas”. Cette solution n’a rien de révolutionnaire, c’est d’ailleurs celle qui a toujours prévalu lorsque les sociétés n’avaient pas suffisamment de ressources à portée pour se permettre de les gaspiller. La CONSIGNE, voilà un mot magique. Même si elle ne concerne qu’une partie de nos déchets, vue de l’extérieur notre absence totale de produits consignés est certainement la plus énigmatique de nos relations avec nos déchets. Et pourtant la Corse pourrait bénéficier à plein des bienfaits de la consigne. Elle présente déjà quelques circuits courts qui pourraient être la base d’une vraie économie circulaire si l’on veut s’en donner les moyens. Il fut un temps où la Corse avait imposé avant toutes les autres régions l’utilisation de sac de courses réutilisables (ce que remet en cause l’arrivée massive des “drives” et leurs petits sacs plastique certes consignés mais pas écolos pour autant). Pourquoi ne montrerait-elle pas, une fois de plus, la voie en ce qui concerne le retour de la consigne ? Les produits sont nombreux à pouvoir être éligibles à la consigne. Les eaux de source (Zilia, Orezza, Saint-Georges) dont on sait l’aberration de la mettre en bouteilles plastique, les bières, sodas et vins corses (dont le marché principal reste sur l’île), mais aussi pour les huiles d’olive, combien de possibles opérations de tri ou de déchets ultimes pourraient être évitées ! Et pour s’assurer de la logistique il faudra créer des emplois sur l’île, ce qui devrait être un programme particulièrement attrayant pour l’ensemble de ces acteurs dont la communication est souvent axée sur les valeurs et l’image de la Corse. Quels sont les acteurs de ces changements ? Quelles formes incitatives pour développer ces bonnes pratiques ? Qui devra mettre en place ces solutions ? Au risque de décevoir il n’y a pas de réponse simple à cette question. Les déchets sont le problème de toute société, et il faut donc traiter avec toutes les composantes de celle-ci si l’amélioration se veut significative et pérenne. Commençons donc par les consommateurs. Il est certain que si lors d’un achat, et même si nous sommes confrontés à des solutions viables telle la consigne, nous choisissons délibérément la solution de facilité qui est celle actuellement en place (bouteilles plastique… par exemple), rien de ce qui peut être mis en place n’atteindra pleinement son but. Il faut être sûr de parler de ces problèmes de société avec les personnes avec qui nous faisons société : voisins, villageois, amis, touristes, … Mais il est du ressort des collectivités d’informer ou de débattre avec les citoyens sur les sujets qui concernent tout le monde. Il est donc grand temps que ce débat soit mis sur la place publique. Ce n’est pas en faisant des réunions réservées aux élus que nous allons améliorer la situation. Ce problème concerne chacun, et chacun peut et doit y apporter une amélioration à hauteur de ses possibilités. Il semblerait tout de même qu’en terme de sensibilisation une action exemplaire vaut tous les discours. C’est pourquoi il semblerait qu’une action politique forte en direction des acteurs économiques permettrait d’amener de l’eau au moulin. On pourrait commencer par aider les producteurs locaux emblématiques tels que les producteurs d’eaux minérales ou de boissons alcoolisées à mettre en place une logistique de consigne. Peut-être cette filière peut être premièrement créée et évaluée autour de partenariats privilégiés comme le tourisme ou les collectivités. Au-delà du bénéfice économique de s’entendre entre ces acteurs, on pourrait penser à créer un label pour ces restaurateurs/hôteliers/cantines qui sont prêts à jouer le jeu de l’économie circulaire corse, sans compter l’incitation financière auprès des producteurs (pour l’installation et le fonctionnement) via le Syvadec qui aurait de facto moins de déchets à trier/traiter. Ce court texte ne prétend pas donner toutes les réponses au problème des déchets en Corse, mais seulement engendrer un débat qui fera émerger, nous l’espérons, de nouvelles alternatives. Nous encourageons ainsi tous les citoyens soucieux de cette problématique (et tout le monde devrait l’être…) à rejoindre le collectif Zeru Frazu pour augmenter encore les forces de propositions qui doivent rapidement amener à des solutions pour la gestion des nos déchets ! Ca presse …