Elle porte spécifiquement sur les impératifs de dépollution et de déminage du vallon de St-Joseph, ancien parc à mazout de la Marine nationale. Voici l’essentiel des observations de l’association.
Dans une correspondance en date du 1er avril 2019, l’Association U Levante avait adressé la synthèse de ses observations à l’issue de la concertation préalable sur le projet de liaison par câble Saint-Joseph – Mezzavia à Monsieur le DGA Équipement à la CAPA, avec copie à Monsieur le Maire d’Ajaccio.
L’essentiel de cette correspondance a été publié le 24 juillet 2019 sur le site de notre association : https://www.ulevante.fr/aiacciu-ajaccio-projet-de-liaison-par-cable-st-joseph-mezzavia-lavis-de-u-levante/
Si certaines de nos observations n’ont plus lieu d’être, compte tenu de l’évolution du projet du téléporté (déplacement de la station « Stiletto » à la demande de la DGAC, diminution significative de la consommation des Espaces boisés classés (EBC), l’une d’entre elles, relative à la dépollution des anciens terrains militaires de Saint-Joseph, nous semble conserver toute son actualité :
« Volet sécurité – Dépollution des anciens terrains militaires de Saint-Joseph – Avant toute mise en service d’infrastructures accueillant du public (parking, gare du téléporté, parc urbain), toutes les garanties relatives à la dépollution de l’ancienne emprise militaire devront être apportées à la population : cette question ne semble pas encore totalement « évacuée ». »
Le Parc à Mazout de la Marine nationale à St-Joseph
Dans les annexes de la documentation du PLU d’Ajaccio approuvé en novembre 2019 est recensée une Servitude d’utilité publique (SUP) relative à la défense nationale référencée AR2-2A0-004-01 intitulée « BATTERIE HAUTE D’ASPRETTO – CHEMIN D’ACCÈS », servitude créée en 1933.
Sur la carte annexée à la fiche de ladite SUP, est également représenté un « terrain militaire marine » légendé « PARC À MAZOUT DE ST-JOSEPH » (parcelle cadastrale actuelle AI13) :
Les photos aériennes de 1950, disponibles sur le site « Géoportail », font apparaître d’importantes infrastructures beaucoup moins visibles 70 ans plus tard. Ont-elles été démolies, remblayées ou envahies par le maquis ? Cf. illustration ci-après :
Les infrastructures Saint-Joseph et « Château d’eau » du futur téléporté.
Les infrastructures « ancrées » au sol telles que la gare 1 « Saint-Joseph », les pylônes 1, 2 et 3, voire la gare 2 « Château d’eau » et les pylônes 4 et 5, sont situées dans l’emprise de l’ancien « parc à mazout St-Joseph ». Cf. illustration ci-après :
Histoire d’enfoncer le clou… ou plutôt le pylône, il ne semble pas inutile de souligner l’importance des fondations nécessaires pour assurer la stabilité de chaque ouvrage (gares et pylônes) : à défaut d’indication précise quant à leurs profondeurs respectives, les illustrations « glanées » dans la Pièce n°5 « Caractéristiques principales des ouvrages » permettent de les « imaginer » !(Cf. illustration ci-après)
La documentation qui nous est proposée dans le cadre de cette enquête publique permet-elle d’apporter des réponses satisfaisantes à notre préoccupation exprimée en 2019 lors de la concertation publique ? : « Avant toute mise en service d’infrastructures accueillant du public (parking, gare du téléporté, parc urbain), toutes les garanties relatives à la dépollution de l’ancienne emprise militaire devront être apportées à la population ».
Le futur parc urbain.
La totalité du futur parc urbain, est à l’évidence située dans l’ancien parc à mazout.
Même si les aménagements prévus sont certainement plus superficiels (pas ou peu d’ancrage en profondeur de fondation de station ou de pylône), la documentation qui nous est proposée dans le cadre de cette enquête publique permet-elle, également, d’apporter des garanties satisfaisantes ? Cf. illustration ci-après :
« Terrain miné ? » (Intertitre dans un article de CORSE MATIN du 24 avril 2022).
Toujours sur le volet « sécurité », une interview récente de Mme Sophie Boyer de la Giraudet, directrice générale de la Société Publique Locale (SPL) Ametarra dans l’édition du 24 avril 2022 du quotidien CORSE MATIN a particulièrement attiré notre attention : en voici quelques extraits :
« Propriété de l’armée depuis l’entre-deux-guerres, le terrain accueillait un stockage de carburant pour les navires de guerre en cas de problème au port principal de Toulon. C’est dire sa fonction stratégique. »… « Terrain miné ? Nous allons recréer les berges et les revégétaliser, souligne Sophier Boyer de la Giraudet. Mais sur un terrain potentiellement miné, on emploie les grands moyens. Bombardé durant la Seconde Guerre Mondiale, la parcelle qui accueillera le parc et le téléporté devra être travaillée avec la plus grande précaution. Aucun coup de pelle mécanique ne se fera sans des sondages préalables et le travail de surveillance d’un bureau d’étude spécialisé en pyrotechnie. »
Compte tenu de ces derniers éléments, à savoir le « cocktail » pollution aux hydrocarbures et terrain potentiellement miné, l’exigence que nous avions formulée en avril 2019 doit impérativement être réactualisée :
Avant toute mise en service d’infrastructures accueillant du public (parking, gare du téléporté, parc urbain), toutes les garanties relatives à la dépollution et au déminage de l’ancienne emprise militaire devront être apportées à la population.
