En France, le Woodwardia radicant, une grande fougère qui peut atteindre 1,50 m à 2 mètres, est présente dans un seul site : à Siscu où elle a été découverte en 1963. Elle y pousse en formant des touffes plus ou moins denses selon l’espace disponible. Ailleurs, dans le bassin méditerranéen, elle se limite à quelques stations en Algérie, en Crête, en Italie du Sud, en Sicile. En Corse elle n’existe qu’en un seul site du Cap Corse : le long des ruisseaux de Purcili et de Cipriaca (entre 125 et 230 m d’altitude).
CC-Serdio
Woodwardia radicans doit sa survie en Corse au cours d’eau de Siscu encore naturel et non aménagé. En effet, la situation topographique de ce site est telle que les crêtes protègent le ruisseau et ses rives des vents froids en hiver et des assèchements en été.
D’après les prospections complètes entreprises dans toute la vallée et les derniers recensements effectués en 1993-1994, cette unique population française comprend actuellement environ 90 touffes réparties en une dizaine de sous-populations, sur une longueur de 900 mètres.
Dans un passé proche, les effectifs étaient plus importants et les fougères s’étendaient beaucoup plus loin vers la mer.
La population isolée de Siscu est menacée par toute modification pouvant porter atteinte à son habitat.
Autrefois, dans ce secteur de la haute vallée de Siscu, les activités agricoles traditionnelles étaient importantes (ruines de moulins, de bâtiments, murets, arbres cultivés tels que figuiers, oliviers, noyers ou châtaigniers) or, aujourd’hui, le secteur situé en amont de la route traversant le ruisseau et qui abrite la moitié supérieure de la population de Woodwardia, est abandonné.
Dans la partie en aval, la population de Woodwardia est plus menacée. La proximité d’une route départementale qui longe le ruisseau dans ce secteur rend le site plus accessible qu’en amont et induit des nuisances ; diverses dégradations ont été constatées au cours des cinq dernières années :
• des décharges sauvages d’ordures et de gravats dans la rivière (mettant en péril les fougères poussant encore dans ce tronçon du ruisseau) • des travaux entrepris pour élargir la route ont détruit, en déversant des tonnes de terre dans le ruisseau, deux stations de Woodwardia situées juste en aval du pont. Dix touffes de fougère (recensées précisément en 1993) qui poussaient dans cette partie de la rive droite du ruisseau ont donc disparu en 1995, ce qui représente 11% de la population totale.
La proximité de la route et ainsi l’amélioration de l’accessibilité du site en voiture peuvent induire d’importantes nuisances, comme le déversement d’ordures dans le ruisseau, mais également la possibilité de coupes de bois abusives. En effet, des coupes de bois dans la ripisylve priveraient le milieu de son confinement et de l’atmosphère sursaturée en eau que l’on rencontre toute l’année dans ces boisements et engendreraient le dessèchement de ce secteur. Toute atteinte à la forêt riveraine serait fatale à cette fougère. L’important est de conserver le couvert arborescent continu. De plus, les pieds des fougères étant souvent au contact de l’eau, la qualité de celle-ci est sans aucun doute à maintenir.
Extrait des cahiers de l’habitat
http://natura2000.clicgarden.net/especes/1426.html#FR83
Statut de l’espèce
Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV
Convention de Berne : annexe I Espèce protégée au niveau national en France (annexe I)
Cotation UICN : monde : non menacé ; France : vulnérable
Télécharger l’arrêté de désignation du site Natura 2000. Crêtes du Cap Corse. Vallon de Siscu