Surfréquentation à Ghjirulata/Girolata : un paradis perdu

Ghjirulata/Girolata, site emblématique : le désastre est déjà là !

« Surfréquentation » le mot est enfin prononcé par les autorités (Maire et Présidente de l’agence de l’urbanisme au cours de leur visite de Girolata le 6 août 2018).
Pour ceux qui ont connu Girolata « avant », avant le déferlement touristique, avant l’installation des pontons, le site classé méritait son label !
Une anse abritée, quelques vieilles maisons de pierre, une aire à blé, quelques barques de pêcheurs qui incitaient à la contemplation et non à la consommation.

Image Girolata en 1971

Ceux qui aimaient Girolata fuient le site. Seuls y viennent les touristes en arrêt forcé sur le chemin de la réserve naturelle de Scandula, par bateau, zodiacs surpuissants ou vedettes à passagers.

Site doté d’une station d’épuration très récente, les eaux de baignade sont pourtant les moins propres de tous les sites de baignade de Corse du Sud.
http://www.ulevante.fr/les-rares-plages-de-corse-ou-la-qualite-des-eaux-nest-pas-au-top/
Pourquoi alors ? la raison en est sans doute la très -trop- grande quantité de bateaux qui s’amarrent pour la journée ou la nuit ou ceux qui s’amarrent aux pontons pour y déverser leurs flots de passagers. Car leur nombre est impressionnant !

Girolata, le 3 août en fin de journée :

Girolata, le 7 août à 13 h 30

Girolata, le 7 août à 14 h 45 :

Des chiffres ?

Les navettes et les zodiacs marchands arrivent d’Aiacciu, de Calvi, de Puprià, de Galeria, de Portu, port qui compterait jusqu’à 30 armateurs ! Des comptages indiquent 35/40 bateaux de 12 à 200 places sur la plage horaire 12h/14h.

Au mois de juillet il y a eu jusqu’à 85 appontements en un seul jour et donc débarquements de vedettes à passagers sur une journée soit une estimation raisonnable de 3 000 personnes débarquant à Girolata ces jours là !

La capacité d’accueil est-elle dépassée ?

Des locaux pour poubelles ont dû être construits (en zone inondable : http://www.ulevante.fr/girulata-girolata-un-paradis/ … et leurs énormes quantités ont été stockées pendant des mois (et certains encombrants depuis des années) au-dessus de Girolata, comme en témoignent ces images prises en juin 2018 (même si le site a été nettoyé depuis) :

Et où ces touristes sont-ils accueillis ?

Si certaines des constructions anciennes ont été transformées en restaurant, des « paillotes » (restaurant, épicerie, pizzeria…) se sont développées en limite du DPM, paillotes pour lesquelles U Levante ne connaît ni autorisation ministérielle, ni permis de construire, ni passage (obligatoire) en Conseil des sites puisque Girolata est un site classé.

Image des « paillotes »

Image des paillotes et autres constructions régulièrement inondées

L’eau ?

À Girolata l’eau distribuée au robinet des habitants permanents n’est pas potable. Les analyses du 5 juillet 2018 indiquent “Eau d’alimentation non conforme aux exigences de qualité. La présence de germes en nombre important impose une surveillance renforcée.”

Sur le port, la même eau est vendue aux touristes 10 centimes le litre.

Des solutions ?

La pédagogie -il en faut- ne résoudra pas les problèmes !

Tant que des décisions de limitation du nombre de visiteurs, d’un quota de bateaux, ne seront pas prises, tant qu’on n’empêchera pas les gros bateaux de visite de Scandola de faire escale à Girolata pour déjeuner, tant que le code de l’urbanisme n’y sera pas appliqué, le site continuera à se dégrader et sa préservation sera impossible.

Ce n’est pas le chemin pris puisque, au contraire, dans le projet de mouillages par amarrage à des « coffres » des gros yachts ou des paquebots de croisière tout autour de la Corse, il est écrit que ce type de mouillage est prévu à Girolata !

Imaginez les milliers de personnes débarquant des canots mis à l’eau à partir de ces paquebots ! Le pire est donc à venir ! Car il est clair que quelques-uns tirent de gros bénéfices de cette surfréquentation et que, dans notre monde actuel, l’« économie » et la défense de quelques emplois (saisonniers) priment sur le respect de paysages exceptionnels, patrimoine de l’humanité tout entière.

Dans un état déjà très dégradé, Ghjirulata, qui fut un lieu de vie, semble hélas condamné à n’être plus rien d’autre qu’un lieu de passage ininterrompu.