Intervention de U Levante le 10/09/2022
Les principaux enjeux environnementaux actuels du chaos climatique en cours concernent la réduction de la pollution de l’air et des consommations énergétiques.
La sobriété est une application issue directement de ces recommandations.
Sobriété. Le mot est à la mode. Les conseils pleuvent et concernent tous nos besoins de base
Votre consommation d’électricité ? soyez sobre
Votre chauffage ? Soyez sobre
Vos déplacements ? choisissez le train, le vélo, le covoiturage, la marche …Soyez sobre
Votre habitation ? investissez afin qu’elle ne soit plus une passoire thermique
Ces justes conseils s’adressent à nous tous, les « Monsieur ou Madame tout le monde »
Avez-vous entendu un conseil du type
« vous qui possédez un yacht de 180 m de long consommant 2 000 litres de gasoil à l’heure et rejetant en conséquence des tonnes de CO2, laissez-le en cale sèche »,
« vous les armateurs des bateaux de croisière extrêmement polluants réduisez les voyages »,
« vous les habitués des déplacements en jets privés voyagez sur les lignes régulières » ?
Rien de tout cela. La sobriété ne concernerait donc pas cette catégorie de personnes. Pour elle aucune sobriété.
Rappelons que les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de près de la moitié des émissions de carbone. Ou que les 63, soixante-trois, milliardaires français émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population.
Toutes les actions de Terra ont un seul et unique but : l’urgence climatique, comment agir. Car oui, chacun d’entre nous peut agir.
Mais il est indispensable que nos décideurs contraignent également la minorité dont le mode de vie n’a que faire de la pollution qu’il engendre.
Ne considérons que la grande plaisance
L’auteur de Superyachts. Luxe, calme et écocide (éditions Amsterdam, 2021) rappelle que la seule flotte des 300 plus gros superyachts en activité émet près de 285 000 tonnes de dioxyde de carbone.
En Corse, en 2018 environ 2 000 unités grande plaisance sont venues en Corse ce qui représente 1/8 de la flotte mondiale, flotte en constante augmentation.
À qui fera-t-on croire que l’installation tout autour de la Corse, aux frais du contribuable, nous tous ici, de coffres d’amarrage
pour les luxueux yachts est une action en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique ? On demande au citoyen lamda de voyager moins et moins vite, or ces projets de coffres encouragent la grande plaisance internationale à voyager davantage et à venir en Corse. On demande au citoyen lambda de réduire sa consommation énergétique or la consommation moyenne de gasoil pour un « petit » yacht long de 70 mètres est d’environ 500 litres par heure : ces yachts qui voyagent beaucoup consomment d’énormes quantités de carburants et rejettent donc d’énormes quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère.
Ces coffres accentueront par conséquent le dérèglement climatique. La grande plaisance constitue un des facteurs aggravant le chaos écologique. La favoriser en Corse va à l’opposé de la nécessaire lutte contre le réchauffement climatique qui dérègle déjà la planète Terre et menace à court terme la survie de nos petits-enfants.
L’État nous prend pour des idiots. Pendant que les citoyens de deuxième classe sont invités à davantage de sobriété et à se serrer la ceinture, on encourage les « premières classes » grands pollueurs à se déplacer davantage en leur offrant sur un plateau les plus beaux sites de l’île. Hè una vergogna.
La CDC, et toute la classe politique corse doivent se positionner, s’opposer aux projets de l’État et refuser l’accueil hors des ports de cette grande plaisance. La Corse a besoin d’actions concrètes et non de discours. Sobriété ? Oui, mais pour tout le monde.