La documentation qui nous est proposée dans le cadre de cette enquête publique permet-elle d’apporter des garanties satisfaisantes ? C’est ce que nous allons examiner maintenant !
Examen de la pièce n°9 « BILAN DE LA CONCERTATION, AVIS ET DÉCISIONS OBLIGATOIRES » du dossier d’enquête publique :
En page 10/34, il est précisé que le Dossier de Définition de Sécurité a été validé par la préfecture de la Corse du Sud, laquelle s’est appuyée sur un certain nombre d’organismes publics. Ci-après la liste desdits organismes :
En pages 11, 12 et 13/34 de la Pièce n°9 est reproduit intégralement l’Avis favorable sur Dossier de Sécurité émis par la Préfète de la Corse-du-Sud, Josiane CHEVALIER en date du 31 décembre 2019.
Il ressort de la lecture de ce document qu’à aucun moment la Préfecture et les organismes publics consultés n’ont abordé la question des dispositions à prendre en matière de dépollution et de déminage de l’ancien parc à mazout de la Marine Nationale.
À ce stade nous ne pouvons que formuler un certain nombre d’interrogations.
- Il semblerait que le Ministère de la Défense réalise (tout ou partie) des travaux de dépollution : quel en est l’opérateur ? Quel échéancier ? Qui supervise la qualité et l’exhaustivité des travaux ?
- Le déminage, qui n’est, sauf erreur de notre part, JAMAIS évoqué dans l’ensemble des documents consultables dans le cadre de cette enquête publique, est-il également assuré ou assumé par le Ministère de la Défense ?
- Le Ministère de la Défense n’aurait-il pas dû être consulté et contribuer ainsi à la rédaction de l’avis préfectoral ?
- L’expertise du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) n’aurait-elle pas dû être sollicitée ?
- Mme Sophie Boyer de la Giraudet (Cf. son interview d’avril 2022) a précisé, voire s’est engagée, à ce qu’« aucun coup de pelle mécanique ne se fera sans des sondages préalables et le travail de surveillance d’un bureau d’étude spécialisé en pyrotechnie ». Comment ce volet de la sécurité peut-il ne pas être traité, d’une façon ou d’une autre, dans ce dossier ??
Examen de la pièce n°5 « CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DES OUVRAGES »: Extrait de la page 17/34 :
Le texte ci-dessus, associé à la cartographie des infrastructures des gares « St-Joseph » et « Château d’eau », n’apportent pas de réponses satisfaisantes aux questions posées plus haut :
- Il semblerait que le Ministère de la Défense réalise (tout ou partie) des travaux de dépollution : quel en est l’opérateur ? Quel échéancier ? Qui supervise la qualité et l’exhaustivité des travaux ?
- Le déminage, qui n’est, sauf erreur de notre part, JAMAIS évoqué dans l’ensemble des documents consultables dans le cadre de cette enquête publique, est-il également assuré ou assumé par le Ministère de la Défense ?
Examen de la pièce n°6 « APPRÉCIATION SOMMAIRE DES DÉPENSES » :
Il est précisé dans le texte ci-dessus que « le coût du terrain est estimé à 1 million d’euros, duquel sera déduit le coût de la dépollution du site ».
Cette formulation laisse entendre que :
- la dépollution du site (a priori les 7,87 hectares de la parcelle AI13) n’est pas réalisée par le Ministère de la Défense et le coût de la dépollution exposé par la Capa a vocation à être défalqué du coût d’acquisition. Cette formulation est donc en contradiction avec le texte cité plus haut, page 17/34 de la pièce n°5 !
- la logique voudrait que le coût de dépollution soit « contenu » dans une enveloppe inférieure ou égale à 1 million d’euros : aucune évaluation des travaux (consistance, étendue géographique,…) ne permet de vérifier la pertinence de ce « chiffrage ». Notons également qu’il n’est toujours pas question du volet « déminage » !!
Bien que « comparaison ne soit pas raison » il nous est apparu intéressant de citer un article paru dans la revue économique Les Échos en 2001 évoquant les frais de dépollution par GDF sur le site du Stade de France (ancienne usine à gaz) : https://www.lesechos.fr/2001/02/la-lourde-facture-de-la-depollution-709682
« plus de 60 millions de francs » soit une dizaine de millions d’euros exposés il y a une trentaine d’années !
À ce « Stade », nous nous contenterons de nous interroger sur l’enveloppe d’un million d’euros évoquée pour la dépollution de l’ancien « parc à mazout de St-Joseph »… sans parler des frais de déminage… les grands absents de ce dossier !